Textes préparatoires aux assises II sur la logique collective, 2012

La logique collective : mettre à l’épreuve l’intransmissibilité de la psychanalyse.

Même si l’expression « logique collective » est très peu employée par Lacan, ce dernier n’a cessé de questionner et de poser des éléments concernant la définition et la spécificité de cette logique. « Le temps logique et l’assertion de certitude…», de J. Lacan 1945, est à ce propos un texte fondateur. En 1947, Lacan interrogera également et rendra hommage à la psychiatrie anglaise dans son texte « La psychiatrie anglaise et la guerre ». À partir de la fondation de l’École freudienne de Paris en 1964, chacun des actes de Lacan, qu’ils aient été la fondation elle-même, la proposition des cartels, celle de l’enseignement par les séminaires ou la parution de Scilicet, jusques et y compris l’acte de dissolution en 1980 (Jacques Lacan, « Lettre de dissolution », dans Autres écrits) rend patent le fait qu’il ait voulu proposer et transmettre autre chose que ce que Freud mettait dans sa psychologie de masse (S. Freud, « Psychologie collective et analyse du moi »). Enfin, l’invention de la passe n’est-elle pas elle-même la mise en œuvre exemplaire d’une telle logique ?
La psychanalyse se fonde sur l’expérience de la cure, l’enseignement et la théorie, mais elle est tout aussi bien exposée structurellement à « des déviations et des compromissions (J. Lacan, « Acte de fondation », dans Autres écrits). Ces glissements nécessitent une attention soutenue. De même, mettre au travail son désir de travail, c’est ouvrir et maintenir un espace de savoir qui vise la transmission.
Or, comment réussir cela si, comme le dit Lacan en 1978, la psychanalyse est « intransmissible » (Jacques Lacan, « Congrès de Paris de l’EFP », Lettres de l’École, XXV, juillet 1978) ? La logique collective ne serait-elle pas une réponse à cet impossible de la transmission ? Savoir ce qu’elle est et son enjeu, ce serait ouvrir la voie à des réponses essentielles : comment se réfère-t-on au savoir de l’autre et comment chacun d’entre nous fait-il en sorte que la logique collective ne soit plus marquée d’un sophisme, sachant que celle-ci pose d’emblée la nécessité de « donner au groupe les moyens de se mettre au travail sur ce qui le divise en laissant ainsi à l’analytique la possibilité de prendre le pas sur l’institutionnel (« L’association », collectif, Psychanalyse, n° 17) ? Enfin, comment ne pas mettre à l’ordre du jour les conséquences du discours psychanalytique quant aux civilisations et quant au politique ?

Nancy Barwell et Annie Castille. Septembre 2012.

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4 textes dans la revue PSYCHANALYSE N°25  

. Logique : du subjectif au collectif ? Élisabeth Rigal.

. Logique collective ? Un rapport véridique au réel. Thérèse Charrier.

. Logique collective et fonctionnement. Brigitte Gallot-Lavallée.

. Ou l’incomplétude, ou l’inconsistance. Jacques Podlejski.

1 texte dans la revue PSYCHANALYSE  N°26 La logique collective. Mettre à l’épreuve l’intransmissibilité de la psychanalyse.Propos recueillis par Ramon Menendez