Se faire un nom, se faire un corps. A propos du poète Mathieu Bénézet.

Décembre 2013

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Les éditions Flammarion ont publié en 2012, dans leur collection Mille & une pages, Œuvre 1968 – 2010, de Mathieu Bénézet, mort il y a quelques mois. Le recueil comprend en particulier L’Imitation de Mathieu Bénézet, livre paru chez le même éditeur en 1978. Cette Imitation est composée de neuf « Livres » plus une « Epitaphe », alternant poèmes et proses, le tout comme hanté par le fantôme d’une « mère », sans visage. Mettons en exergue de ce travail cet extrait de la prose poétique La terre le maquille :

« Elle porte la bouteille d’encre à la bouche, le noir fait le tour de la bouche, le noir salit le tablier, coule des lèvres, voix morte qui se détache de la gorge, la voix-enfant s’épand au-dehors sur le blanc apprêté du papier. Elle porte une main aux lèvres, elle comprend, elle pleure, le son coule allitérant le monde, oh dis-je donnez-moi du dialogue philosophique ! de l’animal, je fais le chant avec de la peau » .