octobre 2012
Nous voici partis pour une nouvelle année de travail. Nous poursuivons notre approche de l’abord de la jouissance. Pour ce faire, nous allons en passer par l’être et l’existence. Cela suit nos recherches de l’année passée.
Aborder ces deux notions va être utile car jouissance et existence émergent conjointement.
Le symbolique est premier
Reposons un peu ce que nous avions dit l’année dernière. Le symbolique est premier. Le sujet, « ça parle de lui ». Le sujet a un corps, imaginaire. Face au fait d’être joui (le « ça parle de lui »), émerge le premier réel du sujet, le moi réel primitif de Freud. Ce moi réel est objection au « être joui », objection au rapport sexuel. Il y a là un premier nouage du symbolique et de l’imaginaire par le réel. (1)
Être parlé confère au sujet son être, imaginaire. Il n’y a pas d’être réel. Il n’y a pas de réel premier à symboliser ou imaginariser. Le premier réel est ce moi réel primitif qui vient objecter à l’être qu’impose au sujet l’Autre du langage. C’est le début de l’existence comme refus de se réduire à l’être. Ce premier réel est l’embryon du symptôme (1).
Consistance et inconsistance de l’Autre
Bien que s’opposant à cette virtualisation par le signifiant, ce moi réel appelle l’Autre à produire d’autres signifiants qui échoueront aussi à pouvoir tout dire du sujet. Une autre entrée du réel alors apparaît : l’objet a. Bien que l’objet a soit un effet de structure, un effet du symbolique en tant qu’il a cette impossibilité à pouvoir tout dire du sujet, il est lié à ce petit autre parental qui vient occuper la place du grand Autre. De structure, cet objet a est pour tout sujet et sa tonalité dépendra de ce que l’enfant est pour l’Autre maternel. C’est à dire qu’elle dépendra de la place de ce jeune sujet au regard de la jouissance de cet Autre primordial. Notez les différentes façon de nommer ce grand Autre (primordial, maternel). Il y a, dans cette habitude de l’appeler ainsi, une ambiguïté à lever. Disons le de suite : le Grand Autre ne jouit pas. Il est l’Autre du symbolique, le trésor des signifiants. Mais un sujet, un petit autre vient occuper la place de ce grand Autre pour tout sujet se présentant à l’existence. De structure, le grand Autre ne jouit pas. Cette ambiguïté dans notre discours s’ajoute à une autre, celle de la croyance de chaque sujet en cette jouissance de l’Autre. Cette croyance est une nécessité dit Lacan (2). Elle est due au nouage que réalise le nom du père. La réalité psychique qui en sort contient cette existence d’un Autre de l’Autre. Dans les formations de l’inconscient Lacan parle du père qui occupe cette place d’Autre de l’Autre en tant que la mère s’en réfère à lui dans la réponse qu’elle donne à la demande de l’enfant. Dans le séminaire d’un Autre à l’autre, il dit en parlant de la réalité religieuse qu’à cette place (d’Autre de l’Autre) il y a Dieu la femme toute. Nous irons cette année creuser cette question de la jouissance de l’Autre quelque peu embrouillée où parfois ce terme est utilisé sur le mode génitif objectif et d’autres fois génitif subjectif. Sa notation est J(A) ou J(A barré) qui recouvre aussi l’autre jouissance, la jouissance féminine. Nous essaierons donc de nous y retrouver. Mais quoiqu’il en soit, dans le nœud borroméen, Lacan place J(A barré) à l’intersection du réel et de l’imaginaire. Le fait que l’Autre parle, que sa place soit occupé par un sujet le rend consistant.
Un deuxième réel
Revenons à l’objet a. C’est donc la deuxième entrée du réel (après l’émergence du moi réel originaire freudien). Il est en somme le réel de l’être soit ce que le sujet est comme objet. Il est tout ce que le signifiant ne peut dire mais aussi ce qui n’est pas spécularisable dans l’image du miroir. Nous avons là maintenant les données de base pour l’édification du symptôme. Ce dernier est issu du dédoublement du symbolique. Le sujet va ordonner à sa façon le symbolique de la lalangue maternelle afin d’exister, de vivre sa vie. Ensuite dans la névrose, le nom du père viendra sceller cela en édifiant le fantasme fondamental, cette illusion. Le symptôme se forme sur fond de castration maternelle, comme le montre la phobie. Je vous renvoie aux articles et au livre d’Isabelle Morin à ce sujet. Lorsque le père réel pointera le bout de son nez (et cela peut tarder comme pour Hans), le sujet en passera par la castration et symbolisera le manque. Il en gagnera un fantasme fondamental. Pour reprendre ce que dit Isabelle Morin, la phobie est le passage nécessaire vers la névrose(3). Elle indique que le sujet est à ce moment de structure où doit advenir la castration. C’est à cet instant de la structure où se trouvent certains enfants que nous recevons et accompagnons dans ce passage. Le fantasme qui en sort règle d’une certaine façon le rapport du sujet à la jouissance. Bien que ce soit un moment de séparation de l’Autre (au sens d’aliénation/séparation de Lacan), le lien à l’Autre est gardé dans cette illusion de la jouissance de l’Autre. Une analyse, comme le dit Lacan, sera de défaire se nouage pour en faire un autre.
A ce moment de faire face à la castration maternelle, le pervers, lui, choisit une autre solution : le démenti qui ne marque pas un arrêt, une attente comme dans la phobie mais qui permet le passage et édifient un autre mode d’assujettissement au langage. Peut être pourrons nous en voir les coordonnées cette année.
Voilà déjà un petit synopsis à travers lequel j’aimerai naviguer cette année en examinant de plus prêt quelques moments de passage.
C’est à nouveau à partir de la psychose, que je vais commencer à creuser.
Première piste : un ado s’assure de son être pour vivre son existence.
Un ado me parle de la grande guerre qu’ils étudient à l’école. Dans le même temps, il vient d’apprendre l’identité de son père. Celui ci habitant en Allemagne, il énonce que son père étant allemand, lui aussi l’est. Et de fait, s’il avait vécu à l’époque de cette guerre, il aurait été nazi. « C’était obligatoire ». C’est le destin, c’est de l’être. Parcourant ensuite la propagande nazi à travers des affiches, il s’arrête sur l’une d’elles où des mains armées de poignards frappe le mot « juif » ensanglanté. De suite il enchaîne sur un souvenir : celui de sa mère le blessant avec un couteau identique à celui du dessin. Il ne s’arrête pas sur ce signifiant « juif ». Je me demandais ce que signifiant pouvait être pour lui. Aujourd’hui je dirai que c’est son nom de jouissance. Je disais l’année passée, que cela nommait ce qu’il était pour l’Autre. Ce n’est pas faux mais il ne s’agit pas d’un signifiant donné par l’Autre. Il lui prend. Il n’y a pas de prénomination. Il s’auto prénomme. Et souvenez vous aussi qu’il insistait pour dire qu’il avait du faire quelque chose (une bêtise) pour qu’elle fasse cela. Il historise. Il s’institue comme acteur de ce jeux et pas seulement comme objet de la jouissance de l’Autre. Peut être que pour lui prénomination et nom de jouissance ne font qu’un. Disons que ce nom de jouissance vaut comme prénomination. Ce que cela a eu comme effet et sur quoi il a de suite poursuivi c’est sur la nomination de l’Autre. En s’instaurant comme objet de l’autre, il nomme aussi l’Autre. Par cette auto prénomination, il fait séparation entre lui et l’Autre. Cette séparation permet au sujet d’apercevoir et/ou de questionner une volonté de jouissance chez l’Autre.
Il n’est plus seulement signifié pour l’Autre.
Ce qu’il fait ensuite c’est de nommer un autre bout réel, celui qu’il avait dessiné, imaginarisé les séances précédentes en une chose énorme qui attend et qu’il ne faut pas titiller. Sans nom jusque là, elle devient sa mère. Qu’était alors cette chose avant ? Sa mère en tant que réelle ? Non, il s’agit de la part de lui même la plus intime et la plus étrangère. Part de lui-même anthropomorphisée. Il lui avait été donné figure humaine et maintenant figure de mère, figure de ce prochain là à disposition. L’enfant pour la mère est un objet condensateur de jouissance. Il est un des objets a dont elle s’occupe mais comme le précise lacan dans rsi, c’est un autre objet a qui cause le désir de cette mère. C’est donc l’énigme de la jouissance de ce prochain qui vient recouvrir cette volonté de jouissance qui est la sienne et qui lui est étrangère. La Chose est le moi réel originaire mais pas sans l’objet a. Nos avons là un recouvrement de la jouissance de l’Autre par le sujet (génitif objectif) par la jouissance qui appartient à l’autre (génitif subjectif). L’autre est ici écrit avec un petit a car il s’agit de la jouissance du sujet en place de grand Autre.
Si le moi réel initial est ce qui va engager sur la voie de l’existence, sur un désir d’existence, c’est l’objet a pris à l’Autre qui donnera les modalités de cette existence. Le phallus dans la névrose, ce signifiant de la jouissance, ce signifiant du « à signifier » viendra organiser l’équivalence des objets du désirs. La jouissance c’est cette volonté du réel à se faire signifier.
Voici donc la mère mise en place de Chose après qu’il en soit passé par un père pour s’assurer de son être. Être à partir duquel il va pouvoir ordonner une existence un peu sur le mode du névrosé qui s’appuie sur son fantasme, mais là en construisant une métaphore délirante à partir du « je suis allemand ».
Le signifiant « juif », que je dis pouvant être son nom de jouissance, m’a posé question. Pourquoi ne pas prendre celui de nazi dans lequel il se reconnaît ? Comme il dit, être nazi aurait été obligatoire puisqu’il est allemand. En somme c’est le destin, soit quelque chose du coté de l’être. Il ne s’est pas arrêté sur le signifiant « juif » sinon pour dire qu’il n’aurait pas pu être juif car ils sont tous morts. Ce n’est que quelques mois plus tard, qu’il me parle de la venue dans son école de survivants des camps venus témoigner. Là il marque un arrêt, surpris de s’apercevoir que certains sont vivants. Même si ce nom (« juif ») le nomme comme objet pour l’Autre, que certains en soit sortis vivants fait séparation d’avec le destin inscrit dans cette nomination. Cela lui ouvre-t-il une nouvelle voie d’existence (autrement qu’appuyée sur l’être) ? Le fait que des survivants viennent parler montre pour lui que l’on peut rechaper de la prise dans un discours de la haine tel Marie Claire nous en a montrer les ressort les années passées. C’est dans ce discours de la haine que la métaphore délirante qu’il construit (comme un fantasme pour le névrosé) l’installe. C’est à dire dans un lien à l’Autre comme objet à l’intérieur de ce discours de la haine qui veut le rayer comme signifiant (c’est le mot « juif » qui est frappé avec des poignards). Entrevoir que l’on peut s’échapper de ce destin, permettrait il de ne pas avoir à élaborer une solution du coté de l’être dont l’histoire doit métaphoriser ce risque de disparition (par exemple dans son intérêt pour l’histoire d’Héphaïstos rejeté par sa mère car il était moche) ?. Peut il trouver une autre voie dans un discours de l’amour où il pourrait bien plus s’appuyer sur son symptôme ? Va-t-il oser aller voir de ce coté là ? A suivre.
Petit aparté : ce lien entre discours de la haine et constitution de l’être est peut-être une piste à explorer au regard de la clinique de la haine dans la névrose obsessionnelle. Freud dit que la haine est plus ancienne que l’amour dans pulsion et destin de pulsions. Ce pourrait bien être lié à ce moment premier où le sujet est joui, où il se défend d’être réduit à un signifiant. L’amour n’apparaissant qu’avec la question de l’objet. Tout sujet du fait d’être joui, d’être parlé en passe d’abord par ce discours de haine.
Deuxième piste : s’appuyer sur son existence pour définir son être.
Allons maintenant vers une autre façon de faire, toujours sans le nom du père. Il s’agit cette fois d’un ado qui va partir de son existence pour définir son être. Aucun signifiant ne lui convient pour dire « quel type il est ». Toute nomination renvoie à l’appartenance à un groupe où chaque membre serait identique aux autres. Il n’est pas geek ni autre. Un jour il prend un signifiant qu’un autre lui donne. « Tu es bizarre ». Ça lui va bien car dans le groupe des bizarres, ils sont tous différents. Ceci lui permet alors de vivre son existence. Son être se construisant dans l’après coup de ces actes. Cela peut même s’écrire sur le corps et surtout sur le visage où des événements peuvent laisser leur trace dans la façon de sourire, de regarder ou dans toute autre mimique qui aura pris forme soit le jour d’un événement marquant ou encore à force de réagir de la même façon à certaines situations. Cependant il n’est pas question pour lui de croire à une science comme la morphopsychologie. Il n’y pas de livre possible où l’on trouverait, pour chaque signe relevé sur un visage, une interprétation universelle. Il est comme Freud avec le rêve, c’est à chaque sujet d’en retrouver le chemin s’il le désire.
Contrairement au premier ado, ce signifiant lui a été donné par l’autre et il s’en est saisi. Il le prend dans l’Autre alors qu’il est donné par l’autre. Ce nom de jouissance est aussi prénomination mais sans la part de ce qu’il est pour l’autre comme objet a. Différence donc entre paranoïa/schizophrénie et mélancolie/manie. Dans ce dernier cas, il y a prénomination. Le sujet est aimé par l’Autre tout en étant rien pour l’Autre. Il se débrouille seul dans la vie. Peut on parler d’identification à ce signifiant « bizarre » ? Est-ce une identification qui permet un nouage du nœud sans le nom du père ?
Précision
Ce « être rien pour l’Autre ». Ce n’est pas, ne pas être aimé. Être rien pour l’Autre est différent de « ne pas être pour l’Autre ». Il est « rien ». L’Autre refuse la jouissance de ce bien que le destin, la nature ou la médecine lui impose. Ce refus d’en jouir n’abolit pas le fait que le sujet est joui, comme rien. Il est signifié dans l’Autre comme rien. Ce qui constitue un être auquel le sujet s’oppose par le moi réel originaire (comme tout sujet). Que va t il se passer si le sujet rencontre le nom du père ? C’est à dire si le père réel se pointe ? Une névrose qui permettra la métaphorisation de ce rien à ce moment de son histoire. Et s’il ne rencontre pas le nom du père ? Le dire ainsi supposerait qu’il l’attend. Il serait dans la situation de la phobie. C’est à dire qu’il serait face à la castration maternelle et ce qu’elle ouvre de perception du féminin, du vivant dans la mère. Le mélancolique rencontre-t-il la castration maternelle ? Oui mais sur un mode radical. Ce refus de jouir de l’enfant est sans ouverture vers une expression du désir de la mère vers autre chose. Ce n’est pas par exemple le cas d’un « ce n’est pas le bon moment dans ma vie ». C’est « je ne veux pas de celui là car il n’est rien pour moi ». Le débat est clos. Il n’y a pas d’attente du nom du père. Cette configuration dépend de la position du père d’entrée de jeu. Aura-t-il fait d’une femme la cause de son désir (en sachant que cela dépend de la mère ou du père sans pouvoir le définir) ? Ce serait la seule façon que puisse être entrevu par le sujet le vivant chez la mère. Il semble que dans la mélancolie, la réponse soit non. Le père est dans une autre position (celle du destin, de la nature ou de la médecine par exemple). C’est à dire un père au dessus de la loi. Dans ce cas, le sujet ne se fera pas un nom de sa prénomination, pour ne pas se réduire au rien. N’y a t il pas là une autre forclusion que celle du nom du père, lui même forclos mais de fait ? C’est à dire une forclusion de la prénomination ? L’état pathologique de la mélancolie où le sujet se réduit à n’être rien serait alors un retour dans le réel de ce qui est forclos.
L’effet de cette castration réelle de la mère, n’est-il pas que l’objet a n’est plus le réel de l’être mais son essence ? Pour le dire autrement, ceci ne fait il pas du sujet l’objet a chu de l’Autre ? C’est à dire comme si il avait été joui comme objet et que c’est fini ?. Il a été joui sans libido (pour la mère). En d’autres termes le rapport sexuel (qui n’existe pas) a déjà eu lieu. Ce qui ferait une autre différence avec la paranoïa/schizophrénie où le rapport sexuel pourrait bien toujours advenir. Cela nous donne plusieurs écritures de l’inexistence du rapport sexuel : interdit dans la névrose (à cause de la réalité œdipienne), ayant déjà eu lieu dans la mélancolie et la manie, pouvant toujours avoir lieu dans la paranoïa et toujours là dans la schizophrénie. (merci à Marie Claire Terrier de m’avoir donné ces formules qui me paraissent justes).
Le rapport sexuel ayant déjà eu lieu pour le sujet mélancolique, ne lui reste-t-il pas alors que son symptôme pour aller vers son existence ? Ne serait ce pas là l’enjeu de la cure dans la mélancolie ?
Question d’amour
L’un est aimé (mélancolie/manie), l’autre pas (paranoïa/schizophrénie). L’un est prénommé mais le refuse (mélancolie), l’autre n’est pas prénommé (paranoïa/schizophrénie). Cela me fait poser une question à Marie Claire Terrier. Dans la prénomination, n’y a t il pas deux faces ? Une concernant l’être avec notamment tout ce qui se rapporte à l’enfant désiré, parlé même avant sa naissance et une autre touchant à l’accueil du vivant qu’est le nouveau né (« il a fait ses nuit tout de suite » « il nous en fait baver dès qu’il a su trottiner », etc) ? Il faut noter aussi que chacune touche l’être, lui en rajoute mais l’une en tant qu’elle se rapporte à ce qu’il est comme objet et la seconde à ce qu’il est comme sujet. Cependant même la part concernant ce qu’il est comme sujet est empreinte du fantasme de cet Autre maternel qui interprétera le comportement avec plus ou moins de plaisir ou déplaisir le ramenant à sa place d’objet plus ou moins satisfaisant. Tous deux vont aborder l’amour différemment. Le premier va chercher l’amour chez sa nourrice mais pas sans lui annoncer d’abord que, s’il revoyait sa mère, il l’a tuerait. Déclaration d’amour mais pas perçue comme telle par la nourrice. Il a besoin de tuer cette mère-Chose pour aimer sa mère- nourrice. Cela on le rencontre aussi dans la névrose où l’amour pour la mère, la réconciliation avec elle, n’a lieu parfois qu’à sa mort réelle. C’est ce que j’entendais d’ailleurs cet été dans une chanson d’un groupe de rap français où chaque couplet où il est question de l’amour, de l’attention à lui prodiguer, se finit par la question de sa mort. A tout les coups elle y passe, liant ainsi la question de l’amour pour elle à celle de sa mort. Quant à notre ado, après cette annonce, il prendra à cette mère- nourrice d’autres signifiants pour programmer son existence comme par exemple de vouloir faire le même métier qu’un de ces fils. Il cherche à s’assurer de l’amour d’une. Cette phase dans sa cure, s’est produite avant la découverte stupéfiante que certains ont pu survivre aux camps. Est-ce tout de même une ouverture vers le discours de l’amour ? Ou bien une version de l’amour dans le discours de la haine ? Il semble tout de même que cela en rajoute du coté de l’être pour définir son existence. Ce n’est pas le discours de l’amour. C’est l’amour dans le discours de la haine. Aujourd’hui la question est : fera-t-il le pas pour aller voir de l’autre coté, du coté de son symptôme ? Est-ce structurellement possible ?Je dirais « pas sûr » ou « peut-être » : il est en attente de pouvoir rencontrer des survivants. Il veut leur parler et leur poser des questions. Il n’a pas pu effectivement être présent à la rencontre. Il les a juste vus venir à l’école et on lui a expliqué. Il espère les rencontrer dans les classes supérieures, quand il sera plus grand. Est-ce que l’amour de cette nourrice ou bien l’amour pour cette nourrice peut l’aider à aller voir ? Dans malaise dans la civilisation, Freud dit que l’amour de la mère permet au sujet d’aller vers l’extérieur, d’aimer les autres mais aussi qu’il a une grande force à maintenir le sujet à l’intérieur du foyer. A suivre.
Le second va développer un amour du genre humain duquel il attend, tout en s’en méfiant, un retour sur son existence. Cela ne va cependant pas sans un questionnement ardu sur le respect (qui se mérite). Son respect va, pour lui, à ceux qui accueillent le vivant qu’il est et pas pour ceux qui vont à la rencontre des autres dont ils ont la charge sur le mode du fonctionnaire. Il ressent encore le poids de l’être (notamment d’élève) que l’Autre voudrait lui imposer. Dernièrement il s’est aperçu, sans en reconnaître l’origine, que cela ne lui pesait plus. De ce qu’il dit, il ne croit plus en l’Autre (jouisseur). Pas en l’Autre jouisseur du sujet comme objet mais en l’Autre pouvant lui imposer un être de dit.
Cela lui permet d’assumer, sans honte, sa non réponse satisfaisante pour l’Autre (notamment dans ses résultats scolaires). Il sait qu’il peut faire quelque chose de sa vie pour laquelle il a besoin du baccalauréat sans s’appuyer sur les obligations de l’école. On peut dire qu’il s’appuie sur son symptôme, épinglé du nom de « bizarre », pour son existence.
Conclusion
Tout ceci m’amène à la question de la conduite des cures et à celle du symptôme. Cela a à voir ou n’est pas sans effet sur la question de la jouissance. Si la jouissance est la volonté du réel à se faire signifier ou la réponse à cette intention du réel, la construction pour chaque sujet de son rapport au langage est traitement de la jouissance. Cela vaut pour tout mode d’assujettissement au langage (névrose, psychose, perversion). Le symptôme, s’originant du moi réel initial freudien, est ce sur quoi le sujet peut s’appuyer. Mais est-ce la seule voie d’existence ? Dans RSI, Lacan place dans les champs d’existence les jouissances mais aussi le ternaire freudien inhibition, symptôme, angoisse. Il y a donc une existence qui s’appuie sur l’être et pas sans jouissance. Dans le champ social tel qu’il se présente actuellement, les demandes que l’on reçoit sont souvent de l’ordre de l’être, du coaching. « Je n’arrive pas gérer mes enfants et mon boulot » ou « je voudrais être un homme, un vrai » etc. La psychanalyse propose une autre voie. A la fin d%2