Créée le 21 janvier 2002, à l’initiative de trois personnes – Pierre Bruno, Isabelle Morin, Marie-Jean Sauret, l’Association de psychanalyse Jacques Lacan L’APJL, compte actuellement plus de deux cents membres, en France et à l’étranger : Autriche, Canada, Colombie, Costa-Rica, Danemark, Espagne, Grèce, Japon, Vénézuela, Vietnam.
Le 28 décembre 2001
Chers collègues,
Donc, nous n’avons pas adhéré à l’École de psychanalyse du Champ lacanien. Nous allons poursuivre, autrement, l’expérience des Forums, sans nous forcer à entrer dans un corset qui ne nous convient pas.
L’institution contredit l’association. C’est à quoi pourrait se résumer notre objection, à juste ajouter : parce que l’institution sécrète, implacablement, un savoir académique, sans parler de l’inflation bureaucratique…
Faire école se prouve en marchant, à la mesure du savoir psychanaly tique qui se dialectise dans l’essai que chacun, sans exception, doit faire pour le réinventer. Quant à la passe, sa fonction n’est pas seulement de sélectionner les « meilleurs », ni de recueillir témoignage de la fin suppo sée mais aussi d’examiner en quoi consiste ce « risque fou » (Lacan, 1973) du devenir analyste.
Le franchissement est, ou n’est pas, là, la psychanalyse de chacun étant une condition nécessaire mais certainement insuffisante si le métier » vient à quelqu’un(e) sans ce choix de servir au discours ana- lytique. C’est ce pari que nous avions, à Rio déjà, clairement proposé et dans lequel nous nous engageons maintenant sans tarder plus.
À ces fins, nous allons créer une association, exclusive d’aucune, et respectueuse de toutes. Que ceux et celles qui désirent y trouver leur place contactent l’un d’entre nous.
Pierre Bruno, Isabelle Morin, Marie-Jean Sauret
Le 23 janvier 2002
Chers collègues,
L’association dont nous annoncions la création dans notre lettre du 28 décembre 2001 existe désormais sous la forme d’une association loi 1901, car nous avons pensé nécessaire cette inscription symbolique dans le tissu social qui, en conséquence, fait adresse. Sa dénomination : Association de psychanalyse Jacques Lacan.
Ses statuts sont délibérément minimaux. Ils s’écartent peu des statuts types, sauf pour donner au bureau les moyens d’une responsabilité effective, inscrire l’exigence de permutation, faciliter la dissolution. L’article qui concerne les objectifs, implique que cette association se propose de « faire école ». Si les membres le souhaitaient, il serait rapidement possible de l’expliciter dans les statuts (1).
Chacun est maintenant invité à réfléchir, à faire et mettre en oeuvre des propositions, quant aux modalités qui seraient appropriées pour cette « élaboration continue et critique du savoir psychanalytique » que nous voulons. S’agissant d’une expérience, l’aide des habitudes est limitée, ce qui vaut peut-être mieux. Mettre la théorie dont nous disposons en problèmes peut constituer une indication satisfaisante, mais seule sa concrétisation permettra de juger si cela suffit pour empêcher qu’un savoir formellement impeccable ne couvre une pratique contaminée par le discours du maître avec, comme conséquence, la sédimentation d’un savoir à œillères. Pour ce qui est de la passe, elle n’a pas à être administrativement encadrée, ou standardisée, pas plus que la cure elle-même. Elle demande simplement de tenir compte de ce que ses acteurs concrets (passant, jury ou cartel, passeurs) sont plus nombreux que dans une analyse (analyste, analysant) sachant de toutes façons que les conséquences de ces deux expériences vont au-delà des personnes qui y sont en fonction. Une idée à examiner, et à expérimenter éventuellement, serait de prévoir deux psychanalystes extérieurs à l’association dans le jury ou cartel de la passe pour éviter, autant que faire se peut, l’effet d’entre-soi.
Nous avons proposé à trois collègues de constituer le premier bureau. Ils auront à être élus. Ce sont : Claudine Casanova (secrétaire), Marianne Lateule (trésorière), Armando Lopez (président).
Si vous le souhaitez (et si vous ne l’avez pas déjà fait), vous voudrez bien adresser à l’un d’entre eux votre demande d’adhésion.
Enfin, nous allons constituer une liste de discussion par e-mail pour permettre les échanges. En attendant, le courrier peut être adressé au bureau, qui diffusera. Cordialement.
Pierre Bruno, Isabelle Morin, Marie-Jean Sauret
(1). Article 2 des statuts de l’ Association de psychanalyse Jacques Lacan, « Objet » :
« L’association a pour objet l’élaboration continue et critique du savoir psychanalytique en référence à sa découverte par Sigmund Freud et à sa fondation par Jacques Lacan. Spécifiquement, l’association entend se donner les moyens pour élucider ce qu’ il en est du désir du psychanalyste et des conséquences du discours psychanalytique quant aux civilisations. Elle se donnera pour moyens cartels, séminaires, forums, enseignement, etc. Elle se dotera d’une revue pour permettre la discussion critique de ses résultats par les associations de psychanalyse ayant des objectifs convergents et par le public concerné. Enfin, elle encouragera toute initiative visant à prévenir la transformation de l’association en institution et à empêcher la constitution d’une bureaucratie de fait. »