Folie et Philo

6 novembre 2009

Apprentis philosophes. Valence.

Autour de Michel Foucault : 1926-1984

Introduction :

1 : Avec le début de distance que nous délègue le jeune siècle dans lequel nous sommes entrés, on peut dire que le siècle précédent aura été le siècle des sciences humaines.

En effet, on y aura vu l’histoire étendre son empire sur toutes les autres disciplines dans lesquelles les humains interviennent comme des agents ; en outre, on se souvient du combat, d’ailleurs désormais perdu, de la linguistique pour détrôner l’histoire de son magistère sur les sciences humaines ; et enfin le dernier mouvement philosophique qui aura dépassé le strict milieu des professionnels de la philosophie, à savoir le structuralisme, peut-être compris rétrospectivement comme un effort pour faire des sciences humaines des disciplines scientifiques ordinaires.

Cependant, dans cette constellation d’une dizaine de disciplines qu’on rassemble, en France du moins, sous l’appellation de « sciences humaines », toutes n’auront pas vu passer le siècle avec la même sérénité. Je poserai ainsi comme premier point de mon exposé que la psychologie aura été la grande victime du siècle dernier, au point d’être devenu la parente pauvre (au sens où Balzac décrit sous ce nom la cousine Bette) des sciences humaines.

En effet, si la plus jeune d’entre elles, celle que Auguste Comte aura instaurée, autour de 1850, comme couronnement du positivisme : à savoir la sociologie, a pris très vite une indépendance féconde, au point d’avoir désormais des surgeons dans bien des domaines : il y a en effet désormais une sociologie des sciences ainsi qu’une sociologie des religions, la psychologie, quant à elle, est allée de crise en crise. Il faut d’ailleurs reconnaître que ses maîtres y ont été pour quelque chose : je ne relèverai qu’une erreur particulièrement désastreuse, celle de s’être engagée profondément dans ce qui passera sans doute comme le programme de recherches le plus aberrant du Xxe siècle. Je veux parler bien sûr du béhaviorisme, à savoir l’examen des conséquences de l’hypothèse selon laquelle l’activité humaine peut être expliquée sans le recours à la catégorie de signification. Pourtant les crises de la psychologie ne lui sont pas entièrement imputables car il convient aussi de rendre son dû à une marâtre particulièrement vindicative.

2 : Pourquoi ce recours aux rapports de parenté ? Parce qu’il est désormais couramment admis que les plus récentes des sciences humaines ont pris leur indépendance hors du milieu nourricier qui les avait préparées : vous aurez reconnu une description acceptable de la philosophie.

C’est pourquoi je peux poser comme second point de cette introduction que la philosophie aura été pour beaucoup dans les crises de fondement que la psychologie a traversées, tant bien que mal, au cours du siècle dernier. Comme un indice de cette méchanceté philosophique, je ne mentionne qu’une seule pièce du dossier que j’instruis ainsi pour commencer : la fameuse conférence de Georges CANGUILHEM (1904-1995) prononcée en 1956 sous le titre : « Qu’est-ce que la psychologie ? » Une question s’impose alors : Comment justifier une telle charge ? Quel était l’enjeu exact d’un tel réquisitoire ?

Je risque alors l’hypothèse qu’il en allait d’un conflit de territoire d’une nature telle que les philosophes officiels (et CANGUILHEM était alors inspecteur général, président du jury d’agrégation pendant une quinzaine d’années, choisi par Bachelard qui l’avait précédé dans cette charge) se devaient se montrer particulièrement sourcilleux. En effet, on peut soutenir avec un bon appui dans l’histoire de la psychologie que cette discipline s’est donnée, à plus d’un titre, le même domaine que la philosophie, que l’on peut désigner sous le vocable de l’esprit.

Une différence notable suscitait malgré tout l’auguste courroux des philosophes de métier. Car ce que la psychologie divisait en diverses facultés (la mémoire, l’attention, le jugement, et cætera : sur ce point voir les œuvres complètes de PIAGET (1896-1980) ), la philosophie le considérait soit comme un propre de l’homme, avec tout l’aspect problématique de cette expression, soit comme l’agent inconscient de l’histoire, selon l’intuition propre à la pensée de HEGEL.

Il est arrivé par conséquent à la psychologie ce qui ne pouvait pas concerner ses deux sœurs les plus proches : en effet les philosophes continuent à croire que la sociologie est une sorte de philosophie politique appliquée, et donc qu’elle n’est rien de plus qu’une fille émancipée qui revient régulièrement à la maison, et quant à l’ethnologie, elle n’aura jamais constitué une menace sérieuse pour la philosophie (malgré les efforts de LEVI-STRAUSS), aussi longtemps que celle-ci restait persuadée que les « peuples premiers » demeuraient au fond des primitifs.

* *

I ) Un conflit condensé dans la constitution d’un objet.

3 : Sur cette base, je voudrais montrer dans une première partie que la critique philosophique des prétentions de la psychologie à se constituer comme la science des facultés de l’esprit s’est cristallisée à l’occasion d’un effort pour construire un certain objet. En outre, je me suis donné pour tâche d’établir cette thèse dans un dialogue avec un grand philosophe français du Xxe siècle, un des membres de cet improbable trio de philosophes nés autour de 1925, et qui figurent désormais dans les encyclopédies du monde entier comme les trois fondateurs de ce que l’on désigne en anglais par l’expression de « French theory ».

Le casus belli fut le droit à faire de la folie un objet de science, et Michel FOUCAULT (1926-1984) aura été le belligérant le plus acharné dans ce conflit. D’où deux questions pour nous guider : d’abord en quoi y avait-il matière à conflit ? Puis, dans une seconde partie, montrer comment FOUCAULT s’y est pris pour conduire une contre-attaque assez foudroyante, dont les contrecoups s’estompent à peine 50 ans après.

Toutefois, je dois faire un bref préalable pour bien mesurer les enjeux de cette bataille, préalable organisé par une fresque rapide des raisons pour lesquelles la philosophie considérait que la folie relevait de sa compétence particulière. Il faut d’abord savoir que tous les grands philosophes ont écrit sur la folie, même si cet argument a au fond peu de poids, puisqu’on peut se demander s’il y a un seul objet sur lequel au moins un philosophe n’a pas écrit. Plus féconde est la seconde ligne d’arguments qui suivrait, si nous en avions le temps, les avatars d’une intuition platonicienne qu’on trouve dans un de ses dialogues majeurs : le Phèdre.

En effet, dans cet écrit de la maturité de PLATON, on peut lire avec éclat ce qui fait la constance de l’approche philosophique de la folie, presque toujours marquée d’une forme de valorisation. Si l’on suit la pagination traditionnelle du dialogue, de 244 a jusqu’à 245 b, Socrate prétend décrire les effets positifs de ce qu’il distingue comme les trois formes de folie, le mot grec choisi pour la désigner étant celui de « mania », alors qu’il existait au moins trois autres mots disponibles : « môria » – celui que choisira ÉRASME dans son célèbre Eloge de la folie – « èlithiotès » et enfin « anoia ». Ces trois figures de la folie sont celles du devin, du prophète, et enfin du poète, mais l’enjeu secret du Phèdre reste de savoir si l’amant est aussi un fou, ce sur quoi le dialogue ne conclut pas nettement.

En tout cas, le troisième point que je vous demande de considérer comme établi par cette introduction est que la folie peut-être bonne, pour le philosophe par excellence que Socrate, parce qu’elle permet aux êtres chez qui elle survient d’effectuer des actes dont ils seraient autrement incapables.

A / L’immanence médicale.

4 : Tentons maintenant de poursuivre notre effort d’appropriation de l’intuition platonicienne du Phèdre, en usant d’un lexique plus moderne, en ce qu’il pose des substances là où PLATON ne mentionne que des événements. La philosophie voit dans la folie un accès certain à un autre monde, non partagé avec les porteurs de l’humanité ordinaire, au point que je peux reformuler la démarche de Socrate comme soulignant combien les fous font l’épreuve d’une transcendance, à savoir d’une extériorité supérieure. Mais dans l’expression « autre monde », qu’au siècle précédent HERACLITE associait déjà au sommeil, il en va d’enjeux tout différents selon que vous accentuez le nom ou l’adjectif.

Je veux dire que si vous entendez surtout « autre » dans « autre monde », alors vous avez fait le pas essentiel pour que la folie puisse être considérée comme une aliénation. En revanche, entendre avant tout le nom « monde » dans cette expression ramène les fous tout près de nous : en effet un autre monde est encore un monde et, somme toute, il n’est donc pas si « autre » que cela. Voici donc un nouvel acquis, particulièrement dogmatique, mais qui permet d’être plus clair : toute l’histoire de la philosophie oscille dans sa représentation de la folie entre une exclusion plus ou moins radicale ( nous verrons en seconde partie ce que signifie ce « plus ou moins ») et un maintien fraternel des fous dans la communauté humaine.

En introduisant cette dimension de transcendance comme propre à l’expérience des trois sortes de folies, Socrate ne pensait sans doute pas que, d’une certaine façon, il aménageait une place pour la future psychologie, apparue à plus d’un titre du vivant même de PLATON, sous le stylet de son meilleur étudiant : ARISTOTE, qui allait bientôt quitter l’université privée fondée par PLATON sous le nom d’ « Académie ».

Mon argument est assez simple pour établir ce nouveau point : pour faire de la folie un domaine possible pour une psychologie à venir, il suffira donc de prendre le contre-pied exact des hypothèses de PLATON, et d’en faire un simple désordre de l’immanence, mais d’une immanence encore méconnue voire franchement ignorée : pour cela, un organe du corps difficile d’accès fera parfaitement l’affaire. Cependant l’affaire ne sera pas simple, car la jeune psychologie va se heurter d’emblée à un adversaire de taille, devant lequel elle va devoir composer, moyennant certaines décisions philosophiques d’assez lourdes conséquences. Autrement dit, s’il y a trois figures subjectives de la transcendance (le devin accède au sens du monde ; le prophète lit l’avenir dans les signes du présent ; le poète capture le monde par le langage) il faut dire qu’il y a deux sortes d’immanence. Quelles sont-elles ?

5 : L’enjeu est ici un rapport particulier de la folie à la pensée, si l’on pose comme attendu constant que les fous pensent, mal certes, mais bel et bien. On capture ou non cet enjeu selon la réponse qu’on donne à la question : avec quoi pense-t-on ? Sachant que si la pensée est une action, et qu’il n’y a pas d’action sans médiation, alors toute pensée requiert une médiation. La philosophie décidera que cette médiation universelle est le langage.

Or une des rivales de la philosophie pour l’appropriation de la folie va décider qu’on pense avec son cerveau : ce sera la médecine, tandis que la psychologie devra se résoudre à explorer les configurations fournies par la conviction qu’on pense avec et dans une langue. J’attire votre attention sur l’importance décisive ici de la distinction entre langue et langage : celui-ci est probablement un équipement inné dû à la « descente du larynx », tandis qu’une langue est une institution sociale, qui est comme telle entièrement normée par les autres locuteurs qui nous ont précédés dans l’apprentissage de ladite langue.

La philosophie, dans une de ses prétentions coutumières d’arbitrage dans les conflits extérieurs, propose ainsi deux adjectifs qui permettront de fixer la difficulté, et par là même de bien poser les problèmes à résoudre. On distinguera ainsi le mental, qui touche à la langue, et d’autre part le cérébral, qui se manifeste par des phénomènes dont les causes ne sont pas immédiatement accessibles à l’investigation.

Dans ces conditions, on pourra chercher les causes de la folie soit dans un désordre de l’accès à la langue, ou dans des affections modifiant le fonctionnement du cerveau. Pour clarifier chez les modernes les termes du conflit, le génie de la clarté de BERGSON reste à mon avis irremplaçable. Pour préciser cet aspect du problème, on se reportera à deux textes recueillis dans le volume intitulé : l’Energie spirituelle (1919). D’abord la conférence du 28 avril 1912 connue sous le titre : l’âme et le corps, puis un texte plus difficile de 1904 : le cerveau et la pensée, titre si décisif que CANGUILHEM le reprendra littéralement bien plus tard.

Un bon indicateur de l’état du problème à une époque donnée est ainsi fourni par l’existence, ou non, de l’expression de « maladies mentales » : si cette expression ne constitue qu’une extension des maladies physiques, alors la folie peut devenir l’objet d’une spécialité médicale, mais si ce sont bien des maladies mentales (et non pas cérébrales, au sens plus ou moins large) alors une science humaine comme la psychologie peut se mettre sur les rangs d’un projet explicatif de la folie. Cette analogie constitue mon cinquième point.

B/ Un nouveau partage.

6 : Toutefois, le caractère a priori de ma démarche introduite une clarté trompeuse, que l’histoire effective des sciences humaines va venir compliquer. En effet, il va falloir tenir compte de deux objections liées à des particularités factuelles qui s’organisent autour des relations incertaines du langage et de la pensée. Pour bien percevoir les enjeux de cette subdivision de mon premier mouvement, il faut assumer une thèse qui n’est certainement pas acceptée par certains d’entre vous. Cette thèse peut se résumer dans la proposition qui assure qu’il n’y a aucune activité humaine qui puisse se dire indemne de tout engagement philosophique : c’est ce que nous nommons dans notre jargon les fondements métaphysiques d’une discipline quelconque.

Car s’il est clair que les philosophes ne peuvent en général pas prouver ce qu’ils avancent, il reste que leur style a priori leur fournit une certaine liberté d’esprit dans la considération de ce qui est possible , du simple fait que c’est concevable. Or sur le point qui nous occupe, la philosophie dès ses premiers moments platoniciens se déploie dans une alternative que l’on rencontre dans les encyclopédies sous la forme du problème du « langage intérieur ». L’alternative est celle qui nous enjoint de décider si on peut penser sans une parole, serait-elle silencieuse, un peu à la façon de la lecture seulement visuelle dont St AUGUSTIN attribue l’invention à St AMBROISE dans un passage fameux des Confessions : Livre V , chapitre 12 ( voir aussi : Alberto MANGUEL : Une histoire de la lecture <1956> Actes-Sud 1998 ) ou bien si nous avons commencé à penser en nous demandant quoi faire avec les sons que nous nous découvrons capables de produire (telle est d’ailleurs l’hypothèse de la recherche la plus récente).

On voit par là que la dominante actuelle est que la première branche de l’alternative est folle : il ne peut y avoir de pensée sans langage, car sans lui nous ne pourrions même pas savoir, dans le cas de cette indépendance supposée, que nous pensons. Les deux objections que j’ai annoncées dans le premier alinéa de ce § sont alors les suivantes : si l’activité cérébrale n’aboutit pas toujours à un dire, comment le devient-elle, dans la mesure où une parole est associée à cette activité ? D’autre part, comment peut-on comprendre les aphasies traumatiques, qui semblent établir qu’une certaine atteinte du cerveau modifie de manière constante et identique, quels que soient les individus, les usages de la langue ?

Quels que soient les réponses à ces deux questions, la condition de possibilité de la psychologie apparaît clairement : elle sera la discipline qui traitera des désordres de l’esprit quand ils ne sont pas consécutifs à une lésion. Mais un domaine ainsi délimité suscitera de vives critiques chez tous les théoriciens qui rêvent d’une articulation plus forte de la psychologie à la médecine. D’où mon sixième point : coexistent encore aujourd’hui deux traditions psychologiques d’importance très inégale, au point que la première, historiquement parlant, n’est même plus reconnue comme une psychologie par les tenants de la seconde. On parle ainsi respectivement d’une psychologie philosophique et d’une psychologie expérimentale, alors que seule la seconde est aujourd’hui enseignée dans les départements universitaires de psychologie.

7 : On voit ainsi mieux en quel sens je parlais au début du § précédent d’une situation plus compliquée que celle d’une simple rivalité de la philosophie et de la psychologie pour savoir qui peut être l’expert légitime de l’esprit. Car la partie ne se joue alors plus à deux mais à quatre : aux deux partenaires primitifs viennent s’adjoindre deux nouveaux joueurs : le médecin qui veut en droit pouvoir réduire le mental au cérébral, et surtout le dernier venu : le linguiste, qui se donne un crédit d’objectivité en posant comme principe qu’il doit y avoir une discipline à même de décrire ce que sont les usages normaux du langage, si l’on veut sérieusement pouvoir en distribuer, en dernière analyse, les troubles sur une institution aussi sociale que la langue, ou aussi naturelle que le cerveau.

Il faut bien voir, et c’est là mon septième point, que la psychologie était la perdante inévitable de cette refonte du domaine, et cela pour une raison fort simple : elle prétendait empiéter sur deux approches dont la scientificité était beaucoup plus probable que la sienne. Car vous m’accorderez sans doute que se mettre à dos simultanément linguistique et médecine atteste d’un sens tactique assez réduit.

C’est pourquoi il est capital de bien se représenter que la linguistique reçut son label scientifique à l’issue d’une double restriction de son programme de recherches : d’une part l’interdiction explicite de toute enquête sur l’origine du langage, thème abandonné aux philosophes, et d’autre part mettre l’accent sur un moment descriptif, au nom de la décision métaphysique selon laquelle il n’est pas nécessaire de comprendre ce qui se dit dans une langue pour exposer comment elle fonctionne. Autrement dit, parler n’est pas en droit une activité psychique, étant entendu que seuls les humains ont un psychisme.

Cependant, le prix à payer pour ces restrictions peut sembler exorbitant : la linguistique a dû alors se passer d’une sémantique, c’est-à-dire d’une théorie des rapports entre les mots et le monde. Je soutiendrai ainsi volontiers qu’en perdant la sémantique , la linguistique aura aussi perdu le monde. Pourtant ce prix a pu sembler dérisoire au linguiste en regard des gains obtenus en contrepartie : d’une part la possibilité fondée en droit de réfléchir à une communication animale (sous-domaine désormais particulièrement actif), d’autre part, depuis une vingtaine d’années, la possibilité d’étudier les interactions en langue naturelle avec des machines.

La psychologie est ainsi entrée dans sa crise la plus grave : fondée sur la coupure épistémologique du cérébral et du mental pour ne s’intéresser qu’au second terme, elle s’est déployée en une approche dans laquelle on peut dire, par analogie, qu’elle décrivait des fonctions sans référer aux organes qui permettaient de les effectuer. Et en même temps, elle se refusait tout autant de recourir à un postulat d’extériorité qui avait permis à la linguistique de devenir la première science du langage, grâce au coup de génie de SAUSSURE : décider que le langage a la structure d’un système d’oppositions dans lequel il n’existe aucun terme positif et par là susceptible de devenir transcendant. Pour une bonne description de la situation initiale de cette configuration, voir l’introduction que Pascal ENGEL a donnée à son essai inédit : Philosophie et psychologie, ( Folio-Essais 1996).

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Transition :

Rétrospectivement, nous voyons mieux ce qui s’est effectivement passé, sans que cela soit encore pourtant tout à fait clair : la linguistique n’est pas devenue une science à partir d’un approfondissement régulier de réflexions anciennes, et donc philosophiques, sur le langage. Il y a eu une discontinuité qui est décrite tant bien que mal par l’expression, due à l’épistémologue Imre LAKATOS, de « programme de recherches ».

Or celui qui nous occupe a été désigné comme « structuralisme », c’est-à-dire la mise en œuvre des hypothèses issues de la conviction qu’un dispositif n’a pas besoin d’être compris pour fonctionner, conviction telle qu’elle aura permis de réunir sous la même approche des phénomènes sociaux apparemment aussi disparates que la mode, le panthéon ou le récit. Il a donc fallu vouloir la linguistique pour qu’elle advienne, et c’est pour s’être intéressé à ce vouloir que FOUCAULT est un auteur si important. C’est d’ailleurs pourquoi il est aussi un philosophe si difficile à classer, comme tout ceux d’ailleurs qui sont appelés à devenir des classiques.

En effet il n’est pas, en un sens, structuraliste, mais son admiration envers certains des penseurs qui, incontestablement revendiquent l’appartenance à ce mouvement, conduit à le rendre en quelque façon solidaire de cette école. Sur ce point, voire Jean-Claude MILNER : Le périple structural. Seuil 2002, ouvrage qui montre a contrario pourquoi il ne pouvait se reconnaître vraiment dans le projet du structuralisme. Car FOUCAULT se fait en quelque sorte l’archiviste des blocs de sens commun à une époque, alors que les structuralistes ne s’intéressaient qu’au réseau d’oppositions qui définissent une immanence.

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II ) Une stratégie de contournement des discours constitués sur la folie.

8 : Pourquoi FOUCAULT accorde-t-il tant d’intérêt à la psychologie ?Il faut savoir qu’à l’époque où il faisait ses études de philosophie, un certificat de la licence d’alors devait obligatoirement être décerné par une faculté de sciences. Dans le cas qui nous occupe, l’explication du choix de FOUCAULT par une éventuelle plus grande facilité de ce certificat qu’un autre passé en physique ou en biologie ne me semble pas déterminante : je souscris ici plutôt à l’hypothèse formulée par Didier ERIBON au chapitre III de sa remarquable biographie, intitulé sobrement : Michel Foucault (première édition : Flammarion 1989 ; 2ème édition augmentée collection Champs 1991). Dans la supposition de ce biographe, il y aurait une chaîne continue de l’homosexualité de FOUCAULT, vécue sur le registre de la honte au point de l’avoir conduit à plusieurs tentatives de suicide, à une hospitalisation à Ste Anne puis comme conséquence inattendue au privilège d’avoir un lit à l’infirmerie de l’École normale supérieure , jusqu‘à la supposition que des études de psychologie pourraient l‘éclairer sur les causes de ce trouble .

La troisième ligne d’arguments pour expliquer l’intérêt de FOUCAULT pour la psychologie souligne le fait que son premier poste fut un poste d’assistant en psychologie sans que cette nomination doive rien au hasard, puisqu’elle fut l’aboutissement d’un long processus de spécialisation. Du reste, jusqu’en 1966, l’année du triomphe mondial de son livre : Les mots et les choses, il sera maintenu sur un poste de psychologie. Chez un être qui avait une aussi claire conscience de son originalité philosophique, il y avait bien là de quoi éprouver une rancune tenace pour la psychologie.

Enfin, pour parfaire le tableau, on réfléchira au fait que FOUCAULT, dans la préface qu’il donne à l’opuscule de BINSWANGER : Le rêve et l’existence, cite déjà LACAN, ce qui était fort rare pour un philosophe en 1952. Je puis donc clore cette introduction à ma seconde partie sur l’idée suivante : la juxtaposition de ses problèmes personnels et de sa vision très critique du manque de fondement de la psychologie, a fait de cette discipline pour lui un objet idéal.

Je pose alors comme hypothèse que toute sa stratégie va être, dans un premier temps, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’elle ne pouvait être qu’un échec, de soustraire la folie aux deux disciplines qui s’en chargeaient alors : la psychiatrie et la psychanalyse.

A/ La tactique de l’historicisation.

9 : FOUCAULT est un stratège, à savoir un combattant qui sait que ce sont les mouvements prévus, et encore invisibles, qui commandent les mouvements présents. Un stratège évite ainsi toute polémique, parce qu’elle revient à s’inscrire volontairement comme pièce dans les mouvements de l’adversaire. Cette pensée stratégique le conduit à se dispenser de toute critique du statut donné à la folie par les disciplines en question ci-dessus, pour se concentrer au contraire sur l’élaboration d’un statut indépendant pour cet objet , et donc nouveau. Frédéric GROS , dans son remarquable opuscule : Foucault et la folie,( P.U.F. collection Philosophies 1ère édition 1997 ; 2ème édition 2004) montre que dans l’œuvre de notre auteur , entre 1952 et 1966, il n’y a pas moins de quatre couches de sens destinées à élaborer un statut philosophique de la folie.

Cette analyse lumineuse me conduit pour ma part à une remarque importante : à partir de Les mots et les choses, la folie n’est plus un objet philosophique digne d’intérêt pour FOUCAULT, ce qui signifie aussi que, comme bien des auteurs géniaux, il devient alors préoccupé avant tout des difficultés que sa propre œuvre précédente avait laissées en chemin (d’où l’énigme de son livre le plus difficile : L’archéologie du savoir, paru en 1969). L’idée directrice devient alors que la philosophie ne se prive de rien en s’efforçant de penser la folie ni comme un événement ni même comme une maladie. Il s’agit simplement de prendre au sérieux une intuition de BACHELARD, d’ailleurs reprise par toute l’épistémologie française.

Dans cette intuition, il faut distinguer soigneusement ce qui peut être objet d’expériences et ce qui peut être objet d’expérimentations. Toute expérimentation est analytique, en ce qu’elle s’organise autour de la recherche de corrélations, ce qui implique la détermination préalable de traits constituants. Au contraire, toute expérience est synthétique, et on en perd le sens d’être si on la décompose, même si elle nous semble composée de traits tout à fait disparates. 30 ans après son travail de 1953, dans le projet de préface pour l’édition américaine de L’usage des plaisirs, FOUCAULT soulignait combien son premier travail avait été décisif pour lui puisqu’il écrivait que : « Etudier dans leur histoire des formes d’expérience est un thème qui m’est venu d’un projet plus ancien (…) < puis > je me suis demandé s’il n’était pas possible (…) de penser l’historicité même des formes d’expérience. » opus citatum chapitre IV , page 67.

10 : Que peut signifier cette dernière expression ? Au moins ceci : au lieu de tenter ce qui signera l’échec du programme de recherche structuraliste, à savoir d’introduire l’histoire a posteriori dans les structures, autant partir de l’hypothèse (très hégélienne de style d’ailleurs) que l’histoire est une succession de formes d’expérience (et non pas d’événements).

Il me semble qu’un des avantages de cette nouvelle démarche est de dispenser du problème classique de la succession des structures, et cela parce qu’une forme d’expérience est toujours portée par une individualité biologique. Or les individus ont une propriété que n’ont jamais les structures : ils meurent, et une forme d’expérience peut alors disparaître avec eux. L’essentiel est ici de bien voir les conséquences de l’historicisation à laquelle procède FOUCAULT à l’égard de l’objet « folie » : si la composition du sang humain a certainement été la même au cours des millénaires, ce qui suffit à donner son objectivité à l’hématologie, on doit au contraire conclure des divers statuts donnés au fou qu’aucune science ne peut prendre simplement la folie pour objet. Autre conséquence décisive : c’est la philosophie qui est à même d’établir ce point, de sorte qu’elle conserve son autorité sur cette idée. Il n’y a donc jamais eu de « science de l’expérience » en dehors de la philosophie.

Les philosophes ont d’autre part l’habitude bien ancrée d’écrire la préface de leur oeuvre après l’avoir finie, de sorte qu’ils peuvent recomposer a posteriori le champ de bataille après l’avoir livrée , et victorieusement de préférence.

La thèse de FOUCAULT : Histoire de la folie à l’âge classique, si controversée lors de sa parution en 1961, ne fait pas exception sur ce point puisqu’elle a même deux préfaces, comme la première critique de KANT, la seconde préface étant due aux effets d’une violente discussion conduite avec DERRIDA sur l’usage fait par DESCARTES de l’objection que peut constituer la folie pour la possibilité d’une véritable connaissance. C’est ainsi que la stratégie que FOUCAULT conduit en 1961 est bien explicitée dans la première préface, étonnamment brève : elle compte à peine plus de quatre pages dans l’édition de poche : « Est constitutif le geste qui partage la folie, et non la science qui s’établit, ce partage une fois fait, dans le calme revenu. » (éditions 10/18 1964 p8). FOUCAULT, ici comme souvent ailleurs, use délibérément d’un terme ambigu : le verbe « partager » signifie en effet : « faire des parts exclusives les unes des autres », mais aussi « avoir en commun un même bien ou un même sort », de sorte que la première expérience peut même provenir de la seconde.

Je crois que cette description du geste « constitutif » d’une discipline signifie ici que des philosophes persuadés de n’être pas fous ont attribué la folie à des êtres qui ils ont ainsi décidé de traiter comme tels. Autrement dit, une science n’est jamais première, car elle ne peut intervenir que dans un champ déjà structuré par un savoir. Ou encore : quand une science s’est donnée son objet, il est déjà trop tard pour lui demander les titres qu‘elle avait à le faire.

B / L’alibi des soins.

11 : FOUCAULT suit les conséquences de la décision qu’il vient de prendre : celle qui établit qu’aucune science n’est une connaissance originaire, mais qu’elle doit faire fond sur un savoir constitué non pas par l’histoire, mais au cours du processus historique. Or une de ces conséquences est de décaler d’un degré le statut des disciplines qui soignent la folie : la psychiatrie d’abord, puis la psychanalyse en ce qu’elle est une approche plus tardive.

Car elles sont alors encore moins au principe de ce qu’elles font, pour autant qu’elles acceptent la problématique imposée par les décisions philosophiques antérieures, et surtout la plus importante d’entre elles : la décision cartésienne qui, selon le propos constant de FOUCAULT, avait commencé par exclure de la philosophie la folie une fois pour toutes. Car le partage cartésien est net : seule la conscience peut être folle alors que la Raison de l’est jamais, de sorte que Pinel pourra continuer à se fonder sur ce préjugé cartésien, pour soutenir que nous partageons la même Raison que les fous, et donc qu’il convient de les séparer de ceux qu’il désignait comme « pervers », alors que la folie ne fait rien de plus que nous diminuer sans nous dénaturer.

Il faut donc bien voir que la critique que FOUCAULT adresse à la psychiatrie, puis à la psychanalyse à partir de 1976, avec le nouveau programme de recherches annoncée par La volonté de savoir, n’est nullement première, et en particulier ne vient pas de je ne sais quelle conviction initiale qu’il aurait cherché à valider coûte que coûte. Le jeune FOUCAULT travaillait au contraire dans une problématique de type marxiste, dans laquelle l’aliénation est une conséquence de l’exploitation, de sorte qu’entre 1952 et 1961 , il a dû faire un travail sur soi considérable pour se constituer une pensée propre.

Pourtant je crois qu’il faut bien reconnaître que FOUCAULT ne nous aura guère aidé à le comprendre, en usant systématiquement des vocables les plus communs, auxquels il donnait seulement un tour supplémentaire. Un autre exemple que celui du paragraphe précédent (la signification du terme « partage ») peut être constitué par son usage du mot « expérience ». En effet, dans la même première préface à son Histoire de la folie…, et cela dès le second paragraphe, il parle ainsi du projet de son traité : « Tacher de rejoindre, dans l’histoire, le degré zéro de l’histoire de la folie, où elle est expérience indifférenciée, expérience non encore partagée du partage lui-même. », ibidem page 7. Le mot « expérience » est toujours très ambigu, d’où l’intérêt de la distinction de BACHELARD que je rappelais ici même au § 9 entre expérience et expérimentation. Or nous pouvons être tentés de croire que seule une science est à même de faire des expériences, alors que le contexte des propos de FOUCAULT montre qu’il considérait qu’une science n’apparaît que sur le fond de la destruction d’une expérience. En effet, cette destruction est la condition de son objectivité : dans le cas qui nous occupe, pour décrire la folie, il est nécessaire de lui être absolument étranger.

12 : Quelques éléments d’orientation pour finir quant au rapport de FOUCAULT à la psychanalyse, toujours selon le fil conducteur de la folie comprise comme objet impossible pour quelque savoir scientifique que ce soit. À cet égard, il convient de se servir avec précaution de l’ouvrage de Joël BIRMAN : Foucault et la psychanalyse, Parangon 2007, car il n’est pas sans approximations…. La situation de la difficulté exige que nous passions d’un livre à l’autre, à savoir de l’Histoire de la folie à Les mots et les choses, c’est-à-dire de l’impossible installation sur les lieux d’une fracture, à la description commode des blocs de sens, tels qu’ils dérivent les uns par rapport aux autres.

Or Les mots et les choses est un livre qui semble soutenu par la conviction que les objets ne précèdent pas les sciences qui s’en occupent, mais qu’ils en sont des conséquences indirectes. Ce qui importe alors est de montrer comment s’établissent les sciences, en tenant compte du fait qu’elles sont historiques, comme toutes les activités humaines. D’où un autre contresens bien tentant : croire que « historique » signifie avant tout « variable », alors que FOUCAULT montre au contraire que toutes les sciences d’une même époque se ressemblent. En effet elles ont en commun le même réseau de rejets, ce en quoi il m’apparaît que FOUCAULT relevait au moins alors bel et bien du mouvement structuraliste, quoi qu’il en ait dit par après.

En tout cas, personne avant lui n’avait remarqué la similitude des différences entre Ricardo, Cuvier et Bopp (voir sur ce point le chapitre VIII de Les mots et les choses) : l’économie, la zoologie et la grammaire ont ainsi en commun de tenter de reconstituer une réalité définitivement disparue à partir des traces de sa disparition. Il en est ainsi du travail dans la marchandise, semblablement mais autrement de la vie dans les fossiles, semblablement mais autrement de la langue du paradis dans les langues indo-européennes.

Enfin, dans le chapitre X et dernier de son chef-d’œuvre, FOUCAULT s’attache à montrer que la psychanalyse n’est qu’une de ces sciences humaines qui se constituent à la fin du XIXe siècle. Ce n’est donc ce que la psychanalyse dit de la folie qui fait que FOUCAULt s’intéresse à elle, mais cet intérêt se condense plutôt dans le souci de montrer que, parce que ladite psychanalyse est une certaine configuration du projet de faire une science de l’homme, elle ne pouvait manquer de dire de la folie ce qu’elle en a dit. Par conséquent, on peut dire qu’il ne s’intéressait nullement à la psychanalyse, mais que son souci était plutôt, d’une manière assez kantienne d’ailleurs, de montrer ce qui l’avait rendue possible. Il s’agissait donc aussi de situer la psychanalyse par rapport à une question fondamentale, philosophique bien entendu, sur laquelle je vais conclure. Mais avant de pouvoir saisir la portée de cette question, il nous faut expliciter entre quelles limites se situait le projet de ce livre déjà devenu classique : FOUCAULT l’explicite d’ailleurs nettement en le circonscrivant dans l’intervalle défini par la représentation d’une part et la finitude d’autre part.

Car nous, les humains, sommes toujours capables de représentation de telle sorte qu’aucune absence n’est jamais pour nous définitivement irréversible, alors que nous sommes par ailleurs marqués d’une finitude que nous référons, de manière variable selon les époques, à une forme d’infini, ou du moins à la nostalgie de cette infini (cette nostalgie étant caractéristique de l’époque moderne).

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Conclusion :

13 : Je postule qu’une même thématique traverse toute l’œuvre de FOUCAULT, qui est celle de la possibilité d’une anthropologie, c’est-à-dire d’un savoir ou même d’une science de l’homme. En cela il se reconnaît dans la descendance d’un grand aîné , qu’il salue d’ailleurs explicitement à la page 352 de Les mots et les choses : il s’agit bien sûr de KANT , qui reconnaissait tardivement que les trois questions qui avaient guidé son projet critique renvoyaient chacune à une autre qu’elles faisaient oublier :

« Was ist der Mensch ? »

Cette question sur une éventuelle essence de l’homme ne correspondait pas à un projet arbitraire, dès lors qu’on parvient à se représenter qu’elle prenait son sens en la rapportant à son enjeu véritable : la possibilité de croire encore à une forme quelconque d’humanisme. À cet égard, il ne faut pas oublier qu’en un sens, FOUCAULT est resté un enfant de la guerre ( en 1940 il avait 14 ans) et que la compatibilité entre la guerre et la métaphysique du progrès impliquée dans l’humanisme reste pour le moins problématique.

Après la guerre, certains philosophes ont cru toutefois pouvoir supposer qu’il serait possible de recommencer l’humanisme, mais en s’y prenant mieux, tandis que pour FOUCAULT , le verdict était tombé une fois pour toutes. Les échecs successifs de l’humanisme, et d’abord le fait que le nazisme fut le produit d’une des nations les plus cultivés de la Terre, celle de Lessing et de Goethe, devraient selon lui nous instruire sur cette illusion. Mais l’originalité de FOUCAULT aura été de ne pas se contenter d’un antihumanisme abstrait remplacé par une forme d’universalité, que ce soit celle défendue par ALTHUSSER (le prolétariat comme classe mondiale) ou celle dont LEVI-STRAUSS avait appris à se contenter (la pensée comme bricolage opportuniste).

En effet, il est le seul philosophe à avoir osé imaginer que l’illusion de l’humanisme avait son fondement dans la croyance en la réalité incontestable de l’homme lui-même , dont FOUCAULT écrit alors sans reculer qu’il n’est rien de plus qu’une figure tout à fait temporaire de certaines configurations de savoir. Chez certains jeunes philosophes aujourd’hui, un thème est récurrent dans la recherche de nouveaux concepts pertinents pour penser le présent : le thème du post-humain. Qu’ils le sachent ou non, et la plupart d’entre eux le savent, ils sont ainsi dans le droit-fil de l’héritage foucaldien.

La folie n’était donc pas un objet incontestable pour Michel FOUCAULT pour autant que ce statut d’objet ne pouvait manquer de lui faire perdre sa réalité véritable : celle d’une conduite presque ordinaire de la pensée, qui s’est manifestée chez lui par ce qui peut passer en effet pour une supposition délirante : celle selon laquelle toutes les sciences se résolvent au fond dans l’anthropologie comprise comme « science de l’homme », qui a pour caractère principal d’avoir un objet qui n’existe pas, n’a jamais existé de manière incontestable, et n’existera sans doute bientôt plus.

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Roland FAVIER, les 3 & 4 novembre 2009