1er juillet 2014
Séminaire Le Mans : de la jouissance à la pulsion
Pour commencer je ferai un tout petit bilan personnel du séminaire de cette année. La formule qui m’est venue en parlant avec Emmanuel est celle d’une insatisfaction satisfaisante. Il fut en effet marqué du sceau de ce que j’appellerai l’inconfort, qui, d’une certaine façon, est aussi le propre d’une psychanalyse. Cet inconfort fut aussi bien, je pense, de notre côté que du votre , en lien avec différents facteurs.
En dehors du concept même que nous tentons d’explorer, celui de pulsion , l’un des concepts psychanalytiques les plus inconfortables qui soit, me semble-t-il, cet inconfort fut aussi du aux aléas des dates dans nos interventions. Quand le réel frappe à la porte le mieux, nous a-t-il semblé, est de ne pas le dénier mais de lui laisser sa place, de faire avec le mieux que l’on pouvait, position où s’inscrit d’une manière générale notre refus de nous installer, autant que faire se peut, d’une façon surmoïque dans une programmatique bien huilée à laquelle il ne faudrait pas déroger, coûte que coûte. Se plier aux injonctions du surmoi ça coûte cher, jouissance mortifère s’il en est, sans horizon !
Un autre facteur d’inconfort fut aussi notre intervention à trois dans ce séminaire, malgré le temps libre que cela pouvait donner à chacun qui pouvait satisfaire sa « fainéantise ». Ce trois casse ce qui aurait pu faire semblant d’harmonie dans le couple que nous formons Emmanuel et moi depuis quelques années dans la tenue de ce séminaire. L’harmonie dans le couple chacun sait que ça n’existe pas, si ce n’est à l’ombre d’un idéal fantasmatique toujours mis en échec et j’ai souri en écrivant la phrase précédente, que j’ai mis par ailleurs au conditionnel. En effet qui nous a suivi dans nos élaborations des années passées n’a pas du être frappé par nos rapports harmonieux dans la mise en jeu d’un certain savoir en lien avec la psychanalyse. Je dirai, au plus juste, en lien avec notre psychanalyse, la notre qui n’ est pas la même, et qui n’est pas celle du voisin. Ce savoir, si harmonie il y avait , irait dans le sens d’une complétude où le savoir de l’un viendrait compléter celui qui manque à l’ autre ,supposant ne pas laisser pas de vide dans le savoir. Mais il en va là plutôt d’une décomplétude, pas très confortable, mais qui laisse une place possible à l’émergence du savoir singulier de chacun, savoir supplémentaire. C’est ce qui d’une année sur l’ autre a permis la relance de notre travail mais où sans doute pour vous un certain inconfort a pu en découler car notre abord de la chose analytique est différente , même si l’ on est sensé traiter du même sujet. Et voilà qu’un troisième compère nous a fait l’amitié de se joindre à nous, disons officiellement cette année ! Polyphonie assurée, dont j’ espère vous avez fait ou ferez votre miel.
Nous sommes donc à ce jour deux plus un, je dirai volontiers deux frères plus un, ne présumant pas dans cette formulation qui de nous trois serait le plus un en question , quant au signifiant frère qui aurait une pente nette à m’«hommoïser», si vous me permettez ce néologisme, il me semble bien venu dans un contexte où Emmanuel rappelait, lors de sa dernière intervention, que pour les parlêtres que nous sommes la jouissance est phallique. Petite entourloupe aussi que cette formulation qui avait pour fonction de tenter de reprendre le fil de ma dernière intervention que j’avais intitulée deux frères moins un, dans laquelle, je vous le rappelle, j’avais spécifié que ce signifiant frère ne présumait pas du sexe physiologique des personnages concernés même si ce sont de dits hommes dont il s’ agissait.
Pas de première fraîcheur sans doute dans vos mémoires cette intervention qui remonte au 25 février , inconfort pour vous sans doute mais aussi pour moi de reprendre après ce long temps la suite de cette intervention, suite déjà à moitié écrite qui devait avoir lieu le 1 avril. Je me suis dit : on va tâcher de faire avec. Mais c’ était, d’une part compter sans le contenu de l’ intervention de Mathieu et d’autre part prendre le risque de gâcher le matériel que j’ai sous le coude en voulant aller trop vite, pour en finir comme on dit ! Donc je ne vais pas en finir, pas en finir avec les deux frères moins un que je mets pour l’heure en vacances, pensant les remettre au travail à la rentrée, si les petits cochons ne me mangent pas avant, et développer très (très…) largement ce que j’ avais commencé à écrire en guise d’ introduction pour mon intervention d’ aujourd’hui.
J’ai intitulé celle ci : Ponctuation… Dans ce prendra plutôt allure de synthése je tenterai d’articuler les unes aux autres mes élaborations depuis nombre d’années , une façon aussi de faire le point. A partir de l’enseignement de Lacan, cette élaboration ne fut pas sans l’ aide des élaborations d’ autres psychanalystes. Sans leur aide je serais aujourd’hui inaudible si ce n’est muette. Et comme une élaboration ne peut pas se clore sur elle même, sinon à être dogmatique, ce sera une ouverture vers d’ autres questions.
Ma question est celle du sinthome et son lien avec le symptôme qui interroge ce qui reste après une analyse menée à son terme et, disons le de cette façon aujourd’hui, le lien avec la pulsion de vie. J’avais intitulé ma première intervention en décembre le sinthome contre la pulsion de mort.
Il y a d’une part le sinthome et d’ autre part le symptôme, ceux que nous sommes, nous , qui mettent donc en jeu le moi. Au symptôme je conserve pour l’heure sa dimension freudienne, revisitée par Lacan, afin de pouvoir délimiter des champs différents – différents champs de la jouissance qui apparaît quand la pulsion pousse (..la poussée de la pulsion ,qui jouissance certes ,.. Télévision ). S’il y a différents champs à la jouissance il serait alors préférable de dire les pulsions. Ce que Lacan dit aussi par ailleurs. Le symptôme s’articule à partir de la fonction paternelle. Le sinthome je l’articule quant à moi à partir de la fonction maternelle (terme que je n’ai rencontré, en ce qui me concerne, qu’une fois chez Lacan, mais une fois qui compte : sa réponse à Ritter ). Mais pour qu’un sujet puisse s’inscrire dans le lien social d’une façon relativement satisfaisante pour lui et pour les autres , ces deux fonctions ne doivent pas être disjointes. C’est dans leur radicale disjonction ou dans leur conjonction frauduleuses que s’inscrit, me semble-t-il, d’une part la psychose d’autre part la perversion.
Lors d’une récente relecture d’ ego et moi j’ai trouvé sous la plume de Pierre Bruno ceci : le moi réel est le radical du symptôme. Ce que j’entends c’ est que le moi réel est la racine du symptôme, on peut dire aussi pour reprendre une de ses autres formulations qu’il est son embryon. Mais le symptôme dont il est question dans cette formulation, qui m’a donné je dois le dire pas mal de fil à retordre, est-ce le symptôme dans sa dimension freudienne, articulé au seul père, ou faut-il lui donner une autre dimension ? C’est ce que je vais visiter à travers différentes questions et les réponses que je tente d’y donner.
Quel rapport ce moi réel a-t-il avec le sinthome ? Je dirai que pour que ce moi réel acquière ses lettres de noblesse comme sinthome , son efficace , pour qu’il remplisse sa fonction, il doit faire l’objet d’une nomination ayant valeur de nom propre. Il est propre ce nom dans la mesure où c’ est une jouissance singulière, propre au sujet et à lui seul qui est engagé dans l’affaire, une jouissance qui ne se partage pas. C’est cette nomination qui permet d’identifier le moi réel comme étant le phallus réel. Je reprécise (et vous renvoie à mon intervention lors des Assises 2 de l’APJL. Le continent noir de la maternité, lieu de la création in Le savoir du psychanalyste Erés oct 2013 ). : ce phallus réel est celui qui ne manque pas à la femme dans la mère , « à notre femme de mère », non pas parce qu’elle l’aurait mais parce que femme, en ce lieu où l’ on peut dire qu’elle est une vraie femme, elle n’est pas concernée par la jouissance phallique et donc de ce qui relève de la castration. Ceci met en jeu la part pas toute phallique de la jouissance d’une femme, la jouissance féminine. C’est dans la mise en fonction de cette jouissance par une mère que le moi réel, chez son enfant, trouve sa place et elle est toujours mise en fonction même si la mère l’ ignore , ce qui est en général le cas, pour ne pas dire toujours. Sans elle aucun enfant ne viendrait au monde ou du moins resterait vivant qu’il soit par ailleurs désiré ou non. J’avance donc qu’une femme n’ est pas ou femme ou mère, comme certain l’avance où une position exclurait l’autre. Jacques Alain Miller le fait d’une façon claire au début de ce qu’il intitule Notice de fil en aiguille à la fin de sa transcription du séminaire Le Sinthome où ,radicalisant un propos de Lacan ,il fait équivaloir vraie femme et Médée. Ce que j’avance c’est que, dans la maternité, est aussi engagée pour une femme, en plus de la jouissance phallique, la part féminine de sa jouissance. Ne pourrait-on pas ajouter, par extension, qu’il en va toujours de même pour une femme dans son rapport avec son/ses hommes voire ses semblables ? Il me semble que c’ est se qui se profile dans ce qu’a avancé Pierre Bruno dans son séminaire Qu’est-ce que rêver ? , c’est du moins ce que j’en ai déduit et qui ouvre à un autre regard sur la clinique et sur la cure elle même.
Si ce moi réel doit faire l’objet d’une nomination , il en va de même pour ce qui est mis en fonction du moi dans le symptôme, dans la logique freudienne articulé au seul père. Dans cette logique, ce moi pour être efficace, pour remplir sa fonction, pour être un symptôme doit faire aussi l’objet d’une nomination. Pour reprendre une formulation de Lacan, en ce qui concerne Joyce, on pourrait dire du sinthome qu’il est le symptôme pur. (Le sinthome p. 166) c’est-à-dire débarrassé de la gangue du symptôme freudien. Mais être un symptôme pur ne serait-ce pas s’ inscrire dans le registre du pire celui de l’errance ?
On peut le dire autrement sur un mode qui questionne la vérité, il y dans la mise en fonction globale du moi (R,S,I) avec lequel s’articule la (les) jouissance, une part sinthomatique et une part symptomatique ou plus justement une part sinthomatisable et une part symptômatisable. Ces parts mettent en jeu d’une part, le réel de la jouissance qui ne peut pas être soustraite, elle relève de l’ordre de la nécessité et une part imaginaire qui fera elle l’objet de la soustraction qu’opère la cure,qui relève de l’ordre de la suffisance (en logique mathématique, condition nécessaire et/ou suffisante pour dire si une proposition est vraie, si cela réveille quelque chose dans vos souvenirs, quant à la suffisance en question ce n’est pas sans évoquer peut-être pour vous « les suffisances» comme Lacan nommait certains analyses qu’il dénonçait au tout début de son enseignement). Vient donc à la suite de ceci une question : pour que nomination il y est, il faut du signifiant qui met en fonction une autre part de jouissance que l’ on peut dire signifiante , que l’ on pourrait alors qualifier de nécessaire et suffisante. C’est celle du ça mis en jeu dans la formule « ça parle». Elle est le propre de l’ humain où parler est en soit une jouissance mais alors qui est le ça qui parle, comment le nommer, est-il univoque et bien sur qu’ en est-il de cette part après une analyse, qu’en reste-t-il?
Je me saisi donc de cette question de la nomination pour tenter de mieux formaliser les choses telles que je les entends.
Ce qui courre depuis un bon petit moment dans les interventions d’Emmanuel , enfin lui seul pourra vraiment le dire, et de moi même , ça j’ en suis sûre , est que la nomination qui concerne le moi réel, qui le fait être à proprement parler un sinthome, renvoie à ce que j’ ai appelé, il y a déjà quelque temps, la pré-nomination. Il faut traduire ceci par une nomination d’ avant la nomination qui permettra de faire discours, de s’inscrire de différentes façons avec l’extérieur, avec le dit monde, notre monde – ce que Freud, comme le rappelaient Emmanuel et Mathieu, a appelé la réalité psychique de tout un chacun qui à l’aune de son fantasme ou de son délire conditionne ses liens avec les petits autres , ses semblables . Rien de tel ici .
La difficulté est que cette pré-nomination n’apparaît première que dans l’après coup de la deuxième qui se présente en fait comme première. Elle sera la zérozième et l’autre la première, pour le dire avec un signifiant de mon cru quand j’étais une petite fille d’à peine 6 ans et que j’écrivais dans ma tête avec mes mauvaises manières de l’ époque, dont je n’ai pas tout perdues, avec deux Z. Ce Z avait pour moi une valeur un peu magique, à une époque où Zorro n’ avait pas encore fait son entrée en scène où, avec lui ,le Z devient sa signature, le représente. Cette lettre venant clore la liste des lettres en usage dans ma langue, elle ouvrait aussi sur le mystère, mystère de l’ espace ouvert entre le Z et le A, celle du rêve sans doute, gommé par la répétition sans fin de l’ alphabet à laquelle j’ étais soumise depuis déjà quelques années et qui commençait à me pomper l’air. Donc la deuxième nomination portera le numéro 1 et la première le numéro zéro. C’est tout l’effet d’après coup mise en valeur par Freud pour le traumatisme qui ici fonctionne, un effet que l’on pourrait dire rétro actif. Je l’avais dit d’une façon différente en disant que c’est alors que le sujet est devenu parlant, consentant de ce fait à être sujet du langage que la question de la pré-nomination peut être mise à l’ordre du jour, du moins pour les névrosés. Mais ce sont les pervers comme les psychotiques qui sont là pour montrer aux névrosés ce qu’il en est de leur bricolage, celui qui leur permet de ne pas errer dans la structure et qui d’ une certaine façon nous enseigne sur celui-ci.
La pré-nomination donc ne concerne pas le monde extérieur, elle concerne l’intime , elle ne permet d’aucune façon de faire discours, d’entrer dans une dialectique. Elle n’est pas de l’ Autre, à entendre ici comme Autre du langage, je vais y revenir, elle met en jeu, par les voies de la maman de l’ amour, un signifiant issu du champ de celle qui occupe pour un sujet donné, la place vide de l’ Autre de l’ Autre , La femme. – signifiant que l’ on peut donc appeler So, S indice zéro.
Cette pré-nomination met en fonction un personnage imaginaire particulier celui que j’avais repéré dans le séminaire que j’avais intitulé « Qu’est-ce qu’une mère ? » comme étant l’Ange quand je vous ai entretenu de Mahomet qui, excluant de bricoler avec la maman de l’amour, nous montre à quoi elle sert. Cet Ange pour lui est réel, il exclue, forclos, l’imaginaire. (cette exclusion de l’imaginaire débride l’imagination ou la fige complètement). Il est le messager d’un Dieu muet qui lui écrit une lettre, Ange qui s’en fait le lecteur pour Mahomet qui ne sait pas lire, où le ne pas savoir lire, n’est sans doute pas là à prendre aux pieds de la lettre. La question étant plutôt : que ne sait-il pas lire ? Cet Ange l’accompagnera tout au long de son existence. Mais cet accompagnement ne se joue pas sur le mode de celui de l’ange gardien de la mythologie chrétienne, c’est un messager lecteur pas un protecteur bienveillant, celui qui guide dans le droit chemin , surveille et conseille en même temps, pour autant que je m’ en souvienne. Ce lecteur de la lettre de Dieu, lors de la dite première révélation du Coran, s’adresse à lui, il l’interpelle par son prénom donnant à celui-ci valeur de S0. Pourquoi ? la suite j’espère l’éclairera. Ajoutons que tout prénom, dans l’usage courant du terme, n’a pas valeur uniquement de S0, il peut ne pas l’avoir du tout, il peut avoir valeur de S1, comme il peut aussi ne pas l’avoir, comme il peut avoir valeur de S0 et de S1 conjugués ou n’avoir aucune valeur de nomination .
L’ Ange qui s’ adresse à Mahomet qui lui dit lit et lit donc à sa place , sera identifié dans l’ après coup de la première révélation comme étant l’ Ange Gabriel ,ce qui aura pour effet d’apaiser l’ effroi où le phénomène qui venait de se passer avait plongé Mahomet ,qui se demandait s’il n’ était pas en train de devenir fou . De façon remarquable cette nomination de la chose , l’ Ange ,lisant la lettre de la Chose écrivante , qui , nommée Dieu, perdra ce statut , sera faite par sa première et unique femme à l’époque, Kadidja .Elle sera unique jusqu’à sa mort , 10 ans après la première révélation , pendant les 25ans que dura leur union . Marié à 25ans à cette femme de 40 ans, déjà deux fois veuve, qui lui en fait la demande ,il aura d’elle 6 enfants, 3 ou 4 filles , mais pas de fils restants vivants, les 2 ou 3 qu’il eut sont morts en bas âge . Elle a alors grandement atteint l’ âge où elle ne pourra plus lui en donner un . Lors de la mise en fonction de l’ Ange de Dieu , elle a 55 ans et lui 40. Elle est dite Mère des croyants de l’ Islam, les musulmans . Avec cette femme on peut dire que pour Mahomet il y a eu rapport sexuel . Bien qu’il eut beaucoup d’autres femmes par la suite, jeunes voire très jeunes , elle restera pour lui unique , réellement sa mère , et c’ est bien parce qu’elle est réellement morte qu’il peut s’ autoriser toutes les autres .Cet Ange donc n’ est pas plus annonciateur de ce qui serait une bonne nouvelle comme dans l’ Évangile , celui qui annonce à Marie que par l’ opération du Saint Esprit elle donnera naissance au fils de Dieu ,le Père. Rien de tel ici . Dieu comme père engendrant un fils , est exclue de l’ Islam .S’inscrit là un radical qu’est ce qu’ Il me veut ? sur fond de détresse et d’ absolue solitude dans lequel à ce moment là il est plongé , gisant au fond d’une grotte . Cet écrit initial lu par l’ Ange mais écrit par Dieu est un texte poétique sans sens, rien ne permet de le déchiffrer pour lui en donner un , à moins d’ être un initié ! Mahomet serait dans ce registre L’ initié, le seul , car lui seul connaîtrait les 7 sens contenus dans chaque sourate du Coran mais il ne peut pas les révéler pour autant , non pas parce que cela lui serait interdit de le faire mais parce que cela se passe pour lui le temps d’ un éclair dont il ne peut rien transmettre. Cela le met en position d’ être l’ homme et le seul ,héritier du savoir de Dieu dont la mission sera de transmettre aux hommes qu’il faut aimer Dieu de façon inconditionnelle si on veut être aimer par lui de façon inconditionnelle .Mission dont ne se dégage aucun sens .
Il n’ y a pas d’ initiation dit Lacan , pas d’ initiateur , pas d’ initié , on peut ajouter pas d’ initiation à la jouissance féminine , celle qui ici serait celle de Dieu sous les hospices de La femme et non d’une femme , la dite pondeuse particulière par Lacan dans Le sinthome qui pour chaque sujet est unique et irremplaçable , celle qu’il nomme maman. L’initiation ,en question ici ,supposerait un savoir transmissible sur l’ être de La femme , sur sa jouissance et donc supposerait son existence . A la question Qu’est ce qu’ Elle veut ? il n’ a pas de réponse sinon celle qui peut se dire sous la forme : Elle veut rien . Cette lettre de Dieu, La femme , est exclue du sens ,elle est hors sens donc hors langage et renvoie La femme hors sexe, puisque ce qui fonde le langage c’ est la différence des sexes .
Il y a là par le bais de l’ Ange un dire sans dit ( une énonciation sans énoncé ) où s’inscrit le rien du dire dans la formule que j’ ai avancé du parler pour ne rien lui dire de la maman de l’ amour quand elle parle à son enfant. A ne pas confondre avec le parler pour rien dire, ce que l’ on reproche le plus souvent aux femmes, ici c’ est parler pour ne rien lui dire de lui . Elle ne l’ inscrit dans aucun destin écrit d’ avance, elle le fait sujet de ce dire énigmatique , issu d’ aucun sujet , dire qui est juste le signe pour le sujet de son existence et non de son être , d’une existence sans raison d’être . Pour reprendre une formulation de Lacan , à cette place où il est Non étant ,( Subversion du sujet et dialectique du désir , Écrits page 802 ) le sujet est appareillé d’une jouissance qui lui est nécessaire pour exister réellement comme vivant humain unique , par le biais de ce dire énigmatique, par cette lettre hors sens qui lui est adressée, à lui et pas à un autre par le bais de la pré-nomination (S0) . Énigme sans réponse qui n’ est donc pas une devinette , elle garde, inviolable, son poids de mystère. Ici on pourrait évoquer la perversité de la sphinge à laquelle à affaire Œdipe , dont nous parlait Mathieu la dernière fois ,qui pose l’ équivalence entre devinette et énigme et où ,à ce jeu auquel elle se livre, sa malveillance est fondamentalement à l’ œuvre . L’ ange lecteur n’ est ni malveillant ni bienveillant car il n’ est pas sujet de ce qu’il dit puisque le texte n’ est pas de lui mais d’un Dieu muet écrivant de façon inintelligible , réellement poétique , dont de la lettre on ne peut extraire aucun savoir , ininterprétable donc, intraduisible . On peut dire que pour le sujet elle n’ est pas à comprendre mais à apprendre par cœur, le cœur ici engageant l’ amour inconditionnel de l’ apprenant en réponse à celui dont il est l’ objet de la part de l’ écrivant . Apprendre ? A prendre avec la voix et le regard qui sont extraient de l’ Autre? Non , mais avec les signes qui entoure la présence de l’ Ange , signes divers qui font le reconnaître , qui font que c’ est bien lui et non un Ange trompeur qui prendrait sa place ; Signes que j’ ai appelé objet non- a qui concernent les sens( les dits 5 sens ) et non le sens . Ce sont ces signes que Mahomet ne sait pas lire . Un exemple , c’ est une certaine mélodie de la voix et non la voix elle même qui réveille l’ écho du dire dans le corps , qui fait que le corps y est sensible -1). L’ ange qui lit la lettre est exclu comme sujet de l’inconscient , exclu d’un dire qui serait issue de son propre fantasme et ferait de ce dire un dit, un énoncé , qui établirait un fait , que ce fait soit par ailleurs objectivement vrai ou faux n’ est pas le problème , subjectivement il est vrai .
Pour poursuivre dans la foulé de l’ exposé de Matthieu c’ est dans ce dire sans dit que je situerai une vérité dont aucun savoir ne peut venir prendre la place , comme il le fait dans le discours de l’ analyste, et que j’ appellerai un radical non-savoir avec lequel ,me semble-t-il et pour ce que j’ en comprends, s’ articule la fonction de la lettre dans l’ enseignement de Lacan . Le signifiant lettre n’ est pas , me semble-t-il, à prendre au pied de la lettre , c’ est le cas de le dire , mais renvoie à ce dire énigmatique où chaque lettre de l’ alphabet voire l’ alphabet lui même permet d’ en donner une métaphore .
Alors pourquoi ne pas le dire ce radical non-savoir le radical du non-savoir ? Ceci aurait pour effet de pouvoir nommer comme l’ a fait Mathieu et avant lui Lacan , non- savoir celui qui se trouve en place de vérité dans le DA , dont je ne suis pas sûre qu’ à l’ heure des discours il en pose l’ équivalence , savoir dont l’ analyste renonce de ce fait d’ en jouir comme savoir, qui lui refuse le statut d’ être le même que celui de son analysant . Mais c’ est un peu le problème ,dans cette logique , le désêtre , propre à ce qu’il est convenu d’ appeler la traversée du fantasme ,se trouve alors poser comme équivalent au non-être . Un je ne suis pas qui serait équivalent à un je n’ existe pas . Or un je ne suis pas n’ empêche pas d’ exister car tout de la jouissance du sujet n ‘est pas pris sous la fourche caudine de la castration . Une part se refuse à l’ être , dit non à l’ être , c’ est le moi réel et de son efficace par une nomination qui donne un premier cadre symbolique à l’ imaginaire , qui le fait être un sinthome, mais où du père ici il n’ est pas question . Sans cette nomination qui met en fonction un signifiant ,S0, issue du champ de la maman de l’ amour , la lettre , ce dire énigmatique , qui permet à la pulsion de vie de prendre racine , de jouir d’être tout simplement vivant sans aucune condition , celle ci doit rester lettre morte ou faire l’ objet d’ une réelle limitation qui n’ est pas de semblant sinon c’ est l’ effroi qui s’installe et la folie à l’ horizon si ce n’ est l’ autisme . Car jouir d’ être vivant sans condition à ses limites qui est la mort elle même si l’ amour, ici sans garanti de l’ Autre , n’ y a pas sa place, celui de la maman de l’ amour . Par ailleurs ce premier cadre ne dit pas comment vivre avec les autres dont nous avons aussi besoin pour le rester . Mais il faut d’ abord être vivant pour le rester , c’ est cette part de nous même retrouvée que nous offre une psychanalyse comme cadeau de départ mais faut-il encore que ce départ soit préparé pour que ce cadeau ne soit pas un cadeau empoissonné , sinon à poser comme issue à une psychanalyse la père -version , c.ad de faire de La femme une version du Père ( L’ éveil du printemps ), ce qui revient à dire que le père réel ,castrateur ,dont je vais tenter de vous restituer la fonction jouirait d’un savoir qui serait celui de La femme , de poser l’ équivalence entre lui et La femme 2)
Pour conclure ceci on peut dire que la position de l’ Ange , c’ est , me semble-t-il , la position de l’ analyste telle que Lacan l’ envisage à la fin de son enseignement, lui qui par ailleurs ne croit pas aux anges comme messager , messager de l’ Autre de l’ Autre qui n’ existe pas alors qu’elle met en fonction la maman de l’ amour qui fait chuter Dieu de sa transcendance . Ce signifiant est de Pierre Bruno et je tente d’en donner les coordonnées ,tels que je les entends, car elle me paraît fondatrice de ce virage de Lacan et avec lui d’Une autre psychanalyse.- 3) . Cette maman de l’ amour , qui incarne le ça qui parle pour ne rien dire qui fasse sens , est perdue certes , mais elle a laissé en héritage au sujet ce dire énigmatique et des traces , des signes , qui font écho dans le corps et anime la pulsion de vie . Cette position de l’ Ange , met en jeu ce que devrait être l’ interprétation de l’ analyste , poétique dit Lacan et où il se reproche alors de ne pas être assez poète , poâte-assez (L’insu 17 mai 1977).C‘est ,me semble-t-il ,en dernier ressort celle de l’ analysant dans la conclusion de son analyse qui se situe dans un au delà du DA, un au delà de la castration . Faut-il encore que la position de l’ analyste permette à son analysant d’être poète, assez . C’est à dire qu’il n’ exclue pas cette dimension .
Venons en maintenant au symptôme qui met en jeu un ça qui parle pour dire quelque chose qui fasse sens et met en fonction l’ Autre et l’ Un et l’ amour au conditionnel .
Ce qui est mis en fonction du moi dans le symptôme , à l’ origine de la vie du sujet de l’ inconscient freudien, celui qui est interprétable , concerne le moi dans sa dimension imaginaire tel qu’il émerge dans le stade du miroir , ce qu’il est convenu usuellement d’ appeler le moi , celui qui donne sa consistance au corps . J’ ajouterai que le dit miroir est une métaphore qui se passe de glace même si celle ci en permet la monstration . ( Je vous renvoie à cet enfant psychotique dont nous a entretenu Emmanuel où la glace c’ était les yeux de sa mère et de son père ) . C’ est dans la façon dont l’ Autre le voit , dans son regard , que l’ enfant se mire , Mirage de l’ étant qu’il devient alors . L’ Autre ici c’ est la mère qui en occupe la place , celle ( ou celui qui en fait fonction ) qui porte ce vivant sans condition qu’est son enfant ,qui est cet Autre ,dit primordial par Lacan ,qui va le mettre sur les rails du langage . Cette image propulse le sujet ,par anticipation ,dans une jouissance promise par elle où il aurait le savoir pour être conforme à l’ image que l’ Autre lui renvoie de lui même. Mettant en jeu son propre imaginaire , l’ enfant est dit par elle/lui : être le plus beau , le plus fort ,le plus grand , le plus intelligent etc . il y a souvent un plus associé aux qualificatifs donnés au c’ est toi de l’ image renvoyée par l’ Autre porteur . « signifiants » qui ont là valeur de signifié . C’ est ce signifié qui donne au c’ est moi de l’ enfant en réponse au c’ est toi de la mère , à ce moi imaginaire , valeur de phallus imaginaire, petit phi , qui est alors un symptôme imaginaire . C’ est comme tel qu’il apparaît dans le regard de celui qui le porte , qui y croit à ce qu’il dit . S’il n’ y croit pas il détourne le regard de l’ enfant , comme il le détourne si l’ image n’ est pas conforme à ce qu’il désire qu’elle soit ,voire le fusille du regard comme on dit , où l’on peut dire alors qu’il laisse tomber l’ enfant . Si aucun signifié ne peut être associer à l’ image que l’ enfant renvoie on peut dire que le miroir reste de glace .
Le signifié associé au regard met en œuvre une nomination qualifiante , qui permet à l’ enfant d’entrer dans la course avec les petits autres . En ce moment où la coupe du monde de football envahit nos écrans elle peut nous servir de métaphore , on peut dire qu’ avec ce signifié ce vivant est sélectionné et supposé gagnant pour la disputer. Mais il ne sait pas encore que la coupe est perdu d’ avance , comme elle l’ est pour tous .Même si on la gagne aujourd’hui on la perdra demain , mais ça les amusent les petits d’ homme à jouer au plus fort gagne , de façon souvent dramatique où ce n’ est plus de jeu ! Cette nomination qualifiante est la condition suffisante pour qu’un enfant puisse quitter les bras , voire les jupes ,de sa mère sans que la séparation d’ avec elle prenne l’allure d’une rupture– pour reprendre ce signifiant de Stanislaus Joyce dit pour son frère James , Stanislaus qui a la certitude de tout savoir de son frère sur un mode où son savoir serait la vérité de l’ être de James .
Mais dans la course avec les petits autres on n’ y rentre pas anonyme , à ce qualifié il lui faut un nom , c’ est une condition nécessaire pour qu’il ne puisse pas être confondu avec n’importe quels des petits autres qui pourraient être affublés du même qualificatif . On peut dire que cette nomination donne au signifié sa signification puisqu’elle permet d’identifier par un nom propre celui a qui il s’ adresse, qui le fait devenir de la sorte le seul étant qui est le plus beau , le plus fort , le plus.. tout ce que vous voulez . Qui le fait ,cet étant , être symboliquement un symptôme , en le réduisant à son seul nom propre . ( dont il suffit de scander le nom , coupe du monde oblige!) .
Cette nomination sera introduite par les voies d’ Un homme qui permettra d’identifier le phallus comme étant celui qui imaginairement manque à la mère, qui dans ce registre n’ est pas une vraie femme . On rentre là dans l’ordre symbolique ,celui du langage , celui où s’inscrit la différence des sexes . La mère se définit alors , du fait du langage lui même , comme n’ ayant pas ce qu’un autre a et qu’elle n’ a pas. Si son manque de savoir est déjà apparu à l’ enfant , ce n’ est qu’ en référence à un autre qui sait ce qu’elle ne sait pas, parce qu’il a ce qu’elle n’ a pas ,que la castration va comme telle prendre son sens. Ici , c’ est pour ce savoir qu’elle lui suppose qu’une femme l’ aime , son homme , homme auquel l’ enfant va s’identifier par le biais de ce signifiant . Sans cet homme la frustration provoquée par le manque de savoir de la mère est insupportable pour l’ enfant qui ne sait pas où le trouver et lui reproche de ne pas l’ avoir et le met lui en état d’ impuissance de répondre du signifié dont il est affublé et qui rend ce signifié nul et non advenu , le faisant chuter de sa position de phallus imaginaire , soit il s’ éjecte des rails du langage soit il attend ,transit , pour savoir comment y rouler . Ce signifiant qui nomme le phallus imaginaire , et donne à ce signifiant valeur de signifiant phallique ,grand phi , vient donc du champ d’un homme qui occupe la place de l’ Autre que j’ appellerai L’ homme , que l’ on peut appeler Dieu le Père pour s’inscrire dans une certaine conformité freudo-lacanienne. du début de l’ enseignement de Lacan , Autre qui est l’ Autre du langage mais où là l’ Un et l’ Autre ne se distingue pas . (Ici c’ est le L de l’ homme qui se majuscule comme le fait Lacan dans la préface de l’ éveil du printemps ,comme c’ est le La de la femme qu’il majuscule dans Encore ) .
C’ est ce signifiant que Lacan écrira S1 dans les 4 discours . S1 : Signifiant maître ,qui peut s’ écrire par homophonie comme le fait Lacan , m’être , moi être , qui met ici en jeu non l’ existence mais l’ être du sujet .
Pour que l’ Un et l’ Autre se distinguent il faut faire appel à un autre personnage , celui que j’ avais appelé le Prophète , celui de la bible ou de la torah .(Mahomet s’il est dit le Prophète ne s’inscrit pas dans cette lignée . Pour reprendre le signifiant de tout à l’ heure il serait dans ce registre le zérozième et non le dernier des prophètes.). Le prophète ,en question ici ,est celui a qui Dieu parle . Pour ce faire Il appelle l’ Élu par son nom , Moïse ,par exemple ,voire le re -nomme . Moïse ici a valeur de S1 et non de S0. Dans cette nomination est inscrite une mission qui a un sens . Dieu parle au prophète pour lui dicter sa Loi ,valable pour tous les hommes , Loi qui oriente, qui donne le sens à suivre mais aussi la route à ne pas prendre pour être conforme à ce qu’il attend des hommes , pour être aimer par lui , pour pouvoir s’inscrire dans sa lignée . Paroles donc qui s’ inscrivent dans un dire qui dit quelque chose qui a un sens , qui oriente , qui dirait comment rouler correctement sur les rails du langage sans jamais dérailler et interdirait de faire l’ école buissonnière . Cette nomination oriente le destin du sujet , signifiant issu d’ un sujet parlant qui a un inconscient , animé d’ un désir dont il connaîtrait les coordonnés , Dieu le dit Père , l’ Autre de la loi , l’ Autre du langage . Son dire fait de dits est supposé interprétables , c’ est à dire relevant d’ un savoir supposé transmissible . Le savoir en jeu est ici celui du prophète qui serait détenteur du savoir de Dieu le Père , qui prend sa consistance comme Père imaginaire . C’est la position qu’incarne réellement le père d’un Scherber pour ne citer que cet exemple .
C’ est dans cette logique que Lacan va introduire le NDP comme étant le père mort , celui que les fils ont tués . Mort il garde son savoir ne laissant que la Loi à ses fils qui s’ en font les héritiers par amour pour ce père , qui plus fort que tous les autres, plus savant , avait su les garder vivant ajoutera Freud à sa construction du père de la horde , on peut entendre ici vivant parce que désirant .
Cette nomination donne au sujet existant sa raison d’ être , elle justifie son existence , existence pas sans raison , existence raisonnable .Faudrait-il encore que le sujet nommé par ce S1 extrait de l’ homme qu’aime la mère comme sujet supposé savoir , qui n’ est pas Dieu le Père ,ni son prophète , ce qui est le cas des névrosés , puisse s’en saisir de ce savoir pour répondre de son être, de son moi -être . Or c’ est le phallus qui se transmet de père en fils, qu’on soit soit fille ou garçon , par le biais de ce S1 mais pas le savoir qui va avec . Dans l’ impossibilité de s’en saisir de ce savoir c’ est l’ objet a qui sera produit pour satisfaire la jouissance du maître, pour en faire un maître suffisant , DM, discours de l’ inconscient . Sans l’ écriture possible de ce discours le sujet reste fixer à sa propre image, on pourrait dire de façon à peine métaphorique toujours un miroir à la main, toujours à se mirer dans le regard de l’ Autre , ce qui peut s’inverser en son contraire dans un : n’ en avoir rien à faire de son image, ce qui est plutôt James joycien, James jeune homme .4)
Ce DM est l’ envers du DA . En effet le petit homme qui occupe la place du grand homme comme Autre, ce petit homme qui à se faire L’ homme à se situer de l’ Un -entre autres , à s’entrer entre ses semblables , pour reprendre cette formulations de la préface de l’ éveil du printemps de Lacan , pour qui se fait-il L’homme? Il se fait L’ homme pour une femme, par amour pour elle , et dans cette position il a bien des chances de devenir père , ce à quoi il consent par avance. C’ est dans ce consentement qu’ est engagé l’ amour d’ un homme pour une femme , celle ci et pas une autre et non son amour pour lui même comme il est en jeu dans le DM voire dans celui extrême du paranoïaque qui le dispense de produire l’ objet a puisque ce savoir pour répondre de son moi être il a la certitude délirante de l’ avoir .
Ce consentir par avance exclue donc la venue d’un enfant pour un homme comme relevant d’ une erreur de sa part , comme j’ ai pu l’entendre dire . Un moment d’ étourderie en somme dont il aurait à payer les conséquences, ce voulant de la sorte honnête homme ,politiquement correct pour le dire avec les mots de notre temps . Ce dire m’ a beaucoup plus choquée, sans doute pas par hasard, que les quelques hommes à qui j’ai raconté la chose . Cette dite erreur signerait son entière maîtrise possible du désir d’une femme d’ avoir un enfant en le faisant tout phallique, entièrement identique au sien voire ici ,telle que la chose était dite, ne lui en supposant aucun même pas celui ci . Or il y a une part de ce désir qui n’est pas maîtrisable par l’ homme et par la femme elle même puisque ce désir exclue le fantasme , il est sans sujet (S barré) donc sans objet a , il mettrait en fonction l’ objet dit rien par Lacan , qui ici est le vide lui même. Alors ajoutons pour bien enfoncer le clou que ce vide ,dit rien , est en dernier ressort l’ objet de la femme mais il est balisé par les signes qu’ ont laissé la présence de la maman de l’ amour ( objet non -a ) et lui donne sa singularité , qui font de ce rien, un rien unique , sans elle le vide devient abîme. Si le désir d’ avoir un enfant pour une femme d’une part ou pour un homme de l’ autre ne fait pas entrer cette dimension, la femme se fait mère porteuse comme on le dit actuellement et pour un homme n’ importe quelle femme fait l’ affaire . L’ autre version en jeu dans un non consentement par avance serait le fait du malhonnête homme ,celui qui d’une certaine façon ne s’aime pas lui même et qui n’ en a rien affaire des conséquence de son acte et qui ravale sa relation avec une femme à la baise – pour reprendre cette formulation reprise par Emmanuel à Allouch , qui a une pente à offenser mes chastes oreilles 🙂 . Je ne vous dis pas l’ effet que me fait l’ expression actuelle faire du sexe et ,n’ en déplaise à Lacan , je préfère la plus poétique faire l’ amour– C’ est tout cela qui se joue d’une façon dramatique pour Melchior , dans la pièce de L’ éveil du printemps entraînant l’ignorante Wendla dans la mort à la suite de son avortement , elle, à qui la mère n’ a pas voulu dire comment se font les enfants ,sinon qu’il faut aimer très fort un homme ,quand Wendla insiste. La cigogne est là encore appelée à la rescousse par la mère mais ne fait plus l’ affaire pour sa fille de 14ans . Melchior lui ne voudrait faire que du sexe sans entendre parler d’ amour, Wendla elle ne voudrait que de l’ amour se voulant ignorante, jusqu’à’ à la débilité , de ce qu’il en est de faire du sexe et de sa conséquence. Et pourtant , un instant ,cette conséquence qu’elle ignore la met dans la joie . Il y a une autre position qui consiste ,pour un homme , à sublimer sa relation avec une femme en mettant un jeu un amour pur qui se passe de la chair ,qui se passe du sexe , qui désincarne une femme et le désincarne lui même .
Alors comment ce petit homme peut–il se faire L’ homme pour une femme ? Il n’ a comme savoir qu’un savoir qui lui est propre dont il jouit , celui de l’inconscient qu’il s’ est forgé et qui met donc en fonction son propre fantasme et l’ objet a qu’il est lui même . Il peut y renoncer à ce savoir , par amour donc et l’ ennoblir en lui faisant occupé la place de la vérité dans le DA , en le gardant voilé ,masqué , en le taisant, pour reprendre cette formulation de Mathieu. Mais rien ne dit que se faire L’ homme pour une femme, l’ Un entre autre ,c’ est être L’ homme, c’ est être l’ Autre , à moins comme le dit le malin petit Hans, que cet homme ,qu’ est Freud, parle avec le bon Dieu qui lui aurait révélé un savoir sur son devenir de petit d’homme désirant , qui est en fait celui du petit Freud lui même .
(p 120 cinq psychanalyses puf,) Freud dit à Hans : Bien avant qu’il ne vint au monde, j’ avais déjà su qu’un petit Hans naîtrait un jour qui aimerait tellement sa maman qu’il serait par la suite forcé d’ avoir peur de son père , et je l’ avais annoncé à son père. Hans dit à son père en sortant de chez Freud :Le professeur parle-t-il au Bon Dieu pour qu’il puisse savoir tout d’ avance?
Il met Freud en position de prophète , ce à quoi ,semble-t-il ,il ne croit pas plus que ça . Réponse du berger à la bergère pour Freud qui parle alors de sa vantardise d’avoir énoncé ce savoir mais dont par ailleurs il est sûr . Mythe du névrosé dira Lacan que celui du complexe d’ œdipe . C’ est donc en père imaginaire qu’ici Freud se situe en privant réellement l’ enfant de signifiant phallique qu’ est pour lui le signifiant cheval autour duquel s’ articule sa phobie, qui se réfère à l’ animal correspondant . Et cette privation du signifiant qui le représente dans l’ Autre ,contre lequel il va se rebeller, c’ est ce qui va mettre Hans au travail . La trouvaille géniale d’Isabelle Morin au sujet de ce cas ,( La phobie , le vivant, le féminin ) qu’elle a été dénichée dans les souvenirs de Hans devenu grand lors d’une interview , c’ est que Freud était loin d’ être un inconnu pour Hans quand Freud le rencontre cette seule et unique fois. Freud le dit par ailleurs se demandant si l’ enfant le reconnaît ,ce dont il ne donne aucun signe . Il dit aussi le plaisir de voir cet enfant . Cet enfant lui plaît . On peut dire qu’à ce moment là il l’ adopte comme sien même s’il n’ en est pas le géniteur .( Cinq psychanalyses de Freud , puf p 119) . Or Hans se souviendra de Freud, dans l’ après coup ,semble-t-il. Ami de la famille à une certaine époque ,il le revoit montant les escaliers un cheval de bois à la main pour lui en faire cadeau alors qu’il était tout petit enfant . Ceci n’ est pas dans le texte de Freud au sujet de ce cas . Ici Freud à réellement une stature de grand homme pour ce petit enfant ,plalliquement bien armé avec ce cheval , cheval qu’il lui offre mais pas le savoir qui va avec pour en être un. La question que l’ on peut se poser c’ est si Hans ce n’ est pas Freud plutôt que son père qu’il s’ est choisit comme père à ce moment là , celui dont on aurait voulu qu’il fût le père de son enfant , père réel donc .( L’envers de la psychanalyse p148) . L’histoire ne le dit pas mais c’ est bien dans ce sens qu’ elle va et Freud signale quand même les lettres de remerciement dont il est l’ objet de la part de la mère quand la phobie lâche prise . Comment l’ interpréter, je ne sais, mais si Freud avait des relations avec le couple quand Hans était petit ,ce n’ est plus le cas quand Hans déclenche sa phobie puisque Freud ne voit plus alors que le père , adepte de sa théorie, sujet supposé savoir pour le lui . D’une certaine façon ce père se désiste de sa position de père au bénéfice de Freud ,celui chez lequel l’ enfant va prendre le signifiant S1 pour se représenter dans le champ de l’ Autre et c’ est bien chez Freud qu’il l’ a pris ce signifiant cheval le petit Hans qui au moment de la phobie ne s’ en souvient plus .
Ce se faire L’ homme d’une femme par amour pour elle, petit plus qui change la donne , celui dont Melchior ne voudrait pas qu’il ait de place si ce n’ est en l’ envisageant dans un trop tard , met en jeu le réel de la jouissance à occuper cette position de nommant une femme comme sienne et de son enfant dont il consentira à se dire le père, sans pour autant lui livrer le savoir qui va avec car le vrai savoir de ce que c’ est qu ‘être Un père , comme le serait Dieu le père , il l’ ignore . S’ il y a un qui jouit de ce savoir c’ est celui qui est mis en fonction avec le père imaginaire. Mais ce qui est repérable avec Hans c’ est que c’est le petit sujet qui va extraire chez l’ Un qui consent à se faire L’ homme d’une femme , Freud en l’ occurrence pour Hans , le signifiant qui le représente et nomme le phallus imaginaire celui qui manque à la mère , homme dont on ( la mère , le père?) aurait voulu qu’il fût le père et le fait chuter de sa position de phallus imaginaire . Ce qui rendrait les choses bancales c’ est que Freud ne fait pas de la mère de Hans la sienne . Si ce n’ est dans un éclair perçu par Hans dans le regard de Freud ? Mais là c’ est mon imagination qui travaille ! Mais quoiqu’il en soit cet enfant il l’adopte comme sien .
Relevons au passage , ce que je n’ ai jamais vu relever dans la pièce de Wedekind , que Moritz, l’ ami de Melchior dans la pièce , Moritz qui se suicidera , a un père qui sur la tombe de son fils dit , par deux fois , ce qui sera sa seule intervention dans la pièce « Le petit n’ était pas de moi , le petit n’ était pas de moi , ajoutant la première fois , Tout petit déjà , cet enfant ne me plaisait pas . » il se refuse à se faire L’ homme pour sa femme , par amour pour elle et sa conséquence être le père de son enfant qu’il en soit le géniteur ou non , il fait le mort , il n’ adopte pas son enfant comme sien. Moritz qui voudrait tant plaire à son père mais ne le peut pas , se laisse entraîner dans ce choix mortel qui d’origine le fait résider dans le royaume des morts . Le père de Joyce , au dire de Stanislaus , quand il était alcoolisé, ce qui lui arrivait plus souvent qu’ à son tour ,traitait ses enfants de bâtards ; une façon brutale de se désister de sa place de père , dans une posture où il est loin de se faire L’ homme par amour pour une femme .
On peut alors évoquer à la suite de ceci ce dire de Lacan, qui définit me semble-t-il la position de ce Un père pour que celle ci soit structurante pour l’ enfant : être Autre malgré la Loi qui suppose donc un certain forçage qui s’ entend dans se faire L’ homme, dans le s’entrer entre ses semblables , l’ Un -entre autres, celui qui sort du lot qui se distingue de ses semblables . Avec cette question où se faire L’ homme est-ce l’ être ? Sans doute non, puisque le Père qui détiendrait le savoir sur ce que c’ est qu’être un vrai homme est mort . Marquée donc d’impossible cette position que pourtant un homme ne doit pas reculer à occuper, si ce n’ est à plein temps du moins une fois dans la vie d’un enfant .C’ est dans ce registre que j’ inscrirai d’une façon plus générale ce que j’ avais avancé dans la formule : assumer son désir d’ être quelqu’un pour un homme , d’ être l »Un entre- les autres si ce n’ est pour tous du moins pour quelques uns, ceux qui l’ aiment et qu’il aime , en nommant les choses pour leur donner un sens sans se réfugier dans un sens écrit d’ avance , en faisant le mort . Assumer son désir d’ être quelqu’un pour un sujet exclue alors qu’il soit obligé de tuer tous les autres pour se faire une place au soleil et en particulier un autre qu’est son père . Ce désir assumé il n’ est plus utile alors de le tuer pour prendre sa place , on peut l’ aimer , tout défaillant, carrent , qu’il ait pu être . De la place au soleil il y en a pour ceux qui ne recule pas à être Autre malgré la Loi . Si la Loi pour tous est la castration, il s’ en excepte dans cette position et se présente alors comme non castré mais castrateur , c’ est la condition pour que l’ enfant puisse s’inscrire dans la structure comme désirant car sans désir il est mort , mort d’ avance , exclue du réel dit alors Lacan de Morizt . Ici le réel en jeu est, me semble-t-il , le réel de la jouissance du père comme vivant nommant et non de celui de l’ au delà , le père mort que Lacan identifie dans L’ éthique comme étant le NDP . Dans cette position le père est inanalysable , il est ce que l’ on peut donc appeler le symptôme père pour reprendre une autre formule de Pierre Bruno , le quelqu’un qui n’ est pas quelconque. Celui qui nous a adopté ,celui qu’il nous reste après une analyse et que l’ on adopte en retour , celui dont on porte le nom avec lequel on peut s’ avancer dans le monde comme étant le notre .Il met en fonction un homme qui ne jouissant pas du savoir de son inconscient le met ce quelqu’un en position d’ être réellement l’ objet qui devient de ce fait objet impossible, objet réel . Père réel donc . C’ est cette position d’objet dont l’ analyste consent à occuper la place dans le semblant , le représentant sans l’ être réellement dans le DA. C’ est dans ce registre que Matthieu nous a promené la dernière fois et sans qu’on se consulte il m’ a ouvert la voie pour avancer . C’ est donc dans ce registre que l’ on pourrait dire en suivant Lacan que « le désir de l’ homme est le désir de l’ Autre » – 5 )
Voici donc deux signifiants qui nomment deux choses différentes , deux choses qui ne sont pas équivalentes l’une de l’ autre , qui mettent en fonction deux positions du moi et avec lui l’ existence et l’ être du sujet , deux signifiants que l’ on ne peut pas écrire de la même façon mais S0 d’une part qui n’ articule aucun savoir mais le non-savoir comme étant la vérité vraie et produit l’ objet rien et S1 de l’ autre qui articule le savoir et produit l’ objet a , sinon il devient difficile de rendre compte du passage de l’ analysant à l’ analyste dans un premier temps et dans un deuxième temps la fin de la cure lors de sa conclusion .
La question qui découle de tout ceci , issue de mes cogitations dernières dans la façon de tenter d’ articuler les choses , est celle de savoir s’il n’ en faudrait pas un troisième de nom propre pour opérer un nouage qui tienne entre ces deux noms ? Serait- ce le NDP ? Nom de Nom de Nom, sans points de suspension comme certains en mettent , avance Lacan dans la préface de l’ éveil . Mais là on se décale de la logique de ce que je viens de développer celle qui fait que l’ on n’ erre pas dans la structure là où les non dupent errent .
Si tel est le cas il faut dégager le signifiant père de sa signification usuelle, issue de pater, celui que j’ avais appelé, non sans raison, l’ homme à barbe , qui renvoie celui ci dans le champ de L’ homme et la renvoyer à celle qui émerge dans cette préface de l’ éveil du printemps ou disons plus justement en ce qui me concerne , que je viens de faire émerger .Cette signification est celle issue de paire qui est aussi à l’ origine du signifiant père .Ce signifiant paire est sous la plume de Lacan dans cette préface quand il commente ce passage de la pièce où il est question du conte de la reine sans tête ,que la grand-mère de Moritz lui racontait petit ,et qui se compare à elle , reine à qui le roi qui en a deux qui l’ embarrassent lui en donne une, la petite on s’ en doute , se gardant la grosse . « La reine , dit Lacan , pourrait bien être sans tête qu’à ce que le roi lui ai dérobé la paire normale de têtes qui lui reviendrait » . Cette signification de père issue de paire met en fonction un Dieu bifide qui n’ en ferait qu’ Un par le biais de ce nom . J’ avais déblatéré là dessus d’une certaine façon il y a bien longtemps . Dieu mort et vivant depuis toujours , Réel par excellence , impensable s’il en est ; d’une part du côté du toujours où l’ éternité ,que Lacan qualifie d’ escroquerie , est convoquée qui gomme le temps comptable , le seul qui pour nous soit imaginairement pensable et aussi du côté du vivant et mort où on ne peut être réellement que vivant ou mort .
Le vivant depuis toujours renvoie-t-il , à la fameuse Déesse blanche de la dite préface? C’ est ce qu’il m’avait semblé dans un premier temps puisque Lacan la qualifie de La différente , d’ Autre à jamais dans sa jouissance .Or la jouissance , me disais-je alors , n’ est le propre que des vivants , la mort venant y faire arrêt , enfin c’ était mon idée, on peut dire ma croyance , mais dont il est indécidable de dire si c’ est la bonne . N’ ayant pour ma part , comme tout un chacun , aucune réelle expérience de ce que c’ est qu’ être mort , ne pouvant à la limite qu’ en faire semblant , ce qui n’ est pas mon fort je le reconnais . Si jouissance il y a à l’ être personne ne peut rien en dire sinon à revenir du royaume des morts , comme le fait Moritz après son suicide quand , sa tête sous le bras, il apparaît au cimetière à Melchior et veut qu’il le rejoigne, avant l’ apparition de l’ homme masqué , qui l’ en dissuade, dont Lacan fait un des NDP . Ce qui fait des morts des jouissants particuliers , revenants si chers aux obsessionnels , l’ homme aux rats en témoigne , où il est tout aussi indécidable de dire qu’ils ont tord d’y croire même si ça ne leur fait pas la vie rose mais plutôt morose . A chacun son roman .
Ma première interprétation de ce que serait la Déesse blanche,«dont le Père lui même , notre père éternel à tous n’ est que le Nom entre autres » dit Lacan , peut-être fautive à y réfléchir , ferait basculer ce Père éternel , dans le champ de La femme que je rangeais , quant à Elle , du côté du Dieu vivant depuis toujours mais qui de sa jouissance n’ en dit mot (si ce n’ est sous la forme hors sens de la lettre qui la fait Ange) . Ma dite faute , où ici je remets en cause une phrase de ce que j’ ai dit dans mon intervention lors des assises 2 de l’ apjl , citée plus haut , serait induite par la grammaire où le signifiant déesse ferait de la Déesse blanche une femme. Ceci par ailleurs n’ est pas faux mais en ajoutant ceci : qu’une femme, comme est la reine dont fait état Lacan , ce n’ est pas La femme .La reine en occuperait la place , si elle n’ avait qu’une tête , celle avec laquelle elle ne pense pas, la petite tête donc , c’ est à dire celle qui met en fonction une jouissance débranchée du fantasme, la jouissance féminine .Mais une femme a aussi une grosse tête , elle pense, mettant en jeu comme tout homme la jouissance phallique à laquelle elle est sujette par le biais de son fantasme . On pourrait dire que le roi et la reine partagerait la même grosse tête dans ce registre de l’ amour articulé à la mêmeté , là où l’ on se comprend , où l’ on est pareil, où l’ on partage les mêmes valeurs , où l’ on se reconnaît comme issu de la même filiation symbolique . Si de la mêmeté il en faut pour pouvoir vivre ensemble cela a aussi ses limites car si c’ est la seule composante qui lie deux humains ,il y en a d’une part plus d’ un/une qui ferait l’ affaire et d’autre part cela éjecte la singularité du partenaire, là où il est unique . Unique en son genre . Chacun des partenaires à aussi une petite tête qui lui est propre et c’ est celle ci qui situe l’ amour du partenaires dans un au delà du phallique qui les rassemble .
Donc faire basculer la Déesse blanche dans le seul champ de La femme ne serait-ce pas ce qu’on peut appeler, comme l’ ont fait plusieurs de mes collègues , une mère -version et non une père-version qui ,elle ,fait basculer La femme du côté de Dieu le Père , de L’ homme ? Voilà une proposition que j’ amène à Emmanuel au regard de ce qu’il a appelé deux perversions ( en un seul mot ) .
Alors qu’ au début de son enseignement , comme je vous le disais , Lacan n’articule le NDP qu’ au père mort depuis toujours , les posant comme équivalents dans l’ Éthique , ceci en référence christique au fils de l’ Homme qui fonde sa culture qui est aussi la mienne,( où ici c’ est en général le signifiant homme qui est majusculé) ,et aussi en référence à Freud et à la castration , n’ introduit-il pas avec La femme une dimension supplémentaire au NDP dont il faut tenir compte et viendrait le décaler de sa définition première ? C’ est une question casse gueule à laquelle je me risque aujourd’hui. Ce NDP aurait pour fonction ,en dernier ressort , de nommer ce Dieu bifide que serait alors la dite Déesse blanche , l’ Un par excellence, (où faudrait-il dire l’ Une pour respecter la grammaire ? ) , qui se présente divisé aux humains que nous sommes par deux modes de jouir différents celle en jeu dans le sinthome et dans le symptôme qui font appel à deux pulsions , celle de vie et de mort , un Un qui les conjoint dans le même ensemble ? Ce Dieu bifide s’il existait mettrait en jeu un Autre de l’ Autre de l’ Autre , un Autre Réel en proie à deux jouissances différentes , phallique et féminine , qui n’ en ferait qu’ une , qui ne le diviserait pas et mérite bien alors d’ être appelé jouissance Autre ou Autre jouissance et qui ne peut pas alors être équivalente à la jouissance féminine à quoi on la réduit le plus souvent . Une femme ,elle, est divisée par sa jouissance , phallique comme pour tout homme ,d’une part ,qui la fait rentrer dans différents types de discours ,ceux de la passion dont je vous ai beaucoup entretenu qui dénient chacun à leur manière la castration et ceux qui font lien social , qui de manières différentes pour chacun ,en tiennent compte , et jouissance féminine d’ autre part qui l’ exclue de tout discours , où la passion et le lien social ne sont pas convoqués . Cette jouissance Autre verserait d’une façon absolue la Déesse blanche dans le champ de la Chose , dont le NDP qui la nommerait en ferait le Symptôme par excellence que je majuscule pour l’ occasion et qui se divise en sinthome et symptôme ( avec un petit s ) pour un sujet . Ce qui renvoie à une énumération de nom infinie pour la dite Chose , Les noms du Père , Père auquel en définitif aucun nom ne convient si ce n’ est ,dit Lacan le Nom comme ex-sistence , celui qui engendre le sujet de deux façons différentes et lui permet de lier son existence et son être .
Mais c’ est là le nœud du problème, la dite Chose dans l’ Éthique Lacan la dit muette donc que pour qu’elle acquière sa dimension d’ Autre de l’ Autre de l’ Autre il faut qu’ elle consente à parler , qu’elle renonce à sa jouissance, jouissance qui fondamentalement rend muet . Cette sortie de la mutité convoque l’ amour sous deux formes différentes , d’une part l’ amour inconditionnel où la haine est radicalement absente et d’ autre part l’ amour conditionnel qui lui engendre la haine ( cf Ego et moi ) . Elle se présente alors , me semble-t-il , comme ce que Lacan a appelé le trésor des signifiants au début de son enseignement . C’est toute l’ ambiguïté de cette dite Chose , quand elle l’ ouvre dans un dire sans dit par le biais de l’ Ange et un dire qui dit par le biais du Prophète , qui divise le ça du ça parle .Si elle reste muette elle nous suspend comme sujet humain privé d’ existence et d’ être. Abîme de l’ oubli de l’ humain où il y a quelque chance que l’ on réside un jour si la parole s’ éteint, s’il devient impossible de l’ ouvrir quel qu’en soit le mode , si on ne consent pas à être sujet du langage par le biais de la lalangue qui le supporte .Celle ci fait du signifiant son matériel , sa chose pourrions nous dire , qui s’inscrit d’une part dans le hors sens qui n’ a pas de contraire et le sens et son contraire le non -sens . Je précise que le hors sens n’ est pas le non sens qui lui serait un mauvais usage d’un signifiant donné, pas plus qu’un sens ignoré dont la castration nous prive qui serait le savoir mis en jeu dans le DA en place de vérité , celui du père réel qui renonce a en jouir . Le hors sens c’ est ce qui permet au signifiant d’ être vivant sans condition , de n’ être pas figé alors que le sens le fige , le rend mort en quelque sorte puisque son usage est imposé sans variation possible et exclue l’ invention .
Voilà un peu là où m’ ont poussée mes dernières cogitations et les données du problème où figure l’ embarras que ce signifiant Autre nous cause car il a en somme trois façons différentes de le lire . Mais les choses vue de la sorte font un sort à une théorie qui ferait du NDP un sinthome particulier propre à la névrose, qui déjà lui est fait dans la façon dont j’ ai tenté d’ articuler précédemment les choses . En effet ce Nom permet le nouage du sinthome et du symptôme , du sinthome en lien avec l’ Autre de l’ Autre dit La femme avec la mise la mise en fonction de L’ Autre imaginaire, la maman de l’ amour qu’incarne une vivante , et du symptôme, en lien avec l’ Autre dit L’ homme, l’ Autre du langage et la mise en fonction d’Un père réel qu’incarne un vivant . Ils mettent en fonction dans notre petit monde terrestre ce qu’il est convenu d’ appeler une mère et un père , signifiants attribué d’une part à une dite femme et d’autre part à un dit homme qui apparaissent à l’ enfant sous les hospices de deux étrangers : l’ Ange et le Prophète . C’ est l’ union de ces deux étrangers qui ont fait de lui le reste de leurs paroles , reste qui se présente donc comme double . Mais en définitif cette mère et ce père ne sont ni Ange ni Prophète , l’ analyse l’ en fait orphelin l’ analysant de ce genre de parents et de ce fait à l’Autre ( Autre de l’ Autre de l’ Autre) on n’y croit plus , c’ est à dire en somme qu’on ne croit plus qu’il y aurait un trésor immuable de signifiants qui peut se réduire à 2 signifiants , S0 et S1, qui préexisterait à notre propre existence de sujet parlé et parlant . Ce lieu est vide et chacun à notre façon c’ est nous qui l’ avons rempli , pas sans leur aide et ajoutons même si leur aide nous a fait tordus et tordus nous le sommes tous chacun à notre façon du fait du langage lui même qui est le propre de l’ humain.
– 1) « Les pulsions c’est , c’est l’ écho dans le corps du fait qu’il y a un dire mais ce dire , pour qu’il résonne , pour qu’il consonne ,pour employer un autre mot du sinthomeadaquin , pour qu’il consonne , il faut que le corps y soit sensible et qu’il l’ est ,c’est un fait. Version de l’école lacanienne , version parlée . Autres versions (Ornicar? page 8 séminaire du 18 novembre 1975 , Le sinthome version le seuil page 17 qui sont quasiment les mêmes ) . Mais Lacan dit dans la version parlée les pulsions et non la pulsion comme dans les deux autres versions .
– 2)C’ est dans la logique que je viens de développer que j’ ai pu dire que si ,au dire de Lacan, la religion catholique est la vraie religion , le vrai Dieu est celui de l’ Islam, il redonne à Dieu son infinie transcendance , le faisant aimable de façon inconditionnelle ,excluant toute haine possible pour lui .Alors mettre en fonction le seul vrai Dieu comme fondant une culture cela à un prix , pour les femmes bien sûr mais pour les hommes aussi car cela suppose la mise en place d’ un sur-moi social féroce qui cadre réellement la pulsion de vie et le vivre ensemble et érige en modèle un homme qui aurait su remplir cette condition, Mahomet lui même .Et, mécréante , j’ ajouterai que je serais portée à penser que ce poème, qu’est le Coran ,Mahomet en est lui même l’ auteur, s’il l’ attribue à Dieu , La femme , tel que Lacan en définit la place . L’ on peut alors repérer que Joyce lui se situe comme étant La femme, L’ artiste , en se passant de la fonction de l’ Ange si ce n’ est à se faire Lucifer , l’ Ange trompeur . D’une façon pas très catholique , il serait plus juste de dire ici pas très islamique , il restitue à sa mode à la religion catholique cette dimension de Dieu pervertie par elle mais en la pervertissant aussi à sa manière .
– 3)C’ est au sujet des hystériques que Pierre Bruno l’introduit ,repérant que ce sont les retrouvailles du sujet avec elle qui leur permettent de finir leur analyse , que se soit lors d’ un rêve ou l’ évocation d’ un souvenir qui peut alors resurgir lorsque l’ heure de ces retrouvailles est rendue possible .La question que je me suis posée est alors la suivante qu’en est-il pour les obsessionnels ? La position de ceux ci ,que je vais vous dire tel que je l’ ai entendu, dit par un bon dans le registre , est celle qui les fait se dire vraiment bon , vraiment très bon dans ce qu’ils avancent , surpris quand ils ne sont pas reconnus comme tel par le méchant Autre qui récuserait leur savoir ou par la faute duquel ils ne peuvent pas l’ être . L’ obsessionnel se positionne donc comme fantasmatiquement toujours aimable, même s’ il ne veut pas le savoir et où il peut même donner le sentiment du contraire s’ affichant comme nul , en veux tu en voilà . Or c’est une position radicalement phallique. Cette position qu’il tient à bout de bras, parfois jusqu’à l’ épuisement , ne tente-t-elle pas de recouvrir entièrement ce qu’il en est de la maman de l’ amour où est en jeu un amour inconditionnel mais qui exclut justement le phallique et où la question de l’ amour pour une femme est évacué au bénéfice du sexe et avec elle la question de la perte ? alors faire le mort….position si chère aux obsessionnels .
– 4) C’est ce que déplore Stanislaus au sujet de James dans Journal de Dublin . James ne se lave pas , s’habille n’ importe comment , supporte que Nora l’ appelle chéri devant tout le monde ..etc. pas conforme à l’ image qu’on serait en droit d’ attendre d’un gentleman , qui définit la classe à laquelle il appartient , dit-il , celle de son père. James ne fait rien qui va dans ce sens alors que Stanislaus essaie vaille que vaille de tenir cette posture comme s’il savait lui ce que c’ est qu’ être un gentleman mais qui ici ne passe que par ce que renvoie réellement l’ image car pour le reste, son père, pour Stanislaus ,s’ avérera être un imposteur . Ce n’ est pas le registre où le met James .Si James aime son père c’ est pour l’ image qu’il lui a renvoyé de lui même alors qu’il était enfant , celui dont il est si fier parce qu’il savait si bien écrire , et qui n’ a rien à voir avec le fait d’ être un gentleman ou non , qui ne renvoie à aucun signifiant maître qui signerait une appartenance à une lignée .
– 5 ) On peut se poser cette question : si Lacan barre le La de La femme , faut-il barré le Le de L’ homme ? Je le ferai volontiers mais en disant que ce Le barré est équivalent au A barré , l’ Autre du langage sous les hospices du père mort , qui n’ est pas équivalent ,me semble-t-il , à pas celui qui figure dans le S de A barré , dont Lacan regrette de ne pas l’ avoir appelé non- A , A avec une barre au dessus , non-Autre qu’ est La femme , celle qui dit non à l’ Autre du langage sans que pour autant il soit possible de parler de langage féminin , il y a des signes du féminin , particuliers à chaque Une , mais ça ne peut pas faire discours . Mais c’ est peut être les signes de chaque Une chez chaque Un qui rend les discours vivants et pas d’ un ennui mortel et qu’il faut différencier de l’ hystérisation !
