Le 28 janvier 2009
Nous allons donc ce soir comme je vous l’ avais annoncé la dernière fois dire quelques mots des trois religions monothéistes, du moins c’ était mon projet initial. Mais, comme le titre que j’ ai donné ce soir à mon intervention vous le laisse entendre, je vais m’ attarder sur la figure de Marie si chère au christianisme. En fait je m’ y suis tellement attardée que le texte que j’ ai préparé est très très long et de plus il fait appel à une formalisation de Lacan qui pour certains d’ entre vous ne leur est peut-être pas familière, celle des discours. Donc nous allons prendre le temps et je m’ arrêterai sans boucler ce que je voulais vous dire de Marie et du christianisme et l’ introduction de l’ Islam que j’ avais faite et reprendrai une prochaine fois la suite de mon texte .Donc le texte prévu au départ , avant que Marie n’ y prenne trop de place dans un second temps ,commençait ainsi .
Les religions monothéistes, judaïsme, christianisme, Islam ,se soutiennent toutes les trois d’ écrits issus pour la plupart d’ une transmission orale. Ces écrits constituent Le texte sacré par excellence car chacun est dit être « la parole de Dieu » ou la contenir. Ces Ecrits ont comme objectif d’éviter la perte de ce qu’il y a à transmettre de la révélation divin. Pour reprendre un signifiant lacanien on pourrait dire qu’ils sont le lieu contenant une parole pleine par excellence pour le croyant, un dire sans faille donc, qui reste cependant à interpréter . Sans ici entrer dans les détails, ce qui n’est pas notre propos et nous entraînerait trop loin tant la chose est complexe et sujet à controverse, disons que le judaïsme et le christianisme ont en commun comme texte sacré la Bible dit ancien testament pour le christianisme auquel s’ajoute pour celui ci le nouveau testament,l’ Evangile. Pour l’ Islam le texte sacré est le Coran. Pour reprendre une expression du Coran ce sont les trois religions « du Livre ». A chaque Livre sacré s’ ajoutent d’ autres écrits qui fondent chacun à leur façon le dogme de chaque religion (comme le Talmud , Midrash et autres écrits rabbiniques pour le judaïsme , les lettres des apôtres ,Saint Paul en tout premier ,voire l’ apocalypse pour le christianise , la vie de Mahomet , textes de grands penseurs pour l’ Islam ( Tabari est celui que j’ai le plus souvent vu cité ) . On a donc pour chaque religion deux types de textes ceux de la croyance proprement dite et ceux qui la fondent en tant que religion .Sans ces « autres écrits » , les « écrits » premiers ne seraient que l’ objet de « la divagation » de l’ auteur ou de celui qui est à son origine , voire de sa fantaisie , de son imaginaire , enfin de ce que l’ on veut mais ils n’ auraient en aucun cas valeur de textes sacrés mais tout au plus valeur de mythes .
Signalons juste au passage que les signifiants Ecrits et Autres Ecrits, que j’ ai repris ici,sont des signifiants issus du judaïsme ce que m’ a fait découvrir ce travail . Que Lacan ait intitulé Ecrits le seul livre qu’il ait consenti à publier dans un forçage qui n’était pas de son goût et que Miller ait intitulé Autres écrits le livre qui rassemble les autres textes de Lacan, je dois dire que cela m’a fait sourire. Lacan n’a pas, à son dire même, choisi par hasard , on s’ en doute, de publier sous le signifiant Ecrits mais il ne nous dit pas pourquoi , pour le reste à chacun d’ en conclure ce qu’il veut !
Trois livres sacrés donc .Mais ces trois livres ont des structures très différentes. La Thora – bible et l’évangile sont des récits qui ont valeur de fictions, d’histoires . En témoigne par exemple le fait que quand j’étais petite fille si à la bible nous n’ y avions pas accès comme c’ est le cas pour tous membres de la sainte l’ église romaine, catholique et apostolique , ce dont Lacan issu aussi de cette lignée culturelle fait aussi état , nous avions un livre qui en donnait des passages sélectionnés qui s’ appelait « L’ histoire Sainte ». Quant à l’Évangile, le seul texte qui était par nous lisible en son entier , il est composé de quatre récits de la vie du Christ par quatre évangélistes qui racontent chacun à leur manière la même histoire. Chaque livre, Bible ou Evangile, suit un ordre chronologique où il est possible de se repérer dans le temps .Il y a un début et une fin ; entre les deux se déroule l’histoire. L histoire est bien sûr supposée véridique. Elle est ce que chaque croyant doit croire. Elle se pose donc comme une » vraie fiction », une histoire vraie, écrite au fil du temps. En tant qu’histoire elle peut être traduite d’une langue à l’autre et même si les traductions peuvent être l’objet de controverses, elles gardent au texte la valeur de récit sacré. gardent au texte la valeur de récit sacré.
Le Coran c’est tout autre chose. J’ y viendrai après avoir dit quelques mots de la révélation dans le judaïsme et plus de mots sur le christianisme puisque Marie va nous occuper, Et de plus , vous savez que c’est en position de Père que l’ une comme l’ autre de ces religions mettent Dieu ,ce qui n’ est pas le cas dans l’ Islam
La bible raconte donc, à partir de la création du monde par Dieu, sur laquelle nous reviendrons peut-être , comment celui ci va prendre la parole lors de la révélation . Il la prend au départ avec Abraham, père du monothéisme. Dans un premier temps il désigne celui qui se nomme encore Abraham, comme étant celui qu’il juge digne de conduire le peuple qu’Il s’ est choisi vers une terre promise qui sera son Royaume . Remarquons l’ambiguïté de ce terme : « cette terre promise », qui peut s’interpréter comme étant le royaume terrestre du peuple d’Israël aussi bien que le royaume céleste . Pour les chrétiens la lecture est sans ambiguïté puisque « le Royaume de Dieu n’ est pas de ce monde » dit l’ évangile. Donc la terre promise n’est pas interprétable comme un morceau localisable de notre terre ainsi nommée, c’est une métaphore du paradis . Pas besoin d’épiloguer davantage au regard de l’ actualité de ces derniers jours .
Dieu reprend la parole auprès d’ Abraham dans un second temps ,lors de l’ alliance , pour le nommer :
« On ne t’appellera plus Abram, mais ton nom sera Abraham car je te fais père d’une foule de nations .Je te fructifierai beaucoup, beaucoup, tu engendreras des nations, des rois sortiront de toi ». J’ai choisi cette traduction parmi d’ autres , malgré le fait qu’ elle heurte nos oreilles, car y figure le verbe fructifier .
Donc Dieu parle pour nommer Abraham, faisant de lui son élu. A sa suite il appelle Moïse en lui apparaissant sous la forme d’ un buisson ardent le désignant comme celui qui doit faire sortir son peuple d’ Egypte . Il me semble que l’ on peut dire que l’ appel de Moïse par le nom qui était déjà le sien à valeur ici de nomination par Dieu .Il fait passer ce signifiant disons quelconque qui désignait un vivant humain à la valeur de nom propre , nom propre auquel est liée une mission, comme il l’ a fait pour Abraham . A Moïse, de la lignée d’ Abraham, Il donne la Loi inscrite sur la dite « table de la Loi », les dix commandements pour qu’il la transmette à son peuple et la fasse respecter . Ce que je voudrai ici dégager en lien avec ce que je vous ai raconté la dernière fois , c’ est que Dieu sort de son mutisme ne se contentant plus de donner des signes de son mécontentement , de son contentement , de sa clémence ou tous autres états dans lesquels il est supposé être au regard de ce que ses créatures font ou sont , il s’ adresse directement à celui qu’il juge digne d’ être réellement son « agent » pour reprendre un signifiant lacanien , qu’il met donc dans une position d’ exception par rapport à tous les autres humains ,celle d’ être son élu , son prophète. Lors de la révélation, Dieu devient donc un être parlant ,c’ est là dessus que j’ aimerais d’ abord insister .En effet il me semble qu’ en parlant , Dieu perd de sa transcendance , il parle comme l’ homme , même s’ il n’ est pas incarné, mais il est ainsi définitivement dégagé de la position de la Chose qui primitivement aurait pu être la sienne, sur laquelle le judaïsme fait l’ impasse, comme je l’ ai soutenu la dernière fois et de ce fait le Dieu du judaïsme est dégagé de toute position ayant un rapport avec La femme et son élu ( le prophète) par là même .Il me semble que seul l’ Islam permet d’ élucider ceci . Ajoutons qu’ être Un être d’exception n’ est pas une position qui concerne La femme , La femme telle que la définit Lacan . La femme , ajoutons si elle existe ,ne joue pas dans cette cour là, on le verra .Ce qui n’ est pas le cas pour les femmes prises une par une , comme en témoignera Marie qui elle se rangera entièrement du côté de l’ exception .Mais une partie d’ une femme mais aussi bien d’un homme, peut échapper à ce registre du tout et de l’ exception de ce tout et s’ orienter d’ une certaine façon dans le champ de La femme . La femme ici, si vous me permettez ce trait, est la terre promise à laquelle nous arriverons peut-être si Dieu me prête vie !
Moïse vous le savez demande donc à celui qui lui parle quel est son nom, dans le contexte il demande en fait à Dieu de quel clan, de quelle tribu, de quelle lignée, si vous préférez, s’origine celui qui lui parle pour pouvoir en dire quelque chose à ceux de son peuple à qui il doit transmettre le message .On pourrait traduire par : quel est le nom du « patriarche »qui me parle, est-il assez renommé pour que sa parole soit recevable. A cette question de Moïse à Dieu « quel est ton nom ? » vous connaissez tous la réponse de Dieu traduite par Lacan par : « Je suis celui qui suis » que je traduirai bien par : un étant qui de parler est, parler le fait exister, le fait exister comme Verbe. Dieu ici est le Verbe.
Dieu dans le judaïsme est donc mis en position de père nommant mais il ne se nomme pas et de ce fait il n’ a pas de nom, il n’ y a pas dans le registre symbolique de signifiant pour dire le nom de Dieu , le nom de Dieu comme père est forclos de la structure du judaïsme . Il est alors dit innommable. Dieu ici est un être parlant sans nom ,n’ appartenant à aucune lignée humaine ou divine .Dieu , dit« l’ Eternel », est hors lignée , Verbe qui transcende toute appartenance à une lignée mais qui en nommant ses prophètes les instaure comme fondateur d’ une lignée humaine digne de lui .
Ce que Lacan appellera alors le NDP, soit le signifiant qui dit de quelle lignée on s’ origine et qui inscrit donc un sujet dans la génération ,sera dans le cadre de la bible , pour le peuple juif ,le nom de ou des élus de Dieu que la bible décline plus souvent qu’ à son tour : fils d’Abraham , d’ Isaac , de Jacob … pour ceux dont que je me souviens comme d’ une ritournelle .Le nom propre ici prend alors valeur de Nom du Père car à ce nom propre est rattaché une mission celle de faire respecter une Loi ou si vous préférez des idéaux en lien avec le nom de la lignée d’ appartenance .
Si Dieu nomme mais ne se nomme pas, personne ne peut donc ici se dire fils de Dieu ; on peut juste être fils de l’élu de Dieu qui reste donc le Un père sans nom. Peut-on dire Un père réellement réel ? C’est ma traduction de l’enseignement de Lacan. Les prophètes et Moïse en particulier qui est porteur de la Loi divine, agent de Dieu nommé par lui pour la faire respecter, est alors en position de conjoindre le réel du père au symbolique du fait de sa nomination par celui ci, il est me semble-t-il dans une position symboliquement réelle qui met donc en jeu l’angoisse.
C’ est là c’ est vrai que je suis un peu gênée aux entournures puisque l’ angoisse dont il s’ agit ici est l’angoisse de castration, celle qui est mise en jeu par l’ agent de Dieu en lien avec sa Loi .Or ce n’ est pas de cette façon que j’ ai situé les choses l’ avant dernière fois ,même si j’ ai un peu pris les devant en disant que ce dont je parlais au niveau de l’ angoisse c’ était de la vraie , l’ angoisse de mort .Or cette version de Dieu comme père fait de toute angoisse une angoisse de castration qui met un voile sur la vraie angoisse dont témoignent certains sujets psychotiques au ras de la clinique qui sont en prise directe avec l’ angoisse de mort où se joue la perte de leur identité en deça de la castration même .Il y a là dans cette version de Dieu comme père un déni de l’ angoisse de mort C’est bien le problème dont il me semble que l’ on retrouve les traces partout chez Freud . Être castré , symboliquement s’ entend, mais même réellement ou imaginairement , n’ a jamais empêché quiconque de vivre si ce n’ est certains autres sujets psychotiques ,paranoïaques en l’ occurrence ,comme en témoigne un Schreber . Je ne sais si Lacan s’ est aperçu de la chose ,je n’ ai pas à ma connaissance de référence lacanienne où l’ angoisse de castration serait différenciée de l’ angoisse de mort ,en tout cas cela me semble ne pas faire de doute au regard du décalage qu’il va opérer de sa lecture de Dieu , de « qu’ est ce que Dieu ? ».J’ y viendrai .A partir de là il définira alors le père comme un humain qui remplit une fonction. La fonction du père est celle de nommer l’enfant et de se nommer .Cette fonction est remplie par un homme qui consent à occuper la place que lui donne une femme qu’ il nomme sienne , celle de l’ homme dont elle désire qu’il soit le père .Cet homme se reconnaît symboliquement père pouvant ou non être le géniteur biologique de l’ enfant . De cette place il reconnaît l’enfant comme sien en le nommant, ce qui est signe de son amour et en se nommant il permet à l’ enfant une accroche dans la génération ,celle de l’ appartenance à une lignée symbolique.
« Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu » c’est ainsi que commence l’évangile selon Saint Jean , juif de souche et qui continue ainsi : « et le Verbe s’ est fait chair ». Dans le christianisme vous le savez, Dieu le Verbe , va s’ incarner en son fils par les voies d’ une femme , la vierge Marie, enceinte par « l’ opération du Saint Esprit »,c’ est à dire par un effet relevant du pur imaginaire. Sa grossesse lui est annoncée par l’ Ange Gabriel alors que la pauvrette n’a couché avec aucun homme. Pour répondre préventivement à une question dont je sais qu’elle va m’ être posée , le Saint esprit est une entité complexe car il a une double fonction, me semble-t-il , relevant de l’ imaginaire ,où il fait signe où il permet de donner sens au signe , suivant qu’il s’ articule au réel ou symbolique . Articulé au symbolique il produira du savoir comme en produisent certains prophètes qui habités par lui savent interpréter les signes. Or le fait que Dieu veuille un fils garde son mystère lors de l’Annonciation .Nous sommes ici me semble-t-il dans le registre de ce qui fait signe dans cette « opération du saint esprit « dont Marie se trouve enceinte comme lui annonce l’ange Gabriel.
Cet ange ne sera pas sans rapport avec notre sujet. De façon générale, il est le messager de Dieu dans les trois religions monothéistes, fonction, soit dit en passant, que conteste Lacan aux anges. (Encore p 24). Question : Quel est son sexe ? Dans la bible quand l’ ange Gabriel apparaît à David il le fait sous la forme d’ un homme robuste. Dans l’ annonciation à Marie, s’ il est dit qu’il lui apparaît, rien n’ est dit de la forme humaine qu’il prend et même s’il prend une forme humaine .Je me souviens avoir petite fille posé la question ,on me répondit « :sous la forme d’ une grande lumière » . Pudiquement donc est mis un voile dans le christianisme de la forme humaine de l’apparition de l’ange à Marie qui, juive pourtant, a comme référence l’ange de la bible. Le débat sur le sexe des anges dans le christianisme conclura que ce sont des êtres asexués ; donc il en va de Gabriel comme des autres et ils sont représentés par des formes humaines. Ce caractère asexué a toute sa valeur et il me semble que c’est le asexué de ce même ange que soutient l’Islam même si cela reste plus ambigu dans le discours courant autour des anges mais pas dans le Coran. Dire d’ un humain qu’il est un ange bon ou mauvais , bien que le mot « ange » ait une valence positive en opposition à démon qui est aussi un ange, le désexualise dans notre vocabulaire , en référence au christianisme en tout cas . C’est bien pour cela que notre mère pourrait bien en être un( d’ange) et que notre enfant en est un à coup sûr , enfin ce serait s’ assurer quelque confort qu’il en soit ainsi .
L’ ange qui apparaît donc à Marie, lui dit de nommer l’ enfant qu’ elle va porter « Jésus », qu’il aura un fabuleux destin et sera appelé « fils de Dieu » .La vierge Marie met donc au monde un enfant qu’elle nomme Jésus , un humain bien en chair qui parle au nom de son Père dont les affaires sur terre vont bien mal et dont il doit ,dés l’ âge de 12 ans ,s’ occuper au temple ,désertant son foyer où « un père nourricier » Joseph essaie comme il peut de faire bouillir la marmite en étant charpentier . Nous repérons qu’au moment de l’Annonciation faite à Marie, seul parle l’ange Gabriel . Dieu le Père reste muet comme l’est l’ Esprit Saint par l’ opération duquel s’est trouvée engrossée Marie et dont Jésus « le fruit de ses entrailles » sera le produit.
Cette métaphore « le fruit de vos entrailles » , enfant je me demandais bien ce que cela voulait dire .Dans la récitation quotidienne qui fut mon lot du « je vous salue Marie » , entre autres prières, figurait donc ce « Jésus le fruit de vos entrailles » .Un fruit je savais ce que c’ était mais le mot entrailles inusité dans mon vocabulaire quotidien gardait tout son mystère et le « le fruitdevosentrailles » avait quasiment valeur d’ holophrase pour moi , je le pensais comme étant un seul mot dont j’ ignorai le sens , comme d’ ailleurs beaucoup de phrases des diverses prières que j’ étais appelée à réciter .Je vous citerai le fameux ,enfin pour moi, « gémissantsouslepoids de mes péchés » , dont j’ ai fait état il y a quelques années, extrait du « souvenez vous » adressé à la vierge Marie . J’’ ai fini par traduire le « gémissantsouslepoids de mes péchés », un jour où l’ Esprit Saint me joua un mauvais tour , par : « j’ ai mis cent sous le poids de mes péchés » rattachant cela au cent sous, soit 5 centimes de l’ époque ,que ma grand-mère nous faisait mettre dans le tronc de l’ ange devant la crèche de Noël et qui de contentement remuait la tête .Ce n’ était pas entièrement satisfaisant mais ça pouvait donner un début de sens à la phrase en forçant un peu .Manquant d’ inspiration pour « le fruitdevosentrailles » je posai donc la question : « c’ est quoi ? » Il me fut répondu : » ça veut dire que la vierge Marie est la mère de Jésus » .Eclairage obscur , si je puis dire, n’ ayant par ailleurs aucune idée de ce que vierge voulait dire je pensai que c’ était l’ autre prénom de la dite Marie , je me contentai donc de la réponse ou peut-être ne voulais- je rien savoir de plus, en tout cas la réponse n’ éclaira pas pour autant le sens du « fruit de vos entrailles ». Nous traduirons donc bien des années après lacaniènement par : « c’est de ce ventre là et pas d’ un autre »(réponse de Lacan à Marcel Ritter 26 janvier 1975) ,du ventre d’une femme prénommée Marie qui était vierge que Jésus est né .
Puisqu’ici notre sujet est « qu’ est – ce qu’une mère ? » je vais donc m’ attarder sur cette figure de femme que nous offre le christianisme qui m ’est beaucoup plus familière , pour ne pas dire très familière , que peuvent l’ être les figures de Sarah et d’ Agar ,femmes légitime pour l’ une et illégitime pour l’ autre d’ Abraham, enfin c’ est ma façon à moi de dire les choses , dont Fethi Benslama trace le portrait dans son ouvrage et analyse les places . J’ai demandé à Emmanuel Lehoux , qui m’ a dit oui sans hésitation , s’ il voulait bien nous dire quelque chose de ces femmes une prochaine fois . En effet ce sont trois femmes particulières Agar , Sarah et Marie qui sont réellement à l’ origine des ces trois religions monothéistes , sans ces femmes pour donner un coup de main à Dieu , les trois religions monothéistes n’ aurait pas vu le jour .
Au détour de l’ histoire de Marie circulent deux questions que je n’ ai pas très bien dégagées dans ce texte en les différenciant mais qui y sont présentes , entremêlées l’ une à l’ autre.. L’une est : comment devient-on mère ? Et l’autre : quelle mère est-on quand on l’ est devenue ? Il y a sans aucun doute une interdépendance de ces deux questions dont témoigne ce texte, en arrière fond, où ,me semble-t-il la mère ,que l’on sera est en lien avec la façon dont on l’est devenue, pour le reformuler .
Nous dirons donc pour Marie, en lien avec l’ histoire ,que si c’est de ce ventre là et pas d’ un autre que Jésus est né, ce n’ est pas parce que Marie désire quoique ce soit mais parce que c’ est la volonté de Dieu à laquelle elle consent de se plier .« Je suis la servante du seigneur, qu’il soit fait selon votre parole » répond-t-elle à l’annonce de l’ange Gabriel. Elle consent à être l’ utérus que Dieu s’ est choisi pour avoir un fils , « mère porteuse » très particulière pour reprendre le signifiant actuel car c’ est d’ un pur esprit qu’ elle est enceinte sans que soit en jeu un acte de chair avec un homme où elle aurait pu avoir un tant soit peu de plaisir voire du déplaisir ; il n’ y a même pas un petit un spermatozoïde anonyme qui se mêle à l’ affaire .De comme celle -ci il n’ y en a qu’ une : elle est l’ héritage que lègue le christianisme aux femmes mais aussi aux hommes . Il introduit par les voies de cette figure emblématique de la Vierge Marie une position où la femme ne se définit que comme mère , comme toute mère , évacuant la question de la femme hors de la maternité posant une stricte équivalence entre femme et mère c’ est un premier point .Et ,second point, pour Marie, cette position d’ être toute mère ne lui donne aucun savoir ,car d’ emblée Marie est privée , réellement privée , de tout savoir sans que pour autant ce savoir soit du côté d’ un homme qui en jouirait . Il est clair que Saint Joseph , représenté par un vieil homme, pas lubrique du tout c’est le moins que l’ on puisse dire dans l’ iconographie chrétienne , n’ est pas l’ homme du désir de Marie pas plus qu’il n’ est jouissant dans l’ affaire ; il n’ occupe pas la place de père imaginaire , homme de paille dans l’ histoire, puisque du moins dans la religion catholique, Marie restera Vierge . Joseph consent à être cet homme de paille sans jouissance mais aussi sans désir . Dans un premier temps il ne veut pas épouser Marie à qui il est fiancé, la sachant enceinte, pas de son fait , ce qu’il fait à la suite de l’ ordre qui lui est donné par un ange de Dieu lors d’ un songe .Freud n’ étant pas là pour interpréter son rêve , ce n’ est pas un homme de jouissance ni de désir que nous présente l’ évangile qui a déjà évacué l’ énigme du désir de Marie puisqu’ elle n’ en a pas . L’un comme l’ autre œuvrent pour la jouissance de Dieu . Ce qui leur arrive c’est par la volonté de Dieu .
Mais de cette position Marie va cependant tirer un bénéfice. Lors de l’Annonciation l’ ange Gabriel s’ adresse , dit le texte, à une vierge , nommée Marie . Des vierges nommées Marie il peut y en avoir un certain nombre, un nombre indéterminé. Elle est là en position d’être une femme anonyme , qui ,comme femme, n’ existe pas , femme sans signifiant pour être dite dans sa différence parmi toutes les Marie du monde .Mais ce signifiant qui lui manque pour exister comme femme elle va le trouver par les voies de son fils et non par les voies d’ un homme aimant . Sans aller plus avant dans ce que l’on pourrait appeler la clinique du cas de Jésus , c’est bien là tout le problème que celui ci résoudra à sa manière. C’est en étant la mère de Jésus que cette Marie là est différentiable de toutes les autres Marie, elle devient une femme ,« bénie entre toutes les femmes », une femme extraordinairement particulière .Elle est l’ exception qui confirme la règle qui ici dit que toute femme doit coucher avec un homme pour être enceinte .
Elle bat d’une bonne longueur le président Schreber qui quelques siècles après se situe ,dans un temps avenir , asymptotique , à cette place là dans son délire, sur un autre mode puisque les enfants que Schreber fera à Dieu après sa transformation en femme auront l’ esprit schrebérien . Ici pour l’ enfant de Marie le nom d’aucune lignée terrestre n’ est en jeu du moins dans ce que gomme le christianisme . Car Joseph est de la lignée de David ce que dit l’ évangile donc d’ Abraham et l’ ange a prédit que Le seigneur donnera à Jésus le trône de David son père . Quand même ! Je ne voudrais pas chipoter mais Jésus est-il fils de Dieu ou fils de David ou alors David est-il Dieu ? Il faut savoir ! Mais vous ne le saurez pas car ce lignage par Joseph qui dans l’histoire de Jésus et de Marie et des premiers juifs chrétiens a peut-être eu son importance n’ en a aucune pour le christianisme qui a plus que tenté de se débarrasser de ses origines juives . Jésus est fils de Dieu qui n’ est pas David , croyez et ne chipotez pas . Je fais cette remarque pour ceux qui étaient présents à l’assemblée de Paris du 10 janvier 2009 où à la suite de l’exposé de Laure Thibaudeau sur le président Schreber la question de La femme ou d’une femme pour Schreber fut avancée par Pierre Bruno. Je suis d’ accord avec lui qu’il s’agit d’une femme et non de La femme, à sa façon Marie en témoigne mais à contrario d’un Schreber .On peut dire en effet que pour Marie, être une femme extraordinairement particulière, cela lui arrive avant qu’elle n’ait eu le temps de dire ouf alors qu’à Schreber cela lui arrivera dans un temps infiniment long .J’ ai saisi ici le « extraordinaire « mis en valeur par Laure Thibaudeau .
Pour Marie il me semble que le signifiant Jésus joue pour elle le rôle du signifiant qui réellement lui manque comme femme pour exister dans le monde, le signifiant phallique qu’incarne son fils (La barré flèche vers Phi dans le tableau de la sexuation). C’est l’incarnation par Jésus de ce signifiant qui ici est particulièrement problématique. Jésus n’est pas le nom de celui qui est supposé avoir le phallus qui manque à la mère, il est réellement ce phallus.
Marie n est pas la fille de… ou la femme de…, elle est la Mère de Jésus où ce « Mère de Jésus « qui s’ajoute à son prénom fait de « Marie Mère de Jésus » me semble-il, fonction de nom propre pour elle et la distingue des autres humains. Elle devient une femme différente de toutes les autres femmes.
Après l’ Annonciation , Marie sera donc mère dans les neuf mois qui suivent par la volonté d’ un Dieu qui pour elle reste muet mais dont l’ ange Gabriel se fait le messager, sans pour autant avoir le moindre savoir .
A la suite de ce que je viens de vous dire ,je vais tenter maintenant de vous montrer comment, pour Marie, on peut lire ce qui relève de l’ ignorance ,de la science ,de la haine et de l’ amour dans la place qu’ elle se donne dans l’ évangile ou plutôt que lui donnent les évangélistes et à leur suite de façon générale dans le christianisme , les fondateurs du dogme .
Je vais le faire à l’ aide d’ un outil formalisé par Lacan qui s’ appelle les quatre discours qu’il nomme le discours du maître , le discours de l’ hystérique , le discours universitaire et le discours de l’ analyste .Ces discours sont ceux qui permettent de faire lien social , ils déterminent un certain mode de vivre ensemble où il est possible de passer de l’ un à l’ autre . Ils font chacun à leur manière halte à la jouissance qui ,elle ne permet pas le lien social . En terme de passions , j’ insiste , je parle là du registre des passions ,l’ amour ,la haine ,l’ ignorance et la science ne font pas lien social . Ces passions sont ,me semble-t-il, articulées à un autre type de discours que j’ appellerai : les discours de jouissance , qui , comme je vais le proposer ,sont aussi au nombre de quatre. Parmi ces quatre discours de jouissance Lacan en a écrit un qu’ il a nommé discours capitaliste et que j’ ai débaptisé pour en donner une extension possible , j’ espère qu’il me pardonnera . Il l’ a écrit à partir du discours du maître, les trois autres sont de mon cru .Donc pas besoin de vous dire que j’ avance sur la pointe des pieds .C’est ici juste une première approche très très succincte , pas très bien foutue, juste en toutes petites touches car ces discours quand ils se présentent dans le champ de la névrose , de la perversion ou de la psychose ont des conséquences différentes . Je me saisis donc du cas de Marie pour cette première approche, cette Marie dont je porte le prénom d’ une façon claire et dont un certain Jacques -Marie Lacan n’ a rien dit à ma connaissance .
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Discours de la science et de l’ignorance
En ce qui concerne l’ origine de sa maternité le christianisme fait incarner à Marie la parfaite figure de celle qui tient un discours que j’ appellerai ici le discours de l’ ignorance dans cette position de la dite « servante du seigneur » où elle se met. Mais dans l’avant de cette réponse de Marie, a fonctionné par les voies de l’ange Gabriel un discours qui ne va pas sans le premier, celui que je repèrerai comme étant celui de la science .Ici on peut dire la science de l’ange Gabriel, du moins celle dont il est le dépositaire comme messager de Dieu.
On notera dans un premier temps que ce n’ est pas Marie qui choisit le prénom de son enfant , ce qui est le plus souvent le fait de la mère .(par exemple :cf Zacharie et Elisabeth dans l’ évangile) Il me semble que dans ce choix du prénom est en jeu,chez la mère , quelque chose de son désir , disons inconscient , de la place qu’ elle donne à l’ enfant dans son imaginaire . Pour ne pas rabattre tout du seul côté de la mère, ce dont on ne se priverait pas de me faire reproche , le choix du prénom peut aussi se lire comme le point où les deux désirs inconscients celui de la mère et du père peuvent se rencontrer mais aussi comme le consentement du père à ce que quelque chose du désir de la mère lui échappe à travers ce choix qu’ elle fait du prénom de son enfant . Il y a bien sûr de nombreuses variantes sur ce thème qui est loin d être mineur comme par exemple l’ usage d’ un surnom qui dans le contexte familial fait fonction de prénom ou l’ usage du deuxième prénom de l’ état civil. Ici c’est l ’ ange qui dit à Marie comment nommer l’ enfant et il lui dit ensuite quel sera son avenir . Au niveau de la clinique de Marie on peut dire qu’ici par le dire de l’ ange Gabriel, il y a un retour dans le réel du désir de Marie au regard de son fils où ce désir est forclos ; elle n’ est pas symboliquement sujet de son désir . L’ ange est le maître imaginaire , ici réellement imaginaire , qui parle et émet un savoir sur l’ enfant à venir , il lui dit comment elle doit le nommer et comment il sera nommé et Il produit un savoir sur l’ objet (a) qu’ est le futur enfant de Marie , la dépossédant de tout désir qui lui serait propre .C ’est ce à quoi s’ oppose fermement l’ hystérique elle qui met en échec le discours de la science ne voulant pas être dépossédée de son désir même si consciemment elle l’ ignore .On pourrait écrire me semble-t-il le discours de l’ ange , le discours de la science de l’ ange, ici, en inversant le S barré et le a du discours hystérique . Ce discours de la science on peut l’articuler bien sûr dans le champ de la dite science mais aussi dans d’autres champs .En dehors du champ fantasmatique du petit doigt de la mère ou du père , il est aussi celui du maître imaginaire asexué, qui sait tout de son enfant , place que peut donc tenir aussi bien un père qu’ une mère . Je vous citerai , à l’ extrême ,cette mère psychotique , plutôt diabolique , dans la toute puissance ,qui en désaccord avec l’ interprétation que donnait une équipe éducative face à un acte délictueux de son enfant dit : « c’ est mon enfant je sais tout de lui ». On peut aussi ici évoquer le père mais la mère d’un Schreber et ses persécuteurs mis en place dans son délire .
Ce discours de la science , tel que j’ en propose l’ écriture ,Lacan ne l’a pas écrit , je dirai volontairement ,mais il figure dans le séminaire L’ insu du 8 mars 1977 .Lacan raconte qu’ il revient de Saclay , ce haut lieu de la science , dans la minute qui suit il veut écrire le discours de l’ analyste et il se trompe et ce qu’il écrit c’ est ce que je propose d’ écrire comme étant le discours de la science .Jacques Alain Miller le reprend et il rectifie ,on ne saura donc jamais quels commentaires il aurait pu faire de ce qu’il venait d’ écrire. Dans la séance qui suit il répond à ce que certains appellent un lapsus de sa part, que ce n’ est pas un lapsus mais une grossière erreur .Si en effet ce que j’ avance n’ est pas trop farfelu ,écrire le discours de la science à la place du discours de l’ analyste c’ est vraiment une erreur si cela définit la position de l’ analyste . Question : n’ est ce pas cette erreur que Freud a faite avec le petit Hans quand il lui dit : »Bien avant qu’il ne vint au monde , j’ avais su qu’ un petit Hans naîtrait un jour qui aimerait tellement sa maman qu’il serait par la suite forcé d’ avoir peur de son père » commentaire de Hans » Le professeur parle-t-il avec le bon Dieu pour qu’il puisse savoir d’ avance » ( cinq psychanalyses , puf , p 120 ) ? Freud prend ici dans son imaginaire la position de l’ ange Gabriel messager de Dieu pour Marie ; c’ est bien ce que lui renvoie le petit Hans .Freud a fait fonctionner de façon remarquable, me semble-t-il, ce discours de la science , de ce qui serait la science analytique si la psychanalyse était une science . Alors que je n’ en étais pas à ma première lecture de l’ Insu ,ces jours ci j’ ai vraiment regardé ce que Lacan avait écrit à la place du discours de l’ analyste et je dois dire que j’ en suis restée interloquée .Moi qui gardais dans ma poche depuis quelques années ce discours entre autres ne voilà t- il pas que je le reconnais écrit par erreur par Lacan . C’est vrai que je me suis demandé souvent pourquoi ayant écrit le discours capitaliste tel qu’il l’ avait fait , Lacan n’ avait pas fait de même pour les autres qui alors coulent de source en faisant tourner les places des lettres en suivant les flèches du discours capitaliste où l’ on retrouve alors les trois autres avec une inversion de l’ agent avec la vérité .Je ne peux pas répondre a sa place , je peux bien sûr me lancer dans une interprétation qui dirait qu’il l’ a fait ,du moins pour lui et que cette erreur en témoignerait mais il n’ est plus là donc ….Il n’ a pas ,par ailleurs , beaucoup commenté le discours capitaliste qu’il a écrit en 1972 à Milan et il a tenté de construire un autre outil , les nœuds, pour rendre compte , au plus près, de la clinique . L écriture des discours ayant, c’ est vrai, leur limite ,en particulier celle de ne pas dégager très clairement ce qu’il en est du R, S ,I et de leur mode de couplage dans la place qu’ occupent les différentes lettres , mais je trouve en ce qui me concerne que c’ est un outil très précieux et je m’ en sers comme je peux .
Donc en réponse au discours de la science de l’ange , Marie va répondre par un discours celui que je nomme le discours de l’ ignorance . »Je suis la servante du seigneur qu’il en soit fait selon votre parole » comme parole d’ignorante il n’ y a pas mieux. Elle met au monde un enfant qui sera l’ objet qui manque à un Dieu sans nom pour sa jouissance et s’ il y a du savoir dans l’ histoire en ce qui concerne la maternité de Marie il est du côté de cet Autre imaginaire du savoir qu’ est le Saint Esprit qui ne lui en dit mot mais le met en œuvre pour produire l’ enfant .Marie ici fait réellement fonctionner un discours que certains ont peut-être identifié comme étant celui que Lacan nommera le discours capitaliste , que l’ on peut lire aussi de différentes façons, suivant le champ dans lequel on l’utilise, que je nomme quant à moi dans ce lien particulier, ici ,d’ une mère à son enfant , le discours de l’ ignorance mais dont le discours capitaliste ne rougira pas malheureusement que je lui donne aussi ce nom .Le capitalisme tel qu’il fonctionne aujourd’hui met réellement en œuvre ce discours , car Il y a , me semble-t-il , à faire une différence entre un discours et sa réelle mise en œuvre .Il me semble, en ce qui concerne ces discours de jouissance ,que c’ est la mise en acte de ceux ci qui constitue la vraie mauvaise rencontre .En effet il me semble que sous les discours qui font lien social dont la mise en œuvre possible relève de la fonction du père , qui vient faire halte à la jouissance ,courent toujours les discours des passions, dont la psychanalyse délivre le sujet .C’est en tout cas ce que je tente de soutenir dans ce séminaire . Avec le capitalisme la vraie mauvaise rencontre est au rendez vous tous les jours, la fonction du père tendant à se dégrader de jour en jour . Donc, dans le discours du maître, le S barré s’inverse avec S1. Ici Dieu est en position de S barré comblé par Jésus en a , Dieu est sans nom , il n’ est représenté par aucun signifiant ; ,le S1 passe sous la barre .Lacan lit cette inversion comme forclusion de la castration c’est à dire que le signifiant du désir , le signifiant phallique « qui s’ incarne tout aussi bien dans un S1 » ( Encore ) que je traduirai par qui nomme celui qui l’ a et le met alors en position de maître , est ici hors du champs du symbolique ,S2 est le savoir de l’ Autre imaginaire , le Saint Esprit qui produit l’ objet a jésus . Si Marie tient dans l’évangile le discours de l’ignorance, en dehors du surnaturel ici en jeu, on pourrait aussi y lire que la jouissance ici attribuée à Dieu est en fait celle de Marie la non nommée, non reconnue, par un homme aimant qui le met en œuvre sur un mode psychotique c’ est à dire réellement et non imaginairement . Il peut se décliner ce discours de façons différentes d’ une histoire à l’ autre comme par exemple celui de ces mères au désir anonyme , pour qui aucun homme nommé , non repérable par l’ enfant , n’ est porteur de l’ objet de leur désir et pour qui l’enfant est l’ objet de leur jouissance produit par un Autre imaginaire du savoir jouisseur , que le père de l’ enfant peut aussi bien incarner mais qui est sans nom . Les exemples pour les cliniciens ne manquent pas.
Discours de la haine et de l’amour ….à suivre
