Avril 2013
Présence de la psychanalyse à Bordeaux : l’angoisse et le réel dans la cure analytique
Avec l’Homme aux cervelles fraîches, loin de s’en tenir aux « dires de son patient »1, Ernst Kris « va aux pièces » 2, écrit Lacan. Kris omet que la cure n’est pas une affaire de réalité mais de discours. Ce faisant, il en perd ainsi la direction.
Lacan précisera plus tard, en 1972, dans « L’étourdit » que ce discours concerne « le sujet, qui, comme effet de signification, est réponse du réel. »3 Je crois bien en saisir les prémices dans ce séminaire X sur l’angoisse. Lacan dénonce l’idée de Kris que cet écrit se veut un témoignage d’une nouvelle forme d’interprétation « par paliers successifs »4, un nouvel abord de la psychanalyse.
Dans le neuvième chapitre du séminaire sur l’angoisse, Lacan révèle le changement dans le positionnement de l’analyste et l’abord du transfert autour de l’objet a. Difficile de dire quelque chose sur cet Homme aux cervelles fraîches sans plagier à mon tour, tant les commentaires, critiques et interprétations du célèbre cas foisonnent, infiltrent mes idées.
Pour rappel, voici une liste, loin d’être exhaustive sans doute, des quelques passages que j’ai pu repérer dans lesquels Lacan parle de ce cas :
– Dès le séminaire I « Les écrits techniques de Freud », séance du 10 janvier 1954, pages 71-72 : Lacan y souligne « ce besoin de père réel, créateur et puissant » de l’Homme aux cervelles fraîches ;
– Dans le séminaire III « Les psychoses », séance du 11 janvier 1956, pages 92-93 , Lacan reparle de Kris à propos de la défense ;
– Plusieurs passages dans les « Ecrits », notamment dans « La direction de la cure et les principes de son pouvoir » auquel je vais me référer principalement ce matin ;
– Lacan fait aussi allusion à ce cas dans le séminaire XIV « La logique du fantasme », inédit, séance du 8 mars 1967 traitant de l’acting out.
L’ équivoque sarcastique de Lacan « rien à frire »5, dont je me suis servie pour le titre de mon intervention, cette équivoque « rien à f. » m’a interpellée et motivée pour intervenir ici. Elle semble déjà pointer, in fine du passage sur l’interprétation, que le symbolique n’est pas tout…Une équivoque, c’est ce qu’aurait sans doute fait l’analyste de l’Homme aux cervelles
fraîches, s’il avait été lacanien, s’il avait été au bout de son analyse !
Mais nous sommes en 1948 lorsque Kris publie son rapport ; cette fin butait sur le roc de la castration ; Lacan planchait sur « L’agressivité en psychanalyse » et l’objet petit a était encore à inventer.
Je vais tenter d’extraire de cette séance du 29 janvier 1963 6, autour de l’acting out de l’Homme aux cervelles fraîches, avec l’aide du texte de Kris et celle du commentaire ironique qu’en fait Lacan dans « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », un peu de ce qui fait la particularité d’une cure lacanienne, de son interprétation, du transfert qui y est rattaché et son rapport avec l’objet a, particularité dont Lacan ne démordra pas me semblet-il malgré les changements qu’il opèrera plus tard à son propos, changements qui le conduiront à une interprétation orientée par le réel. Il en énoncera les règles avec précision
dans « L’étourdit »7.
Une petite précision technique, lorsque je ne mentionnerai pas les pages des citations, il s’agira du texte d’origine, celui d’Ernst Kris intitulé « Psychologie du moi et interprétation dans la thérapie psychanalytique » . Pour les citations de Lacan, je vais tenter de vous préciser le texte et la page. Lorsque, pour la première fois, pour notre matinée, je me suis enfin penchée sur la version
originale de ce cas, j’ai eu deux surprises : La première avec ce titre indiquant clairement une visée thérapeutique, non pas psychanalytique. La seconde du fait qu’il serait d’avantage question ici de savoir si ce qui est dit est vrai ou ne l’est pas et, au fond, si peu de ce qui se dit et comment. Car « il n’y a pas d’autre résistance à l’analyse que celle de l’analyste lui
même »8 rappelle Lacan et « la vérité n’est pas de la nature du désir »9.
Cette vignette clinique aborde justement la question du désir, et son rapport à la pulsion ( $ ◊ D ) sujet barré, coupure de grand D, la demande. Lacan en rappelle la formule au début de ce séminaire, dans le graphe du désir10 page 12
Comprendre le transfert, interpréter les résistances, mettre à jour les mécanismes de défense, bref, explorer une partie de la « surface psychique », pour reprendre sa formulation, telles sont les propositions de Kris. C’est sans doute pourquoi, des propos du patient, de leur grammaire, de leur logique, de ses homophonies, à la lettre, on n’en entend pas la douleur, la jouissance, ou si peu.
Alors, l’ Homme aux cervelles fraîches, qu’en dit Kris 12 ?
Cet « intellectuel d’une trentaine d’années, … universitaire … de haut rang » , vient consulter pour une seconde tranche d’analyse. Il énonce une plainte de l’ordre de l’inhibition à « pouvoir publier ses importantes recherches » ce qui lui permettrait de faire meilleure pêche professionnelle, si je puis dire.
« Il est maintenant en permanence assailli par la compulsion à prendre les idées des autres », symptôme qui ne fait que répéter un « incessant besoin de prendre et de voler qui s’était manifesté à la puberté » et avait sans doute motivé sa cure initiale.
« Alors que tout est prêt pour la publication effective d’un de ses travaux », ses angoisses d’être plagiaire l’assaillent de plus belle.
Mais l’ analyste, tel un père, imaginaire du patient dans lequel il semble pris, l’analyste veut dompter la bête (le bête devrai-je dire !) et vérifie dans la réalité que l’écrit de l’Homme est bien novateur ; puis il tente de l’en convaincre, qu’il ne manque pas d’idées, car en fait Lacan précisera que Kris entend démontrer à son patient que plagiaire, « il veut l’être pour
s’empêcher de l’être vraiment »11.
En renvoyant son analysant à la réalité, en ne faisant pas « appliquer par le sujet la règle analytique »12 (associer librement), Kris tente de déculpabiliser le sujet au lieu de le laisser en venir à sa question. En « pêchant » du côté de l’imaginaire, du pourquoi se sentirait-il en faute, combien même il n’en serait rien, ou n’en saurait rien, il perd la direction de la cure,
qui conduira à l’acting out.
Lacan souligne qu’il tente d’« analyser la défense avant la pulsion, qui ici se manifeste dans l’attrait pour les idées des autres. »13
Le malheureux se croyait donc plagiaire et le thérapeute « veut réduire son patient par les moyens de la vérité »14 nous dit Lacan, « il lui montre de la façon la plus irréfutable qu’il n’est pas plagiaire, il a lu son bouquin, son bouquin est bel et bien original, c’est au contraire les autres qui l’ont copié. »15
Suggestion ! Kris use de son pouvoir. Alors l’Homme « bientôt transpire qu’ (un) éminent collègue s’est emparé de façon réitérée» de ses idées. Bref, il se dit maintenant lui même plagié, à son tour. Ce passage d’une forme active à passive (plagier – être plagié) signe ici le trajet de la pulsion avec son renversement en son contraire. La pulsion, silencieuse, lie corps et inconscient, tourne autour d’un vide qui peut-être capsulé par n’importe quel objet, mais cet objet, on ne
le voit pas, cf. la formule de la pulsion, ( $ ◊ D ).
Dans les deux cas, plagiaire ou plagié, la conséquence en est son empêchement à produire, à être publié. Oui, j’y vois ici plus un empêchement qu’une inhibition. D’ailleurs, dans la matrice que Lacan nous donne dans ce séminaire, l’empêchement est bien dans la même colonne que l’acting out.
Donc ça insiste lourdement, il y a répétition, et ce malgré les explications de Kris qui poursuit : « La projection de ses idées sur les images paternelles venaient de son désir d’avoir un père à la hauteur (un grand-père) », père qui avait « failli à la charge de se faire remarquer dans sa propre partie » et n’arrivait pas à la cheville du « grand-père, un éminent savant » ; père auquel le patient s’identifie.
Le déplacement de l’éminent savant de grand-père à l’éminent collègue n’ échappe pas au thérapeute, les souvenirs de parties de pêche enfantines autant que les rêves sont interprétés dans le sens d’un « désir d’incorporer le pénis paternel ».
Vous voyez bien cette interprétation dans le sens du conflit oedipien, du conflit entre pèrefils, grand-père savant et père inculte. Soit l’Homme aux cervelles fraîches a des idées et il dépasse son père. Soit il n’en a pas, comme son père.
Lacan ne remet pas en cause cette interprétation autour du signifiant « grand » et de ses implications au plan symbolique (cf. le séminaire I). Mais l’interprétation de Kris, dans une lignée très freudienne, se situe exclusivement du côté de l’interprétation du sens, dans la mise à jour d’un désir caché, refoulé. Cette interprétation porte autour du signifiant
« grand ».
La cure doit porter au delà du complexe d’oedipe, le Réel doit surmonter le Symbolique16, précisera Lacan plus tard, en 1975, dans « R.S.I. », et il le démontre, me semble-t-il, déjà ici . Dans le séminaire XI, il réhabilitera clairement la pulsion comme un des quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse parmi l’inconscient, la répétition et le transfert.
Dans L’angoisse, la démonstration de Lacan porte sur l’objet a cause du désir (et non pas objet du désir). Il précise dans le chapitre précédent celui qui nous occupe aujourd’hui, que « l’objet est derrière le désir. »17
C’est pourquoi Lacan analyse en partant du symptôme vers l’objet a : L’objet de l’Homme aux cervelles fraîches est difficile à dégager même si la pulsion orale semble évidente ; l’affect qui y est rattaché n’échappe pas à Lacan : le dégoût pour les idées.
« Leur refus symboliquement motivé me paraît avoir beaucoup de rapport avec l’aversion du patient pour ce qu’il cogite. »18. Bref, pas d’idée, dégoût pour ses idées, tel est le symptôme. Cet Homme met tout en oeuvre pour éviter, dans cette a-version, la confrontation avec la faille paternelle, ce père sans idée, pour éviter la solitude du manque dans l’Autre, qui
conduirait à la castration : (le manque dans l’Autre) : S ( A barré)
Je souhaite à présent reprendre le commentaire de cette fin du chapitre IX , en reprendre sa lecture pour la mener à sa fin, cette fin qui est, vous l’avez lu, le désir de l’analyste.
L’acting out :
Alors revenons à cet acting out. Face aux interventions de Kris, l’Homme reste coi, silence d’un impossible à dire. Pas d’acquiescement, encore moins de refus. « Le sujet ne peut pas le contester. Seulement, il s’en fout. En sortant, qu’est-ce qu’il va faire ? […], il va bouffer des cervelles fraîches. »19, glissement métonymique des idées des autres, à la cervelle. L’Homme a
recours à l’imaginaire par défaut de symbolisation et met sur la scène, à chaque fin de séance, ce que Kris ne voit pas, puisqu’il n’y entend rien : aller reluquer et manger de la cervelle. C’est en cela que Lacan dénonce « La valeur corrective de l’acting out » 20.
Mais aussi il permet « l’évitement de l’angoisse. »21, angoisse qui surgit lorsque le manque vient à manquer, lors de la rencontre avec l’objet a. Cet acting out, c’est « l’insurrection du a, resté absolument intouché. »22, l’insurrection de ce
patient à l’encontre des interprétations qui lui sont imposées .
Contrairement au passage à l’acte, comme nous l’avions vu pour La jeune homosexuelle ou pour la gifle de Dora, qui se situe dans le registre du « monde, l’endroit où le réel se presse »23, l’acting out est « essentiellement quelque chose, dans la conduite du sujet, qui se montre.L’accent démonstratif de tout acting out , son orientation vers l’Autre, doit être relevée »24 . Jouant sur « la scène de l’Autre »25, il est corrélé à la fiction. Ainsi opère-t-il bien dans le registre de l’imaginaire : « ce qui se montre se montre essentiellement comme autre que ça n’est. »26
Cet acting out va ainsi montrer le désir que n’a pas su entendre Kris, mais un désir voilé quant à sa cause. C’est ce que Lacan explique avec ce « voilé sans doute, mais non pas voilé en soi… L’essentiel de ce qui est montré, c’est ce reste, sa chute, ce qui tombe dans l’affaire »27. Mais, « Quand vous regardez les choses de près, la plupart du temps vous vous apercevez que
le sujet sait fort bien que ce qu’il fait dans l’acting out, c’est pour s’offrir à votre interprétation. »28 Appel à l’interprétation ! C’est pourquoi ce patient finit par dire à Kris ce qu’il fait à chaque fois qu’il sort de chez lui. Pourtant Lacan se demande si celle-ci est
possible.
L’interprétation lacanienne passe par le transfert en a : Lacan pointe aussi l’importance du transfert : « A la différence du symptôme, l’acting out, … c’est l’amorce du transfert. C’est le transfert sauvage. »29
Pour le symptôme, qui reste à déchiffrer, l’interprétation nécessite le transfert, le sujet supposé savoir, car il n’est pas un appel à l’Autre, il est jouissance et va vers la Chose. L’interprétation se doit de partir « des dires du sujet, pour y revenir, ce qui veut dire qu’une interprétation ne saurait être exacte qu’à être… une interprétation. »30 Donc l’interprétation n’est pas une explication, puisque elle doit prêter à interprétation, surprendre d’un sens nouveau.
Mais le symptôme n’est pas uniquement à déchiffrer : une part réelle du symptôme persiste à travers la jouissance, part réelle d’un impossible à dire qui ne se laisse pas attraper par le signifiant.
Lorsqu’il reprend ce cas dans la direction de la cure, Lacan pointe à Kris : « Ce n’est pas que votre patient ne vole pas, qui ici importe. C’est qu’il ne… Pas de ne : c’est qu’il vole rien »31 Ce que met à jour Lacan, cet objet a, c’est l’objet rien. Ce n’est donc pas du côté du sens , c’est bien l’objet rien de l’anorexie, objet parmi les objets partiels de la pulsion (sein, fèces, regard, voix), car il entend démontrer « le rapport profond, nécessaire, de l’acting out avec le a »32. Interpréter l’acting out « est promis à peu d’effets » précise-t-il en s’opposant aux trois modes d’intervention qu’énonce Phyllis Greenacre face à l’acting out, à savoir l’interpréter, l’interdire ou renforcer le moi33. De ces trois possibles, Lacan n’en retient aucun.
Ainsi, « rien à frire », ni poisson, ni cervelle, rien, « anorexie (… ) quant au désir dont vit l’idée. »34 conclut-il dans la direction de la cure, rien à faire du sens, de la quête de sens. De l’acting out, en fait, ces lectures croisées me permettent de comprendre qu’il ne s’agit pas d’en trouver le sens, mais la direction, laquelle direction passe par là, passe par l’a, l’objet petit a, ce réel qu’il est au bout du compte, « le petit a ou la livre de chair. » 35, ce reste irréductible, car « ça n’est pas le sens, quel qu’il soit, de ce que vous interprétez qui compte, c’est le reste. »36, reste duquel on va extraire le mode de jouissance du sujet.
Cette livre de chair, c’est quoi ?
Lacan y fait allusion quelques pages plus haut en parlant de « la coupure… avec les enveloppes embryonnaires »i37. Il nous renvoie ici au « mythe de la lamelle »38 évoqué au congrès de Bonneval, en 1960, lamelle qui figure la libido, espace irréel « au sens où l’irréel n’est pas l’imaginaire et précède le subjectif qu’il conditionne, d’être en prise directe avec le réel. »39. Il s’agit de cette castration réelle, part du vivant à jamais perdue, du fait que nous sommes des êtres parlant sexués, perte indispensable au désir et à la pulsion, c’est pourquoi l’objet a est derrière le désir, comme cause.
C’est ce qui nous renvoie à la jouissance, au vivant, à « La Chose freudienne »40dont Lacan parle à la toute fin de ce chapitre, le réel, en opposition à ce qui vient de l’Autre, le lieu des signifiants, le symbolique. C’est ce qui renvoie à la lettre. Lacan inaugurait ce chapitre de l’angoisse par : « C’est de l’Autre que le a prend son isolement, et c’est dans le rapport du sujet à
l’Autre qu’il se constitue comme reste. »41. Il est donc question de séparation pour laquelle l’angoisse vient à la place de la faille dans l’Autre.
L’Autre, nous l’avons vu, c’est le lieu des signifiants, par lequel il faut en passer pour nommer, se nommer. Mais le sujet découvre nécessairement cette inconsistance de l’Autre, cet Autre barré. [A – a ] =
Nous avons donc du côté de l’Autre ce manque inéluctable. Isolement, parce qu’aucun Autre ne pourra y répondre jamais, pas de garantie Cf. le schéma concernant la division du sujet page 135. S( A barré ) . De cet Autre entamé, barré, se déduit cette perte, ce reste, sa chute, ce qui tombe dans l’affaire, cette livre de chair : a
La pulsion commence lorsque la demande se tait, dira Lacan dans « La logique du fantasme »42. Dans sa formule, l’objet petit a n’y apparaît pas, contrairement à celle du fantasme : ( $ ◊ a ). C’est pourquoi, pour attraper l’objet de la pulsion, dans la cure, il va falloir en passer par le fantasme. Lacan précisait, que chez le névrosé le fantasme se présente d’une façon privilégiée
comme la pulsion, ( $ ◊ a ) comme ( $ ◊ D ). Le fantasme, situé au lieu de l’Autre, vient obturer le manque dans l’Autre, en interprétant le désir.
On le saisit en étudiant le graphe : la ligne du désir conduit vers le fantasme, juste en dessous du troisième étage, celui qui conduit de la jouissance à la castration, ligne du transfert. Et donc, juste avant la castration, la pulsion. Le trajet de l’analyse passe ainsi du manque au reste afin de se séparer de l’Autre, passage par S(A barré) pour déloger a
et le sujet se constitue comme reste : a ―› $
Du désir de l’Homme aux cervelles fraîches au désir de l’analyste. Cette vignette clinique renvoie à la question du désir. Le désir du sujet, c’est le désir de l’Autre. Je me suis demandée, puisque Lacan les associe dans ce chapitre, le point commun qu’il pouvait y avoir, au delà du passage à l’acte et de l’acting out, entre cet homme, Dora et aussi la jeune homosexuelle dont nous avons parlé précédemment. Ne serait-ce pas de protéger le père ?
Lacan conclue ce chapitre avec le désir de l’analyste, désir qui n’a rien à voir avec le désir au sens général, contre poids au contre-transfert des post-freudiens qu’il critique. Face au transfert, se faire semblant de a, transfert qui passera par ce qu’il appelle les objets (a), ce qui en explique la bivalence. 42 J. Lacan, « Le séminaire XIV, La logique du fantasme », inédit, séance du 12 avril 1967.
« L’essentiel qu’il y a dans le jeu de mots, c’est là que doit viser notre interprétation pour n’être pas celle qui nourrit le symptôme de sens. »43 Car ce qui concerne l’interprétation lacanienne, ce n’est pas le sens. Y comprendre rien, la tache du psychanalyste, au delà du sens, est bien d’orienter les choses vers le réel, vers là, vers l’objet a, « opérant dans le réel au titre de l’objet dont justement il n’y a pas d’idée » 44, a-point de vérité du sujet.
Pour conclure, en forme de boutade, ce chapitre rappelant l’acting out de l’Homme aux cervelles fraîches et l’analyse qu’en fait Lacan, je dirai que, plutôt que d’aller aux pièces, un analyste, lacanien évidemment, (se) ferait semblant de rien.
1 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir», in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.599
2 Ibid., p.599
3 J. Lacan, « L’étourdit » 1972, in « Autres écrits », Le Seuil, Paris, 2001, p.459
4 E. Kris « Psychologie du moi et interprétation dans la thérapie psychanalytique »
5 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir», in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.601
6 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004,
7 J. Lacan, « L’étourdit », in « Autres écrits », Le Seuil, Paris, 2001, p.491-492 : « équivoques dont s’inscrit l’à-côté
d’une énonciation, se concentrent de trois points-noeuds … homophonie…grammaire… logique »
8 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir», in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.595
9 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.146
10 Graphe que J. Lacan explique en 1960, cf. « Subversion du sujet et dialectique du désir » , dans « Écrits »
12 E. Kris, « Psychologie du moi et interprétation dans la thérapie psychanalytique »
11 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.599
12 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.586
13 Ibid., p.599
14 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.147
15 Ibid., p.147
6 J. Lacan, « Le séminaire XXII, R.S.I. », inédit, séance du 14-01-1975.
17 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.120
18 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.601
19 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.147
20 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.600
21 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.137
22 Ibid., p.151
23 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.137
24 Ibid., p.145
25 Ibid., p.137
26 Ibid., p. 145
27 Ibid., p.146
28 Ibid., p.149
29 Ibid., p.148
30 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.601
31 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.600
32 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.144
33 Ibid., p.149
34 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.601
35 J. Lacan, « La direction de la cure et les principes de son pouvoir », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.147
36 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.149
37 Ibid., p.143
38 J. Lacan « Position de l’inconscient », in « Écrits », Le Seuil, Paris, 1966, p.845 à 848
39 Ibid., p.847
40 J. Lacan, « Le séminaire livre X , L’angoisse » , Le Seuil, Paris, 2004, p.152
41 Ibid., p.135
43 J. Lacan , « La troisième » , intervention au Congrès de Rome, le 1er nov. 1974
44 Ibid.
