De la mère sorcière… en passant par une femme

le 20 Mars 2012

Séminaire le Mans : La jouissance en question

Les années passées je me suis mise sur les bras cette question « qu’est ce qu’une mère ? ». Non seulement au regard de l’enfant mais aussi de la femme appelée à occuper cette place. Nous avons cette année orienté avec Emmanuel Lehoux notre question autour de la jouissance. Que l’une n’aille pas sans l’autre on s’en doute un peu. La jouissance est propre à l’humain, c’est ce que, tant bien que mal, j’ai tenté de dire dans ma précédente intervention. Celle qui est en première ligne dans l’humanisation d’un vivant, versus jouissance, c’est une femme dite donc une mère. Je pose l’axiome de départ, sans lequel on ne pourrait rien dire ou du moins se comprendre un minimum, qu’une mère est une femme et un père un homme, vivants parlants, sujets du langage. Ceci suppose donc de consentir à s’en faire la dupe car, ceci étant dit, la question de « qu’est-ce qu’un homme ? » et « qu’est-ce qu’une femme ? » n’est pas pour autant résolu …à suivre donc. L’on peut dire qu’une femme, celle qui sera nommée « maman », nomination sur laquelle je reviendrai la prochaine séance pour voir ce que nomme ce signifiant, cette femme qui a porté l’enfant dans son ventre, qui l’a réellement fait naitre, qui l’a accueilli d’une certaine façon après sa venue au monde peut prendre figure de sorcière comme étant celle qui initie l’enfant à la jouissance. Après le crocodile, voilà la sorcière ! Pas fait pour améliorer le regard qu’ont les détracteurs de la psychanalyse sur celle-ci, même si sorcière c’est déjà un peu mieux que crocodile ! J’ai le sentiment quant à moi qu’on se débrouille mieux avec une sorcière qu’avec un crocodile, mais cela reste très subjectif. Mais quand même, une sorcière on n’est pas obligé d’y croire voire de la croire, si on est supposé en avoir une devant soi, mais un crocodile c’est une autre affaire. L’imaginaire de la sorcière on peut s’en débrouiller, le réel du crocodile, bien que je n’en aie pas l’expérience, il semblerait que cela soit plus difficile ! L’imaginaire cela se trafique, pas le réel. Entre crocodile et sorcière voilà donc deux figures de mères l’une qui renvoie la mère du côté du réel, du côté Chose maternelle, et l’autre du côté imaginaire, du côté sorcière, c’est du moins mon hypothèse. Le problème est de dégager la mère de ces deux positions et que la seule possibilité c’est, me semble-t-il il, d’en faire une femme. Mais comment ? C’est un peu ces questions qui sous-tendent le travail que je vous propose. Je vais donc ouvrir mon propos du côté de la sorcière. La sorcière, c’est vrai, a une très mauvaise réputation puisqu’on en a fait au cours des temps l’associée du démon, en particulier du temps de l’inquisition où elles étaient brulée vives en place publique .Elle est celle qui détient un savoir secret ,qui n’ est pas connu du commun des mortels , qui donne accès à une jouissance impossible sans son intervention ,une jouissance interdite où la jouissance phallique est toujours convoquée, celle en lien avec le pouvoir, la richesse et bien sûr le sexe au sens trivial du terme mais aussi la jouissance liée à l’ amour et à la haine .Elle est supposée détentrice d’ un savoir qui donne une jouissance qui permettrait au sujet, qui lui en fait la demande, d’ assouvir ses passions . Dans notre mythologie, le risque de faire appel à la sorcière est d’y perdre son âme ; perdre son âme convoque en direct la mort du sujet puisqu’il n’est plus alors maitre de lui-même mais devient l’esclave d’un maitre obscur, le dit démon par les voies de la dite sorcière, quand ce n’est pas le fait du diable lui-même. Elle est celle qui serait détentrice du savoir qui permettrait, pour le dire lacaniennement, la jouissance suprême celle où il pourrait y avoir rapport sexuel. C’est à dire un rapport entre deux humains où la jouissance obtenue serait celle qui est attendue, sans manque et sans reste ,un rapport où la complémentarité serait parfaite faisant de ce rapport ,si il existait , le seul et unique rapport, puisqu’ après il n’y aurait plus rien à attendre .Quand il n’ y a plus rien à attendre le monde devient vide, il n’ y a plus de demande possible puisque celle-ci a été satisfaite. et il n’ a plus de place pour le désir celui qu’ engendre l’ interdit . La sorcière est celle aussi qui transmet aux apprentis sorciers ou sorcières, ses enfants, ses pouvoirs secrets, qui les faisaient, à une époque, être condamnés au même titre que leur sorcière de mère. Elle est la magicienne qui donne des potions pour donner la jouissance attendue à celui qui lui en fait demande mais elle est aussi celle qui jette des sorts qui déterminent la vie de ceux qui en sont les destinataires .Deux versants où sont engagés dans les pouvoirs de la sorcière l’ objet( la potion ) et le signifiant( le sort ) et pour l’ un comme pour l’ autre son savoir est en jeu . Mais toutes les sorcières ne se ressemblent pas, il y a les gentilles et les méchantes. C’est en regardant la sorcière venant de Carcassonne, que m’avaient offerte mes petites filles, que cette métaphore de la sorcière m’est venue. Elle a, cette sorcière carcassonnaise, le pouvoir d’empêcher tous les méchants d’entrer dans la maison. Elle doit pour être « efficace » avoir le regard tourner vers l’entrée de la maison. C’est une gentille .Enfin tout dépend de quel côté de la porte où l’on se trouve ! Le moins que l’on puisse dire c’est que les sorcières, qu’elles soient gentilles ou méchantes, bonnes ou mauvaises ne sont pas castrées ! Ce qui renvoie donc ma sorcière à une position maternelle, au regard de l’enfant, d’avant la castration maternelle. Avec cette difficulté que je relève au passage, c’est que c’est une lecture qui ne peut se faire que dans l’après coup, car pour dire que la sorcière n’est pas castrée il faut avoir une idée de ce que c’est que de l’être. Ajoutons quand même, et je ne voudrai pas faire l’impasse là-dessus, que les histoires de sorcières ne sont plus du tout amusantes quand on les prend au pied de la lettre et que l’on sait qu’en Arabie saoudite une femme c’est fait décapitée en décembre pour pratique de la sorcellerie.

Je m’attarderai maintenant sur cette formulation de Lacan dans le sinthome, en parlant des mères, il dit « il n’y a que des pondeuses particulières ». Je dois dire que je ne raffole pas plus que ça de cette citation, puisqu’il y a un ravalement de la femme parturiente que l’on peut trouver un tant soit peu cavalière et désinvolte. Il avait sans doute des raisons qui étaient siennes de formuler les choses de la sorte, prenons le avec humour et c’est peut-être avec humour qu’il l’a dit. Ce n’est pas la lecture du texte qui nous le dira. Si ce n’est la fin de cette séance qui se conclue un paragraphe plus loin sur ce dire, « Il faut bien rire de temps en temps ».Elle a du moins, cette formulation, l’avantage de dire les choses d’une façon métaphoriques qui les rendent intelligibles. Comme par ailleurs il dit ,dans les phrases qui précédent ,« La seule chose qui permette de supposer La femme c’est que comme Dieu elle soit pondeuse », posant que La femme c’est l’Autre de l’Autre qu’il n’y a pas,( il n’ y a pas d’ Autre de l’ Autre ) avec le même « pondeuse » on peut dire qu’il fait son sort à Dieu. Je ne sais pas si Dieu lui pardonnera le pondeuse peu respectueux à son égard, je m’autorise quant à moi, en me prenant juste un instant pour Dieu, à lui pardonner, d’ autant plus facilement que ce « pondeuse » ne m’est pas étranger. Ce que je retiendrai c’est que chaque mère est particulière et d’ autre part, si ma lecture est correcte, que chaque mère est une variante de La femme dans ce registre de la pondeuse qu’elle est. On pourrait dire que chaque sujet ,dans ce registre , peut faire une lecture singulière de ce que serait Dieu ,s’il existait , aucune n’étant antinomique à une autre, il y en a une infinité qui ne se contredisent pas mais qui s’ ajoute les unes aux autres ,sans que jamais on puisse en trouver une qui serait vraiment la bonne et qui arrêterait l’ infini de l’ énumération par chacun des humains . Comme un enfant n’a été porté que par le ventre d’une seule femme celle qui l’a mise au monde, il peut supposer, le sujet, que cette une femme est La femme, ce qui la met à équivalence avec Dieu. Ce n’est pas la clinique qui le démentira, au regard des rapports que le sujet entretient avec sa mère, en particulier les sujets obsessionnels. La question par ailleurs qu’ouvre le terme de pondeuse c’est de savoir ce que pond la pondeuse en question, un objet ou un signifiant ? Le terme de pondeuse renvoyant à la poule, on est tenté de répondre un objet et donc de faire de la pondeuse une muette. Mais, si mes souvenirs sont bons, bien que je n’ai pas depuis bien longtemps mis les pieds dans un poulailler, après la ponte la poule chante pour annoncer sa performance et caquète quand de l’œuf nait un petit poussin qu’elle protège sous son aile. Mais ajoutons qu’un œuf ne donne un petit poussin que si la dite poule a été fécondé par un coq, sinon l’œuf ne donne rien sinon à être bouloté tel quel par un prédateur. Donc la dite poule ne se retrouve mère que si de l’œuf né un poussin. Comme il se trouve qu’une mère est un être parlant, on pourrait dire, en poussant la métaphore, que la mère caquète comme pondeuse particulière. Elle caquète dans sa lalangue à elle. Arrêtons-nous donc à ce « particulière » avancé par Lacan. L’on pourrait y entendre une certaine ambigüité qui me conviendrait bien. Particulière si on le prend au sens courant du terme veut dire qui est unique, singulière, qui se distingue, qui ne pas être confondu avec aucune autre. C’est ce singulière, unique, que j’ai avancé dans cette variante propre à chaque femme au regard de La femme. Mais en logique « la particulière » c’est la proposition qui fait exception à la règle du pour tous .Et il me semble que pour dire la « pondeuse particulière »que fut sa mère pour un humain, dans le temps de sa pré- histoire où il était un tout petit enfant parlé mais pas encore parlant , les deux acceptions conviennent, qui la fait à la fois unique et exceptionnelle ,sans que ces deux termes se distinguent à un moment où la différence sexuelle n’ est pas encore en jeu pour lui. Ces deux façons de lire le « particulière »avancée par Lacan permettrait de ranger une mère du côté femme et du côté homme de la sexuation. Avec cette aporie c’est que pour qu’elle soit unique il faudra qu’elle perde son caractère d’exception sinon à plonger l’enfant dans la confusion des sexes, celle qui est à l’œuvre, au moins dans le registre symbolique du côté de la psychose. Si, en dehors des moments délirants, un sujet psychotique peut dire qu’il est un homme ou une femme au regard du pénis qu’il a ou n’a pas, quand il s’agit de faire rentrer son être sexué dans le registre symbolique au regard du signifiant phallique et de la jouissance phallique qui en découle et de sa signification c’est une autre paire de manche. Je m’explique. Du côté homme de la sexuation, ce qui est la loi pour tous c’est d’être castré mais il y a une exception à la règle qui la confirme, celle du père réel qui, lui, ne l’est pas. Un qui dit non à la règle du pour tous et c’est ce non du père qui le pose à un moment de l’histoire du sujet, même très bref, comme un être d’exception même si, par ailleurs, il est comme tout le monde pas très brillant voire pas brillant du tout. On va se ranger sous cette bannière. Mais vous voyez, je pense, déjà se dessiner la problématique si la mère versant sorcière n’est pas castrée et reste dans ce registre de l’exception, on pourrait dire finalement qu’un homme et une femme c’est pareil et ceci renverrait la mère dans une fonction de castratrice, de dite mère castratrice. Je m’autorise, avant de poursuivre, à rappeler pour ceux qui débarquent un peu vierge des concepts lacaniens dans ce séminaire, en m’en excusant auprès des autres de ce rappel, que sexe et sexuation ce n’est pas la même chose. La sexuation n’est pas à entendre comme avoir un pénis ou pas, ce qui renvoie au sexe physiologique, celui qui fait dire à sa naissance d’un enfant qu’il est soit une fille ou un garçon, mais qui ne présume pas encore du devenir un homme ou un femme de l’ objet ainsi désigné même si c’est une première tentative langagière d’ en dessiner au minimum les contours. En effet un garçon est plutôt destiné à devenir un homme et une fille une femme si l’un et l’autre arrivent à s’inscrire dans le génie de leur sexe. Ce qui est loin d’être gagné d’avance voire qui ne l’est pas du tout du fait du langage lui même. La sexuation, elle, met en jeu l’être sexué par le signifiant et non par l’ organe , le signifiant phallique et non le pénis .Cette sexuation par ce signifiant permet à chaque humain ,indépendamment du fait qu’il ait ou non un pénis ,de faire le choix du côté où il se rangera dans la sexuation , côté homme ou côté femme ;( cf. le tableau de la sexuation dans Encore p 73) Côté homme, marqué par la présence du signifiant phallique pour dire L’ homme ou côté femme marqué par l’ absence de signifiant pour dire La femme , c’ est cette absence de signifiant qui fait dire à Lacan que La femme n’ existe pas , ce qu’il écrit donc La barré .Ce qui ne veut pas dire, précise-t-il ,que les femmes n’ existent pas , elles existent mais une par une. On pourrait ajouter, au regard de la clinique, que cependant elles n’existent pas toutes, en particulier quand il s’agit de la mélancolie. Le désir de La femme qui n’existe pas mais qui s’incarne dans le corps d’une femme, quand il s’ agit d’une mère , puisque c’ est ici mon sujet , ce désir est orienté , pour une part, par le signifiant phallique où l’ on peut dire qu’ avoir ou être ce signifiant la ferait exister La barréàgrand phi .(Je vous ai raconté ça, me semble-t-il, à propos de Médée où être la femme de Jason la faisait exister comme femme et qu’ à ne plus l’ être on sait le drame que cela produit ). Ceci renvoie à un dire de Lacan quand il s’agit de la mère, au début de son enseignement, lorsqu’il introduit la métaphore paternelle. Il dit : la fonction de la mère c’est son désir où, à ce moment là, le seul désir de la mère comme femme est supposé tout phallique. Quant à la castration, elle n’est pas liée au fait d’avoir ou pas un pénis voire, quand on en a un, au risque qu’il soit réellement coupé ou quand on n’en a pas qu’il pousse ,c’ est quand même un rêve freudien d’ imaginer que les filles désirent voir un pénis leur pousser (psychose mise part) .La castration est aussi symbolique pour les êtres parlant que nous sommes et signe le manque du savoir(S2) qui permettrait de répondre du signifiant qui nous nomme(S1) . En sachant qu’on ne se nomme pas seul (toujours psychose mise à part) ce signifiant qui nous nomme nous vient de l’Autre, de ce tout premier, cet Autre maternel qui nous parle .Pour le dire avec plus d’exactitude il faudrait dire ,en ce qui concerne le sujet de l’inconscient , que celui-ci extrait du discours maternel un signifiant dont il fait son nom car il peut avec celui-ci s’ identifier au père comme homme aimé de la mère .Et ajoutons que cet homme en question n’ est pas forcément son géniteur mais ,pour reprendre une formulation de Lacan dans L’ envers de la psychanalyse , l’ homme dont la mère aurait voulu qu’il soit le père ,qui s’incarne dans un homme vers lequel son désir s’ oriente . Sans cette référence à Un père la question de la nomination symbolique reste particulièrement problématique .Donc dire que le signifiant qui nous nomme nous vient de l’Autre maternel suppose que l’on se penche sur le statut de cet Autre primordial parlant nommant. Je vais donc m’engager sur le versant de la pondeuse qui n’est pas muette, celle qui parle, qui caquète. …

C’était du moins mon intention et ce que j’avais écrit avant l’exposé de Christine Vale de la dernière fois qui est venu bousculer mon ordonnancement et qui m’a offert une ouverture inattendue à partir des réflexions que je me suis faite à propos du cas qu’elle nous a présenté de cette femme enceinte puis mère . Régime donc de la surprise de ce séminaire dont je me saisis, même si cela court-circuite mon propos et n’en fait pas un propos dont la cohérence serait irréprochable mais court circuit qui finalement m’a emmené à trouver un espace pour ouvrir quelques questions. Je vais donc vous les faire ici pour reprendre ensuite quelques points du cas de Christine et vous dire mes questions. Donc cela m’amène à dire quelques mots sur le pas tout phallique de la jouissance féminine, ce au regard de la mère en lien avec son enfant. Ce qu’avance Lacan, c’est que la jouissance d’une femme n’est pas toute phallique, qu’elle a une autre jouissance qui vient en supplément de la jouissance phallique. Jouissance bien à elle, sur laquelle elle ne dit rien, non pas pour la garder secrète mais parce qu’elle ne peut rien dire, parce qu’elle n’en est pas sujet, à entendre comme sujet de l’inconscient. Jouissance qui n’est articulée à aucun savoir pour elle et qui de ce fait ne peut pas faire l’objet d’un discours. Sur ce versant il n’y a pas de caquetage possible, pas de S1 ni de S2 qui pourraient s’articuler dans le champ du langage , champ de l’ Autre .Ceci crée dans ce champ un manque , ce que Lacan écrit A barré et il écrit la jouissance correspondante dans le symbolique , S de A barré dans le tableau de la sexuation , qui se lit aussi signifiant de l’ Autre qui n’ existe pas .Je relève ici encore la difficulté à laquelle je me heurte depuis un bon moment avec ce foutu A barré dont il me semble qu’il veut dire deux choses différentes, d’une part que l’ Autre est divisé et d’ autre part qu’il n’ existe pas , ce qui ne me semble pas pareil .La division opère à partir de deux signifiants dont le « sens double » du deuxième divise le sujet au regard du premier , l’ inexistence dit l’ absence de signifiants . Ceux qui m’ont suivi dans mes élucubrations se souviendront peut-être que pour tenter de lever cette difficulté j’avais introduit le non-Autre. .Je laisse ça en jachère pour l’instant .Donc S de A barré. Le S, le signifiant, qui apparait dans cette écriture est énigmatique, ce n’est pas un S1, un signifiant maitre .Mon hypothèse est que ce signifiant est celui avec lequel pour chaque sujet se pose la vraie énigme, l’énigme insoluble, l’énigme du féminin .Sa fonction est de signaler là où est le vrai trou dans le symbolique mais en même tant de le border. . Ce que je soutiens donc c’est que cette part de jouissance féminine est aussi engagée dans la maternité. Disons le tout de suite ce n’est pas « orthodoxe », mais je soutiens et je signe. Je m’aventure ici sur des chemins peu voire pas balisés même si j’ ai retrouvé des traces ( voire plus )de ce que j’avance sur ce versant dans des articles écrits par des femmes en particulier .(Isabelle Morin , Patricia Léon , Pascale Duhamel, Thérèse Charrier ..) Si le désir d’une femme, quand elle consent à l’être, c.à.d. quand elle se range du côté femme de la sexuation, est divisé par l’appel de ces deux jouissances l’une phallique et l’autre pas , l’on ne voit pas pourquoi une femme en devenir d’être mère, puis l’étant, n’engagerait pas ces deux désirs et ces deux modes de jouir, si ce n’est le refus de l’homme, voire de la femme elle-même, qu’il en soit autrement. Refus qui suivant le mode d’assujettissement relèverait donc de la dénégation, du déni ou de la forclusion. Refus du côté de l’homme parce qu’ en tant que tel il en est exclut. Sur cette jouissance il n’a pas de prise , ce qui pourrait lui laisser penser qu’une femme est ingouvernable, ce en quoi il n’ a pas tout à fait tord puisqu’une femme ,quand elle se range du côté femme, n’est gouvernable qu’ en partie .Mais cela ne veut pas dire que ce soit l’ autre partie qui va gouverner l’ homme puisque c’ est la partie qui échappe à la fonction phallique à partir de laquelle l’ on gouverne ou du moins qu’on en a la prétention ; Je dirai que c’ est sur ce versant, du côté femme que je situerai ce que j’ appellerai le mystère de l’ amour . Si un homme ou une femme peut dire pourquoi il aime son partenaire ou un humain quel qu’il soit, il y a toujours une part qui échappe au dire qui fait énigme qui convoque me semble-t-il le féminin de l’autre qui met en jeu donc cette autre jouissance. Alors c’est quand même à ce désir d’une femme de cette autre jouissance, qui s’inscrit dans sa potentialité d’être mère à l’orée de sa féminité, auquel un homme doit consentir quand il couche avec elle et qui ne le met jamais à l’ abri d’être père. Ne pas y consentir c’est refusé à une femme ce qui justement la ferait femme unique dans le regard d’un homme, ce pour quoi il l’aime au-delà d’un dire, disons rationnellement justifiable. Et dans le désir d’enfant d’une femme il y a justement cette part qui manque du rationnellement justifiable, en lien avec le féminin de son être femme. Refus aussi du côté des femmes qui peuvent donc faire rentrer leur désir d’être mère du seul côté phallique, parce qu’elles ne savent pas où cela peut les mener de consentir à cette autre jouissance, puisque personne n’est là pour le leur dire si ce n’est, si elles y consentent, à prendre appui sur le féminin singulier de leurs mères. (Et non la féminité qui est phallique, qui met en jeu la parade des femmes supposée les rendre désirables et met justement un voile sur cette part de féminin qui n’est qu’à elle) .C’est cela que j’avance qui n’est pas très catholique. Et si je peux l’avancer c’est grâce au travail de Lacan dont je dois dire que dans ce registre, en particulier, il force mon admiration parce c’était un homme et pourtant ! Donc pour qu’une femme puisse consentir au féminin il lui faut un appui, le féminin singulier de sa mère. Cette part du féminin singulier d’une mère sur laquelle sa fille peut prendre appui pour consentir à cette part de jouissance féminine ne passe pas par des mots, mais elle s’est donné à voir, même si elle ne le sait pas et surtout ne veut pas le savoir, du moins avant de faire une analyse où elle le découvre. Va alors émerger un signifiant, le S en question qui va venir border l’abime du féminin ouvert dans le symbolique. Et l’on peut dire qu’il y a autant de S que de femme singulière, signifiant qui n’est pas de parade. C’est un signifiant que je dirai poétique. Avec le féminin d’une femme on ne peut faire que de la poésie. Il en va de même pour un homme qui peut, de ce fait assumer, la part de féminin qui aussi est la sienne, s’il y consent, et l’allège du tout phallique encombrant et dieu sait que ça l’ encombre. Il peut aussi la loger chez une femme ou aussi bien chez un homme, puisque, pour reprendre une formule chère à certain, un homme est une femme comme les autres .Il fait alors de cet humain singulier son symptôme, symptôme du féminin de son être. Alors sortons de la poésie et revenons aux femmes enceintes. Ce que l’on voit en ce moment et ce n’ est pas d’hier mais cela s’ accentue ,me semble-t-il ,de plus en plus , et me fait retour dans mon cabinet par différentes femmes, c’est comment le ventre des femmes enceintes est sous la haute surveillance du pouvoir médical, du tout savoir du pouvoir médical, qui, souvent par la voie de sages-femmes , leur explique, à ces femmes, tout de ce qui leur arrive et va leur arriver, au point parfois de les angoisser, ne supportant pas qu’une part de ce qui arrive à une femme échappe à leur discours. Tout doit être sous contrôle. Mais si elles écoutent les femmes, quand l’angoisse n’est pas au rendez vous, c’est souvent avec une oreille qui peut facilement se laisser distraire, justement par cette autre jouissance qui est en jeu pour elles et dont tous ces discours ne peuvent pas rendre compte, qui ne rentrent dans aucune des cases qu’on leur propose et qui leur échappent à elles mêmes mais dont elles savent qu’elles la ressentent. Et, tranquilles, l’oreille distraite elles se caressent le ventre, prise par cette autre jouissance qui ne peut pas se dire mais qui se donne à voir, sans même qu’elles s’en rendent compte et qui les rend béates quand elles en perdent totalement l’oreille. .C’ est un geste , ce caressement du ventre , qui reste familier à nombre de femmes , me semble-t-il ,quand elles s’ absentent de la jouissance phallique voire qu’elles aiment qu’un autre fasse pour elle . Et il faut dire que c’est assez peu propice comme moment pour mettre au travail l’inconscient, car ça les rend plutôt muettes, barrées qu’elles sont dans un ailleurs où l’inconscient, l’inconscient comme savoir, ne peut pas se loger. Moment où elles ne pensent à rien, où l’Autre de la parlotte n’est pas convoqué puisqu’ici de l’impensable est à l’œuvre. Rien à voir, on s’en doute, avec le se frotter la panse de contentement, lié au remplissage, qui dit que plus ce serait trop, qui donne un air plutôt bête. Je dirai d’une façon lapidaire que les hommes se frottent la panse voire se tapent dessus, les femmes se caressent le ventre qu’elles soient enceintes ou non, mais geste que la maternité révèle , donne à voir mais sur un mode où l’ obscénité n’ est pas convoquée, si ce n’ est pas le cas dans le se frotter la panse ; Peut-on renvoyer l’un, se frotter la panse du côté pulsionnel et l’autre, se caresser le ventre sur un versant où la pulsion ne serait pas en jeu ? Si la jouissance est au rendez vous dans les deux cas, ce n’est pas la même. Je pense que dans un cas la pulsion de mort est à l’œuvre, ceci en lien avec l’objet a, comme elle peut l’être dans la grossesse bien sûr, dans l’autre c’est la pulsion de vie qui est au rendez vous, qui elle ne met pas en jeu l’objet, qui serait dans un au-delà de l’objet pour reprendre une formulation d’Isabelle Morin. Si par ailleurs Lacan dit que le principe de plaisir est la coalescence entre S de A barré et a , ce n’est pas non plus dans ce registre que nous sommes. Je laisse donc la question ouverte. Alors continuons juste un instant, parce que l’argument que j’attends c’est que le caressement de son ventre par une femme, quand elle est enceinte, serait un geste de protection du bébé voire la manifestation d’un narcissisme victorieux qui se donnerait à voir qui la ferrait reine, ce qui n’est pas du tout exclue loin s’en faut. Mais ce caressement n’a rien à voir. Rien à voir et mettez vos lunettes, le geste de protection par exemple s’effectue avec les deux mains le plus souvent , sans caressement justement et là la femme est très présente et s’oppose à une agression réelle ou supposée venant de l’extérieur qui pourrait perturber son petit dont elle assure la réelle couvade .Peut être que là justement le principe de plaisir ,dont la grossesse serait une métaphore dans sa mise en œuvre dans le réel, pas dans le semblant , serait menacé. Dans le caressement de son ventre, la femme comme sujet n’est pas présente mais, comme je le disais plus haut, dans un état qui renvoie à la béatitude. Pourrait-on à partir de là parler d’un auto- érotisme féminin, un auto-érotisme non phallique ?( et par extension à un érotisme féminin quand il fait appel à un partenaire) ).Lacan convoque l’idiotie dans la masturbation, puisqu’il la qualifie de « jouissance de l’idiot »(Encore), ce du côté de l’auto érotisme masculin, qui n’est pas le seul fait des hommes mais celui des femmes tout aussi bien puisqu’ elles se rangent aussi du côté homme de la sexuation comme sujet parlant, donc régime de l’idiotie du côté de la masturbation où le fantasme est toujours convoqué. Sous quel signifiant ranger l’auto- érotisme féminin où le fantasme est absent ? Peut-être que justement il n’y en a pas qui conviendrait, pas de qualificatif pour le dire puisque dés qu’on utilise un signifiant on tombe sur une définition qui renvoie à du phallique .Bon on va en essayer quand même. Celui de ravissement avec la connotation d’extase, de béatitude, qui convoque la joie ; « joie spacieuse », signifiant que je pense avoir lu sous la plume d’Isabelle Morin aussi, me conviendrait bien. L’auto- érotisme masturbatoire masculin, qu’il soit le fait d’un homme ou d’une femme, convoque la tristesse et autre sentiment du genre, dont le dégoût par exemple de soi même. L’auto érotisme féminin ne convoquerait-il pas plutôt la joie et je dirai un certain goût pour soi même qui n’est pas de l’ordre de ce qu’il est convenu d’appeler narcissisme avec la connotation négative que cela comporte ? L’un, l’auto érotisme masculin, convoque l’orgasme avec la finitude que cela comporte, marqué du sceaux de la culpabilité et de la mort. L’autre, l’auto-érotisme féminin ne convoque ni l’orgasme, ni la finitude ni la culpabilité mais juste le vivant, le vivant de l’humain, l’amour du vivant de l’humain qui s’ouvre sur l’infinie. Un sacré différence quand même. Ajoutons cette remarque. Dans la séance de son séminaire le Sinthome du 16 mars 1976 dont je suis partie, Lacan, fait référence à un film, alors censuré en France, « L’empire des sens ». Il y parle alors de l’érotisme féminin qu’il dit être mis en scène par l’héroïne de ce film. Et il articule cet érotisme féminin à un fantasme celui de vouloir tuer l’homme. Si vous avez vu le film vous avez pu en effet constater que le pauvre homme, que je trouve en effet plus à plaindre qu’a envié, mais je ne suis pas un homme ,mais, pour avoir quelque retour de ce que ce genre de rencontre provoque chez un homme, on ne peut pas dire que cela le laisse indemne .Donc cet homme , consentant par ailleurs, est tellement sollicité ici par la femme du côté de l’organe que finalement il consent à mourir et l’héroïne après lui coupe la queue et sombre dans la folie. Où l’on voit là que la jouissance phallique se joue ici dans le réel celle de l’organe et n’est accrochée de ce fait à aucune signification phallique où le NDP viendrait la métaphoriser et lui donnerait une inscription sociale. Ici au contraire elle désocialise l’homme au point qu’il en meure, ce qui la manière la plus radicale et sans retour d’être désocialiser et plonge donc la femme en question dans l’abime de la folie, autre forme de désocialisation aussi. Ce qu’il me semble , c’est qu’il s’agit là d’une mise à ciel ouvert de quelque chose d’hystérique, donc si c’ est à ciel ouvert ce n’ est pas hystérique mais psychotique, qui ne renvoie pas pour moi à ce que j’appellerai l’érotisme féminin tel que je viens de le décrire .Je dirai plutôt que c’est de l’érotisme féministe, ici délirant , et non pas féminin , pour suivre Lacan lui même dans son enseignement . Et c’ est bien d’ avoir réellement le pénis de l’ homme entre les mains, qu’elle brandit après lui avoir coupé, , qu’elle se retrouve et pas avec un signifiant venant de lui qui l’aurait nommé comme étant sa femme , qui comme femme l’ aurait fait exister dans le social . Si l’érotisme féminin met de côté la jouissance phallique, s’en absente, est-ce sous tendu par un fantasme de tuer l’homme ? Cela, à vrai dire me semble plus un fantasme d’homme que de femme justement voire de femme qui fait l’homme, c’est à dire hystérique, puisque l’érotisme féminin ne convoque pas le fantasme, ne convoque aucun fantasme. S’il y a une mise de côté de la jouissance phallique, jouissance dont le film montre réellement les impasses mortifères sans une référence au NDP, la jouissance féminine elle est un appel au vivant, elle convoque ce lieu vide où un nouveau vivant peut prendre racine sans être marqué d’avance par le tout signifiant qui le virtualise. Donc dire que le ventre d’une femme soit métaphoriquement et réellement ce lieu où la pulsion de vie est convoquée me semble plus que soutenable mais à condition, c’est bien là le problème, que la pulsion de mort n’y ait pas fait trop de ravage et de pouvoir dégager ce lieu de l’emprise du tout phallique, ce à quoi une analyse peut conduire. On n’est pas sans penser, du côté de la pulsion de mort qui peut être au rendez vous en ce lieu, à l’homme aux loups et à son symptôme de constipation où l’objet pulsionnel anal gît dans ce lieu et jette sur son monde un voile qui l’obscurcit, qui le renvoie aux ténèbres, pour reprendre ses signifiants, et où c’est bien la mort qui est au rendez vous .Que dit l’HL ? C’est qu’une fois l’objet anal réellement dégagé de ce lieu, à ce moment là son monde s’éclaire, il se remet à voir. En dehors de l’analyse que peut en faire Freud, ne pourrait-on pas dire que ce lieu vide lui permet de reprendre pied dans la vie, d’accueillir le vivant qu’il est ? Que l’objet anal dégagé, la pulsion de vie reprend ses droits ? Du côté de ce lieu, qui peut être ravagé par le tout phallique, ça ne manque pas du côté des femmes, qui en témoignent chacune à leur façon. Cela peut le faire désigner comme lieu de la « putasserie » pour le dire en clair, lieu porteur de mort et non de vie .Et c’est sans doute à le dégager de ces signifiants dont il fut marqué qu’il peut retrouver toute sa noblesse, lieu pour accueillir un nouveau vivant. Cela permet à tout sujet quand il est devenu parlant de s’accueillir lui-même comme vivant, au Nom d’une femme et non plus au Nom du père ou pas seulement au NDP puisque le NDP on est toujours appeler à s’en servir, à défaut d’y croire, pour fonctionner dans le social. Je ne dis pas au nom de La femme qui ferait ici virer à un mysticisme, à la mode jungienne, mais au Nom d’une femme. La une femme en question étant la mère du sujet où le signifiant S nomme le féminin singulier de celle-ci, signifiant qui fait le sujet héritier de cette part de féminin qu’il doit à sa femme de mère pas toute phallique.

Alors puisque j’ai introduit le caressement de son ventre par une femme comme une forme de l’auto-érotisme féminin, et par extension ce qui relève de la caresse, mais aussi de l’érotisme féminin, pas forcément auto, quand un partenaire est convoqué, poussons encore un peu plus loin .Si bien sûr une mère parle à son petit enfant, le parle, le nourrit, lui prodigue ses soins etc. là-dessus pas de problème, elle ne fait pas que ça .Elle le berce, le caresse. Elle érotise réellement son corps de ce fait. Ma question est donc de savoir si les caresses de sa mère à son tout petit enfant ne sont pas justement ce qui l’initie possiblement à une jouissance qui ne sera pas toute phallique, à une autre jouissance, la jouissance féminine, une jouissance supplémentaire à la jouissance phallique. Avec ses caresses on pourrait dire qu’elle fait du corps de l’enfant un enclos vide de signifiants, qu’elle en borde réellement les contours pour accueillir le vivant qu’il est lui-même. Elle lui ouvre de la sorte le chemin pour avoir accès à cette autre jouissance quand il sera parlant et arme son corps de la pulsion de vie. La question étant de savoir comment opère le sujet pour dégager cette jouissance, d’une jouissance qui serait dans son fondement autistique, en lien direct avec La chose ? C’est, me semble-t-il , comme je l’ai déjà suggéré de pouvoir dire un bout de réel avec ce signifiant poétique qui vient nommer pour un sujet le féminin de sa mère , qui est aussi son héritage mais un héritage sans savoir associé . Alors j’ai été recherché chez quelques femmes, autre que moi-même, à quoi pouvait être rattaché ce signifiant au regard de la mère, comment il pouvait s’énoncer. Pascale Duhamel en donne trois, dits par trois femmes différentes, en fin de cure et qui signe leur réconciliation avec leur mère par l’accueil qu’elles peuvent faire alors du féminin de leur mère. Pour l’une c’est « son beau sourire », pour l’autre « sa beauté » et la troisième « son parfum ».(Du ravage au rivage :essai sur le masochisme féminin colloque d’ Ajaccio 26 et 27 Mai 2007 Pas-toutes les femmes ). Dans les deux articles que Thérèse Charrier a écrit sur la jeune homosexuelle de Freud , dont je vous recommande vivement la lecture ( revue PSYCHANALYSE 8 et 13 ), d’une façon remarquable on retrouve les trois , beauté et parfum d’une femme , des femmes et ,surprenant, le sourire de Freud quand elle a envers lui la première fois qu’elle le rencontre le même geste qu’elle a avec sa mère , celui de lui baiser la main , sourire qu’il lui fait alors en retour de ce geste . Sourire qu’elle attend encore d’une femme, sa mère, sourire pour l’accueillir comme vivante ? Thérèse y lit dans ce sourire le « pas tout père » de Freud, à ce seul et unique instant qui inaugure ce qui aurait pu être une cure et ne le fut pas. Sourire où s’inscrit le féminin singulier de Freud, prélevé chez sa mère peut-on penser, mais ça l’histoire ne le dit pas. De « ça » Freud ne veut surtout rien en savoir, chez lui donc chez elle, chez les femmes, ce dit, par lui, continent noir du féminin d’une femme .Continent inexploré parce qu’inexplorable par le tout phallique qui ne peut pas en rendre compte et le verse du côté du réel. Au sujet du parfum, de l’ odeur Thérèse ouvre des questions à propos de cette jeune homosexuelle, Sidonie Csillag , parfum qui vient à la jointure du féminin de la mère qui ,me semble-t-il ,n’ est pas de l’ ordre d’un l’objet a ,qui n’ est pas un objet pulsionnel via la pulsion de mort mais lui ouvre un désir orienté par le féminin d’une femme, ce qui la maintient en vie, même si c’ est une vie bien difficile qui se fonde sur le fait d’avoir été très négligée par sa mère , de ne pas avoir été aimée par elle. N’est ce pas son beau sourire, sa beauté, son odeur, son parfum … ce petit quelque chose en plus ,qui n’est ni son regard ni sa voix ,ni l’ objet oral ou anal , qui peut se décliner sous différentes formes suivant l’inspiration poétique de chacun et qui s’associe au caressement, au bercement , d’un enfant par sa mère ,en dehors de toutes paroles, qui pourra faire signifiant nouveau pour border le féminin d’une femme dans l’après coup de son consentement à être sujet de la parole et lui permettra d’ accueillir le vivant qu’il est , au Nom d’une femme ? Dans l’après coup, car cela n’est possible que si cette mère peut être repérer comme femme et pas n’importe laquelle, la femme d’un homme, le dit père, ce qui n’est possible que si la mère s’est repéré elle même d’origine comme étant celle-ci. C’est ce qui va le faire causer le petit d’homme. Ceci fait de cette autre jouissance, une jouissance dont la vocation n’est pas d’être autistique, même si elle peut l’être et s’il m’est arrivé de me poser la question de savoir si elle ne l’était pas toujours. Et j’ajouterai que de ce fait le réel n’est donc pas tout orienté vers la mort, s’il l’est aussi, mais il est aussi orienté par l’infini du vivant, l’amour du vivant sans raison, c’ est à dire pas tout orienté par la question du père qui lui en marque la finitude . Je ne sais pas encore comment on pourra à partir de cela réintroduire le moi réel dont Emmanuel nous a entretenu lors de sa dernière intervention mais il me semble que cela doit bien avoir quelque chose à voir.

Après ce petit morceau de bravoure, revenons à cette femme dont Christine Vale nous a entretenus la dernière fois. Voilà une femme dont on pourrait dire que d’une certaine façon elle n’est pas passé du sexe à la sexuation si ce n’est à incarner réellement La femme qui n’existe pas. Il n’y a pas de flèche entre La barré et phi. Ce qui veut dire que du côté de la fonction phallique par la mise en fonction d’un père, il y a un raté, un raté tel qu’ici on n’ en entend même pas parler du père , pas une fois dans ce que nous a relaté Christine il n’ est question de lui .( Ce qu’elle confirme, jamais elle ne lui a parlé de son père ). Cette femme est sans arrêt en recherche d’un savoir venant de L’Autre, d’un Autre maternel, qui se doit pour elle d’être incarné et qui se multiplie au hasard des rencontres avec les autres femmes. Si ça la rassure un peu, c’ est toujours à refaire, ceci faute d’ un inconscient qui serait à elle, sur lequel elle pourrait prendre appui .Elle prend alors appui sur l’ inconscient des autres, appui instable puisqu’il varie d’ une femme à l’ autre, d’un sujet à l’ autre . Donc pas de bordage du côté du phallus qui lui permettrait une orientation de son désir et de sa jouissance sur un mode stabilisant, c’est à dire symptomatique. Enceinte elle est alors en proie à la panique, ce qui me semble être bien au-delà de l’angoisse évoquée par nombre de femmes, en particulier quand elles sont enceintes pour la première fois, mais angoisse qui s’articule à leur fantasme et qui peut les mener jusqu’à ne pas vouloir d’enfant. En effet ce qui les angoisse sans qu’elles le sachent , c’est que le bébé qui va naitre corresponde à l’objet de leur fantasme, que la maternité dévoile d’une façon un peu abrupte si ce n’ est sauvage, mais c’est ce qui fait aussi que l’inconscient chez une femme est beaucoup moins barricadé que chez un homme ,du fait ,me semble-t-il, de leur potentialité à être mère, qu’elle choisisse de l’être ou pas. En effet cette potentialité remet en jeu l’objet fantasmatique dont on suppose qu’il fut celui dont on a occupé la place pour l’ Autre , celui que d’une certaine façon on a incarné, pour reprendre une formulation de Lacan, sans qu’on le sache du côté de la névrose plutôt à ciel ouvert dans la psychose comme c’ est le cas ici .Ou telle cette femme ,dans le registre mélancolique, qui ne voulait pas être enceinte et qui avait cette image de la grossesse qui effectivement ne donnait pas très envie de l’être. Elle parlait du bébé potentiel, comme un ver dans une belle pomme qui la ronge de l’intérieur. Position d’asticot pas très ragoutant, qui était sa position à elle comme objet, la façon dont elle se vivait réellement dans le monde et qui la faisait rougir de honte chaque fois qu’on lui adressait la parole, alors qu’elle travaillait derrière un guichet. C’est ce qu’elle se supposait avoir été comme objet pour sa mère, ce qui pour elle n’était pas en fait de l’ordre de la supposition mais de la certitude. Elle voulait un enfant qui soit bien d’elle, pas adopté, mais pas être enceinte, ce qui était plutôt insoluble comme problème, bien que la science nous fasse aujourd’hui frémir d’en ouvrir la folle possibilité. Pour la jeune femme dont nous a parlé Christine, est-ce alors l’appel de la jouissance féminine qui s’ouvre en abime pour elle qui provoque sa panique ? En effet son désir de femme, n’est pas bordé d’un côté par le phallus pour s’y raccrocher, ce à quoi ces femmes pouvaient se raccrocher le temps qu’elles étaient enceintes, avant l’existence de l’échographie, puisque l’espoir, voire la certitude d’avoir un garçon pouvait venir les phalliciser réellement, à défaut de l’être imaginairement et symboliquement par un enfant qu’il soit une fille ou un garçon. Mais cette femme sait qu’elle attend une fille. C’est une question que l’on est en droit de se poser au regard de ce qu’elle dit de sa mère dont on peut se demander si en dehors d’être sa génitrice celle-ci fut une femme particulière dans le sens d’être unique ,si elle fut exceptionnelle dans le sens où elle ne renonçait pas à sa jouissance d’alcoolique , mère jouisseuse s’il en est , au point d’ en mourir quand cette jeune femme avait 5ans ; jouissance que sa fille, semble-t-il, reprend à son compte à un moment de son histoire mais pas lorsqu’il est question d’ être mère. La mère de cette femme renonce de ce fait réellement à sa position de bonne sorcière dont il semble qu’elle n’ a jamais occupé la place pour rester fixer dans l’imaginaire de sa fille en position de mauvaise sorcière , de mauvaise mère comme elle a réellement peur de l’ être elle-même , celle qui la prive réellement du savoir d’être une bonne mère, un mère aimable . Pas ici d’ambivalence, d’hainamoration pour reprendre le terme lacanien, au regard de sa mère pour cette femme. Donc je reprends ma question sachant qu’elle attend une fille, son désir d’être mère ne peut pas se phalliciser réellement par l’enfant qu’elle attend et n’est ce pas une jouissance toute féminine qui s’ouvrirait devant elle comme un gouffre sans fond sans aucun signifiant, S, qui viendrait le border ? Une jouissance dont elle est n’est pas armée pour en répondre ? Mais le signifiant « bassin » va émerger deux mois avant la naissance de sa fille et après la naissance de celle ci, prélevé chez une femme sa nourrice. A un moment où la mort était au rendez- vous pour cette nourrice et elle, un accident de voiture, celui-ci s’est soldé par une fracture du bassin de la nourrice qui la laissera handicapée à vie, insiste-elle à dire. Elle n’a rien eu, elle en est sortie vivante et entière .On pourrait dire que cet accident de voiture est une métaphore délirante de l’accouchement, qui pour elle fut un réel traumatisme, un choc dit-telle .Ensuite cette femme a la certitude qu’elle a une fracture du bassin après son accouchement, ce que le médecin, devenant alors son persécuteur, refuse de vérifier. S’il l’avait vérifié on se demande d’ ailleurs si ce n’aurait pas été pire puisque sans aucun doute il n’aurait rien trouvé. Avoir un persécuteur dans ce registre cela fait réellement exister l’Autre c’est mieux que rien. Ce qui est en jeu de ce côté c’est une forclusion du NDP qui s’affiche sous un mode que l’on pourrait dire être une forclusion de fait du NDP comme Lacan l’avance pour Joyce, face à un père radicalement carrent. Voyons la suite. Son identification à sa fille est réelle, sa fille c’est elle, que l’on peut lire me semble-t-il dans cette phrase qu’elle dit « elle (la jeune femme) ne supporterait pas d’être dans le noir. Elle a peur que sa fille se sente abandonnée ». Avoir une fracture du bassin lui permettrait au minimum de s’en différentier en s’en faisant la mère nourrice, en s’identifiant réellement à sa nourrice et donnerait donc à sa fille une chance de s’en sortir vivante comme me le faisait remarquer Emmanuel. La question reste ouverte de savoir si le bassin fracturé renverrait à une réelle castration du côté phallique ou a un signifiant « féminin » un signifiant pour border le manque dans l’ Autre et c’ est bien les embrouilles de la psychose .Quoiqu’il en soit ce signifiant bassin fracturé vient faire bord à minima à une jouissance sans limite et la localise dans le corps sur le fameux bassin, haut lieu de l’ enclos de la maternité , qui borde d’un côté réellement le vide . C’est ce qui m’a fait pensé qu’il pourrait renvoyer au signifiant de S de A barré, mais qui fait ici retour dans le réel du corps et mettrait en jeu un autre type de forclusion, celle en lien avec le Nom d’une femme. Signifiant de l’Autre qui n’existe pas pour dire cette femme singulière que serait une mère pour elle et dont elle se fait réellement l’héritière, femme que l’on pourrait alors nommer « la femme au bassin fracturé », ce qui la distingue de toutes les autres. Signifiant qui ne délivre aucun savoir quant à ce que c’est qu’être une femme mais dit simplement qu’elle en est une comme sa mère nourrice par ce trait prélevé sur elle, ici de façon délirante . Du côté de la poésie c’est vrai que l’on peut mieux faire ! Une façon en somme délirante de faire avec la jouissance féminine engagé dans la maternité puisque rien ne lui permet de s’accrocher d’une façon symptomatique du côté homme de la sexuation si ce n’est, quand on est une femme d’être phalliquement « handicapée à vie », réellement castrée.